Passionné(e) de lecture ? Inscrivez-vous gratuitement ou connectez-vous pour rejoindre la communauté et bénéficier de toutes les fonctionnalités du site !  

Les silences des pères

Couverture du livre « Les silences des pères » de Rachid Benzine aux éditions Seuil
  • Date de parution :
  • Editeur : Seuil
  • EAN : 9782021477764
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

Un fils apprend au téléphone le décès de son père. Ils s'étaient éloignés : un malentendu, des drames puis des non-dits, et la distance désormais infranchissable.
Maintenant que l'absence a remplacé le silence, le fils revient à Trappes, le quartier de son enfance, pour veiller avec ses soeurs... Voir plus

Un fils apprend au téléphone le décès de son père. Ils s'étaient éloignés : un malentendu, des drames puis des non-dits, et la distance désormais infranchissable.
Maintenant que l'absence a remplacé le silence, le fils revient à Trappes, le quartier de son enfance, pour veiller avec ses soeurs la dépouille du défunt et trier ses affaires. Tandis qu'il débarrasse l'appartement, il découvre une enveloppe épaisse contenant quantité de cassettes audio, chacune datée et portant un nom de lieu. Il en écoute une et entend la voix de son père qui s'adresse à son propre père resté au Maroc. Il y raconte sa vie en France, année après année. Notre narrateur décide alors de partir sur les traces de ce taiseux dont la voix semble comme resurgir du passé. Le nord de la France, les mines de charbon des Trente Glorieuses, les usines d'Aubervilliers et de Besançon, les maraîchages et les camps de harkis en Camargue : le fils entend l'histoire de son père et le sens de ses silences.

Donner votre avis

Avis (23)

  • Qu’est-ce qui peut expliquer un tel silence, justifier toutes ces années de mutisme qui mettaient tellement en colère Amine ?

    Ne trouvant pas de réponse à cette question, le jeune homme quitte sa famille plein d’amertume pour voler de ses propres ailes, entre au conservatoire, part faire des...
    Voir plus

    Qu’est-ce qui peut expliquer un tel silence, justifier toutes ces années de mutisme qui mettaient tellement en colère Amine ?

    Ne trouvant pas de réponse à cette question, le jeune homme quitte sa famille plein d’amertume pour voler de ses propres ailes, entre au conservatoire, part faire des études de musique aux Etats-Unis et devient un grand pianiste.

    Mais quand, 22 ans plus tard, son père décède, il laisse de côté ses concerts pour partir sur les traces de cet homme dont il ne sait rien.

    Au fil des rencontres avec ses complices d’autrefois, il reconstitue sa vie depuis son arrivée du Maroc jusqu’à sa mort à Trappes. Et avec le parcours de cet immigré arabe, c’est toute l’histoire de l’immigration des Trente Glorieuses que retrace Rachid Benzine dans ce beau roman social.

    Il nous dévoile un parcours tortueux qui le conduisit à travers toute la France au fil des emplois. Gueule noire dans les mines de charbons, gueule grise dans les cimenteries, travailleur à la chaîne en usine ou ouvrier agricole dans des fermes, cet homme mélomane et syndicaliste, a vécu mille vies de misère mais a aussi connu l’amitié et l’amour.

    Lorsqu’il fonda finalement une famille, le silence fut son choix. Celui de ne pas raconter, de ne pas faire porter à ses enfants un fardeau de rancœur qui aurait entravé leur vie et les aurait entraînés dans une révolte destructrice. Car si son exil fut une malédiction, il se refusa de parler du sacrifice qu’il fit en toute conscience, afin de préserver leurs chances de réussite.

    Avec ce voyage de mémoire, Amine comprend que ce qu’il prenait pour de la lâcheté, du renoncement, était un cadeau que ce père leur faisait à eux, les enfants de la deuxième génération.

    Dans son roman, Rachid Benzine, comme Milan Kundera, raconte sans juger, sans analyser, juste pour dire : voilà, cela s’est passé comme ça, faites-vous votre propre idée, il n’y a pas de morale autre que la votre. Tout ce que j’aime.
    Je ne peux que recommander ce roman sensible et tout à fait passionnant.

    thumb_up J'aime comment Réagir (0)
  • Un roman qui traite de la relation père/fils et des non-dits familiaux. Plus généralement, c'est la figure des parents à qui Rachid Benzine rend hommage car leur passé est presque gommé par leurs enfants.
    Le narrateur découvre son père après sa mort et part sur les traces de son passé grâce...
    Voir plus

