«Ils avaient regardé ensemble Scènes de la vie conjugale d'Ingmar Bergman. Ils étaient jeunes et amoureux. Très amoureux. Ils avaient trouvé ce film fort et désespéré. Ils venaient juste de se marier et, leurs études terminées, chacun entrait dans la vie active. Lui comme médecin pédiatre, elle, pharmacienne. Ce fut son père qui lui acheta la pharmacie Derb Ghellef dans un des quartiers les plus vivants du centre-ville, dans la médina de Casablanca. Lui reprit le cabinet de son oncle qui avait une clientèle fidèle. La vie était facile, le ciel d'un bleu limpide et la paix régnait sur leur monde. Ils avaient ri à la fin du film, convaincus que cela ne leur arriverait jamais.» Casablanca, 2016. Nabile et Lamia forment un couple solide depuis plus de dix ans. Jusqu'au jour où elle s'éprend de Daniel, un homme à la réputation sulfureuse. Six mois plus tard, elle demande le divorce... Quel avenir pour une femme ambitieuse dans un monde patriarcal où la liberté se paie au prix fort ? Entre fresque sociale et roman psychologique, Les amants de Casablanca, magnifique histoire d'amour, explore la grande aventure du mariage, les oscillations du désir, les petits arrangements avec la religion et la capacité de l'être humain à embrasser ses contradictions.
Nabile et Lamia s'aiment, se marient, ont trois enfants.
Une belle vie de couple, une belle maison, de belles situations.
Il est médecin, elle est pharmacienne
Après dix ans de mariage, Lamia tombe sous le charme d'un coureur de jupons qui lui fait vivre une sexualité débridée.
Mais quand il la quitte..... elle quitte son mari.
Divorce, reconstruction de part et d'autre.
Une vie quoi !
Leur aventure conjugale est émaillée de références cinématographiques et littéraires.
Une histoire d'amour comme tant d'autres dans la société marocaine.
Les femmes s'émancipent bien, mais l'Islam veille quand même et ne facilite pas toujurs les choses.
Un roman agréable à lire mais que j'ai trouvé un peu en-dessous du registre habituel de Tahar Ben Jelloun.
Tahar Ben Jelloun laisse temporairement sa poésie pour un récit de la vie de couple à trois voix dans le Maroc d'aujourd'hui, à Casablanca, ville moderne et ouverte sur l'Europe :
- Lamia, l'épouse marocaine indépendante financièrement (pharmacienne et cheffe d'entreprises), éduquée, mariée à
- Nabile, lui aussi éduqué et pédiatre. Tous les deux ont fait leurs études à Paris ;
- la société marocaine traditionnelle, la famille et le regard social.
Sans jamais reprendre les mêmes évènements, Lamia et Nabile vont donner leurs ressentis et la façon dont ils ont vécu leurs vie de couple, leur rencontre, leur famille, la religion, le travail, la place des hommes et des femmes, le racisme latent aussi bien par rapport à un pays d'origine qu'une ville d'origine (les "vrais" Casablancais sont perçus comme tel par une partie des habitants de cette ville s'ils viennent originairement de Fès).
Le poids du regard social, son évolution, la Moudawala qui réforme le droit de la famille en permettant aux femmes de divorcer (mais pas de garder leurs enfants), tout est fluide, surprenant, sans jugement, vivant et... parfois déroutant. Certains discours en France prônent le temps d'avant soit disant mieux, plus sain, etc. Ce livre permet d'éclairer la vie quotidienne dans un certain milieu marocain (très aisé mais la pauvreté est aussi évoquée) et de faire résonner avec ce qu'à pu être la France d'avant 1968 et ce que cela pourrait représenter de vouloir le restaurer.
C'est un beau roman, pas toujours doux, pas toujours moral, parfois fleur bleue, parfois plein d'espoir, parfois sombre, mais parsemé de dilemmes pour nous faire réfléchir et non nous donner des solutions.
J'ai aimé même si parfois il y a des longueurs et que la poésie à la limite du chant sacré m'a manqué dans le style. Mais il faut rendre hommage à Tahar Ben Jelloun : le ton qu'il emploie permet de donner du sérieux à ce récit et de l'ancrer dans la réalité.
Ce qui résume bien, à mon sens, la portée de ce livre est cette phrase qui s'applique au couple Lamia-Nabile aussi bien qu'à la société marocaine : "Je navigue entre une vie paisible et une nostalgie cruelle" (p.306).
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