    Un roman qui traite de la relation père/fils et des non-dits familiaux. Plus généralement, c'est la figure des parents à qui Rachid Benzine rend hommage car leur passé est presque gommé par leurs enfants.
    Le narrateur découvre son père après sa mort et part sur les traces de son passé grâce aux cassettes qu'ils a retrouvées.
    C'est aussi un bel hommage aux immigrés maghrébins venus en France pour se construire un avenir meilleur et donner une chance à leurs familles. Un roman sur la filiation et les relations qui aurait mérité quelques pages de plus car on aurait aimé mieux connaitre les personnages.

    thumb_up J'aime comment Réagir (0)
  • Très belle découverte que la plume de Rachid Benzine. Ce roman m'a plongée au coeur d'une histoire familiale complexe, empreinte d'incompréhension et de non-dits. le narrateur, un fils éloigné de son père, est confronté à la mort de ce dernier et à la distance qui les a séparés au fil des...
    Voir plus

    Très belle découverte que la plume de Rachid Benzine. Ce roman m'a plongée au coeur d'une histoire familiale complexe, empreinte d'incompréhension et de non-dits. le narrateur, un fils éloigné de son père, est confronté à la mort de ce dernier et à la distance qui les a séparés au fil des années. C'est à travers la découverte de cassettes audio laissées par son père, où celui-ci se confie à son propre père resté au Maroc, que le fils va tenter de mieux comprendre celui qui était autrefois un mystère pour lui.

    Au fur et à mesure de l'écoute des enregistrements, le narrateur va voyager dans le passé de son père, parcourant les lieux qui ont marqué sa vie et découvrant les épreuves qu'il a dû traverser. Des mines de charbon du nord de la France aux usines d'Aubervilliers et de Besançon, en passant par les maraîchages et les camps de harkis en Camargue, le fils plonge dans l'histoire d'un homme marqué par la migration et le déracinement.

    Grâce à ces récits, le narrateur se rapproche de son père, comprend ses silences et appréhende enfin la complexité de son histoire. Les mots qui résonnent à travers les cassettes permettent au fils de se réconcilier avec un passé douloureux, de faire la paix avec un père dont il ignorait tant de choses.

    A travers cette quête initiatique et introspective, Rachid Benzine nous offre une réflexion profonde sur la transmission, les liens familiaux et les non-dits qui peuvent briser une relation. "Les silences des pères" m'a rappelé l'importance de l'écoute, de la compréhension et de la réconciliation pour surmonter les barrières qui nous séparent de nos proches. Ce roman, c'est une ode à la mémoire et à la réconciliation. Il m'a fait réfléchir sur mes propres silences et sur l'importance de les briser pour mieux comprendre ceux qui m'entourent. Une lecture bouleversante.

    thumb_up J'aime comment Réagir (0)
  • Hasard ou pas, je finis l'après midi même ce livre qui m'a bouleversée au plus profond de moi, à la Grande Librairie Rachida Brakni parle du silence de son père et je participe à un atelier poésie sur le thème des racines !
    Non, bien sûr, ce n'est pas un hasard, le sujet est à la fois...
    Voir plus

    Hasard ou pas, je finis l'après midi même ce livre qui m'a bouleversée au plus profond de moi, à la Grande Librairie Rachida Brakni parle du silence de son père et je participe à un atelier poésie sur le thème des racines !
    Non, bien sûr, ce n'est pas un hasard, le sujet est à la fois actuellement brûlant et extrêmement personnel.
    L’éloignement des enfants est bien souvent salutaire pour leur propre survie mais le mutisme des parents immigrés un poids de plus dans la vie de la famille.
    Pourquoi taire ce qui a fait une vie, des vies, l’avenir des enfants, et la survie parfois car il n'y avait pas d'autre choix. Poussés par la famille ou par une envie propre, on ne part pas de son pays, on ne laisse pas son pays, quel qu’il soit sans raison et sans y laisser une part de sa raison.
    Les moyens de communication entre ici et là-bas ont bien évolué et les lettres ont été remplacées par le magnétophone et les cassettes ; Jamais je n'avais pensé à ce moyen pour garder des liens de proximité : le silence chez nous était plutôt dû à l'illettrisme sans autre recours possible que l’écrivain public... trop cher !!
    Entendre la voix de son père, ce père qui était presque muet est un choc pour Amine, pianiste reconnu dont la vie s'est faite ailleurs encore. Cette voix qui raconte le quotidien, explique les déménagements, change brutalement après un rappel à l’ordre venu de l'autre coté de la méditerranée et perd de sa vivacité, de sa vie même en fait.
    Amine fait le chemin de vie de son père à l'envers, rencontre les tout derniers vivants de sa jeunesse, du temps où il parlait, beaucoup d'ailleurs, pour les autres aussi plus que pour lui même, avant de se taire totalement ou presque.
    Par petites touches ce silence s'explique, nous explose au visage, nous éclabousse de douleurs et d'espoir, cette retenue était bien celle de nos pères, de nos grand-pères et grand-mères. Elle nous a laissés le choix de chercher, de trouver et de dire ou de nous taire, nous aussi.
    Belle lecture à ceux qui tiendront dans leurs mains ce petit bijou !

    thumb_up J'aime comment Réagir (0)
  • Si j’avais déjà entendu parler de Rachid Benzine, je n’avais encore rien lu de lui. C’est grâce à une membre de mon club de lecture qui a présenté ce roman que j’ai eu envie de le découvrir.

    Amine, né au sein d’une famille d’immigrés marocains, a grandi à Trappes. Devenu un pianiste de...
    Voir plus

    Si j’avais déjà entendu parler de Rachid Benzine, je n’avais encore rien lu de lui. C’est grâce à une membre de mon club de lecture qui a présenté ce roman que j’ai eu envie de le découvrir.

    Amine, né au sein d’une famille d’immigrés marocains, a grandi à Trappes. Devenu un pianiste de renommée mondiale, il a rompu toute relation avec son père depuis vingt ans. Au décès de celui-ci, Amine revient pour l’enterrement et aider ses soeurs à vider l’appartement.

    Par hasard, il va découvrir, cachées dans la salle de bains, une grande quantité de cassettes audio. Ces cassettes ont été enregistrées par le père d’Amine comme des lettres orales et envoyées à son propre père au Maroc.

    A leur écoute, Amine va découvrir la vie de son père de 1965, année de son arrivée à Lens, jusqu’à la dernière en 1991. La voix de son père, à qui Amine reprochait ses silences, va lui révéler ses souffrances de l’exil, l’exploitation au travail, le poids de la famille qui, même à des milliers de kilomètres, interdit un mariage avec une Française, la construction d’une vie de famille avec une Marocaine, les enfants, les drames et les chagrins.

    Bien plus touché qu’il ne veut l’admettre au début, Amine décide de partir à la rencontre de ceux qui ont côtoyé son père. L’homme qu’il va ainsi découvrir est bien plus complexe et riche que l’image qu’il s’en faisait.

    » Les silences des pères » est un roman touchant qui soulève la question des choses tues, cachées, des sentiments non exprimés générant des malentendus et des souffrances qui pourraient être évitées.

    thumb_up J'aime comment Réagir (0)
  • Encore un court roman bourré d'émotions!
    J'ai la chance de faire parti d'un club de lecture qui selectionne des petites pépites que je n'aurais certainement jamais lu sinon..
    Celui-ci en fait parti. L'écriture est sobre mais touchante et bouleversante. Le thème n'est pas facile à aborder mais...
    Voir plus

    Encore un court roman bourré d'émotions!
    J'ai la chance de faire parti d'un club de lecture qui selectionne des petites pépites que je n'aurais certainement jamais lu sinon..
    Celui-ci en fait parti. L'écriture est sobre mais touchante et bouleversante. Le thème n'est pas facile à aborder mais il m'a permis de prendre du recul sur des situations de mon quotidien et rien que pour ça, j'ai adoré!

    thumb_up J'aime comment Réagir (0)
  • Vingt-deux ans que Amine n’a pas revu son père, ce père qui vient de décéder en cette mi-avril 2022, à l’âge de quatre-vingt quatre ans.
    « Il a fallu qu’il meure pour que je revienne », c’est ainsi qu’il s’exprime de retour à Trappes pour assister aux funérailles. Il s’agit pour lui à la fois...
    Voir plus

    Vingt-deux ans que Amine n’a pas revu son père, ce père qui vient de décéder en cette mi-avril 2022, à l’âge de quatre-vingt quatre ans.
    « Il a fallu qu’il meure pour que je revienne », c’est ainsi qu’il s’exprime de retour à Trappes pour assister aux funérailles. Il s’agit pour lui à la fois de son père et d’un étranger.
    Mais en débarrassant l’appartement, il découvre par accident, une lourde enveloppe cachée sous la baignoire contenant une quarantaine de cassettes audio avec sur chacune, mention d’une année et d’un lieu. L’enregistrement le plus ancien date de 1965 et le plus récent de 2006. Il extrait également un magnétophone enregistreur.
    Dès la première écoute il se rend compte qu’il s’agit de cassettes enregistrées par son père et adressées à son propre père resté au pays, au Maroc. Cette première cassette fait référence à un ami d’enfance. Il recherche et trouve une adresse d’un foyer de Lille et décide de s’y rendre.
    Il apprend alors comment son père, alors jeune homme de dix-neuf ans et son ami Driss dont les familles respectives peinaient à survivre, avertis de la venue de l’« Homme de la mine », avaient parcouru depuis leur village, une centaine de kilomètres à pied et attendu plusieurs heures sous un soleil de plomb avant d’être admis au bagne des houillères : une sélection rappelant le marché aux esclaves.
    « Un voile pudique et silencieux recouvrirait par la suite la souffrance de leur exil. »
    Ils arrivèrent donc dans le nord de la France à Lens, dans les mines de charbon, sans savoir que leur premier travail allait consister à prendre la place de grévistes.
    Au hasard des témoignages recueillis auprès d’autres amis de son père, il apprend comment celui-ci, après avoir été une gueule noire est devenu une gueule grise lorsqu’il est parti travailler dans une cimenterie d’Aubervilliers en région parisienne, comment il a fait connaissance ensuite avec un producteur et éditeur de musique, puis s’est retrouvé chez Lip à Besançon ou encore à travailler la terre dans le sud de la France avec des Algériens et des Harkis.
    Lui qui est devenu un pianiste classique de renommée internationale finira-t-il par comprendre comment une cassette de l’enregistrement du concert donné à Cologne par Keith Jarrett avait pu atterrir chez son père et pourquoi tous deux étaient accros à cette mélopée?
    À mesure qu’il découvre l’histoire de son père, il comprend mieux le temps des silences de cet homme duquel il s’était éloigné. Boualem, un autre de ses amis encore en vie lui a d’ailleurs fait comprendre que si les jeunes ne connaissaient plus ces histoires, c’est parce que les vieux comme son père ont voulu que toutes les souffrances, tout ce qu’ils ont subi, s’arrêtent avec eux.
    Autant de rencontres et de découvertes qui font qu’Amine a le sentiment d’avoir été trompé, que son père était différent, que c’était un autre homme.
    Son trouble sera à son apogée lorsque dans une cassette, il entend son père amoureux demander à son propre père l’autorisation d’épouser une Française qu’il aime...
    En entendant l’histoire de son père, il entend le sens de ses silences.
    170 pages seulement et pourtant que d’enseignements à retirer de ce roman !
    En prenant comme héros de son roman, cet immigré marocain, Rachid Benzine permet de remettre en mémoire ce pan historique que nous avons un peu trop vite oublié, cette convention bilatérale sur la main d’œuvre signée entre la France et le Maroc, juste après l’indépendance. Les Charbonnages de France ayant obtenu un permis de recruter à grande échelle opéraient une multitude de sélections dans les villages et les souks, puis embarquaient cette main-d’œuvre docile et précarisée, un élément de gestion de la production du charbon :
    « Avec du ciment et des immigrés, voilà comment on a tout reconstruit. Des milliers de forçats affamés. »
    C’est aussi l’entrée en nombre des femmes dans le milieu du travail, le développement du cinéma militant mais aussi ces camps de Harkis, ces Algériens qui se sont battus aux côtés de la France, ont perdu la guerre, leur terre et vivent maintenant comme des exilés, qui sont abordés lorsque l’homme arrive chez Lip en 1973.
    Ce roman, s’il transcrit avec beaucoup de pudeur, ces silences, ces non-dits entre le père et son fils, ces silences souvent mal interprétés, ce sont aussi ceux de la société française au sujet de l’immigration depuis le début des Trente Glorieuses.
    Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2024/01/rachid-benzine-les-silences-des-peres.html

    thumb_up J'aime comment Réagir (0)
  • Un livre empreint d'émotion.
    Amine, pianiste international, vient de perdre son père avec lequel il était en froid depuis des années. En vidant l'appartement le fils découvre des cassettes enregistrées par son père qui envoyait ainsi des nouvelles à son propre père resté "au pays". Le fils...
    Voir plus

    Un livre empreint d'émotion.
    Amine, pianiste international, vient de perdre son père avec lequel il était en froid depuis des années. En vidant l'appartement le fils découvre des cassettes enregistrées par son père qui envoyait ainsi des nouvelles à son propre père resté "au pays". Le fils alors va tout comprendre des silences de son père ou du moins une grande partie.
    Un bien joli roman: on a tous envie que les défunts nous aient laissé des messages posthumes. Bravo à l'auteur d'avoir si bien saisi ces envies! La mienne en tout cas!

    thumb_up J'aime comment Réagir (0)

Donnez votre avis sur ce livre

Pour donner votre avis vous devez vous identifier, ou vous inscrire si vous n'avez pas encore de compte.