Passionné(e) de lecture ? Inscrivez-vous gratuitement ou connectez-vous pour rejoindre la communauté et bénéficier de toutes les fonctionnalités du site !  

Les alchimies

Couverture du livre « Les alchimies » de Sarah Chiche aux éditions Seuil
  • Date de parution :
  • Editeur : Seuil
  • EAN : 9782021500325
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

Aucun résumé n'est disponible pour cet ouvrage actuellement...

Donner votre avis

Avis (10)

  • La première partie de ce roman m'a tenu en éveil avec Camille qui nous dévoile l'univers d'un médecin légiste et le côté obscur de l'hopital.
    Ses parents sont morts lors d'un accident de plongée et tout cela reste bien mystérieux, elle grandit autour de mystères, du crane volatilisé de Goya....
    Voir plus

    La première partie de ce roman m'a tenu en éveil avec Camille qui nous dévoile l'univers d'un médecin légiste et le côté obscur de l'hopital.
    Ses parents sont morts lors d'un accident de plongée et tout cela reste bien mystérieux, elle grandit autour de mystères, du crane volatilisé de Goya. L'histoire me surprend, j'y adhère complètement....
    la suite sur la deuxième partie, trop longue , trop descriptive avec une nouvelle narratrice, un nouveau personnage, qui nous livre un monologue sans fin, qui va lui apporter un nouveau regard sur toute la vie de ses parents, ne m'a pas du tout convaincue dommage. Goya et l'histoire du crâne volé m'intrigue besoin d'un éclairage sur ces hypothèses inventées, romancées?
    Je referme ce livre sans trop d'enthousiasme.

    thumb_up J'aime comment Réagir (0)
  • Médecin légiste, la narratrice Camille Cambon se défend des sombres et macabres réalités du monde et de son métier en cultivant l’humour noir et la froideur. Médecins eux aussi – éminent légiste pour l’un, généraliste pour l’autre –, ses parents n’ont pas survécu à un accident de plongée survenu...
    Voir plus

    Médecin légiste, la narratrice Camille Cambon se défend des sombres et macabres réalités du monde et de son métier en cultivant l’humour noir et la froideur. Médecins eux aussi – éminent légiste pour l’un, généraliste pour l’autre –, ses parents n’ont pas survécu à un accident de plongée survenu une trentaine d’années plus tôt, quand elle avait seize ans. Ils se passionnaient pour Goya, le peintre aragonais inhumé en 1828 à Bordeaux, mais… sans sa tête. C’est à leur propos que Camille reçoit un jour un e-mail en provenance d’un mystérieux correspondant bordelais. Celui-ci a des révélations à lui faire quant au passé de ses parents, à leur passion dévorante pour la partie la plus noire de l’oeuvre de Goya et aux extrémités auxquelles leur quête du crâne disparu les a menés.

    « Toute cette histoire restera énigmatique à qui n'accepte pas de s'armer de sa propre part de ténèbres pour aller à la rencontre de ce qui peut arriver aux êtres humains. » Le cadre est posé d’emblée et ne va cesser de nous confronter à nos aspects les plus sombres, au gré d’un terrifiant jeu de miroir rapprochant certaines violences actuelles de celles dont Goya se fit l’écho brutal dans ses œuvres les plus noires. Aux suppliciés peuplant de leur douleur nue les toiles du peintre vont d’abord répondre, dans une première partie lui empruntant le titre « Les désastres de la guerre », une tout aussi horrifique mosaïque de faits récents. Scandale du charnier de l’université Paris-Descartes et révélation dès 2019 d’un trafic de corps humains, hécatombe de la pandémie de Covid dans des hôpitaux déjà en crise, aspects les plus sordides accompagnant les fonctions d’un médecin légiste… : un condensé de scènes effroyables, évoquées sans fard dans leur vérité la plus macabre, soufflète le lecteur, saisi entre horreur et émotion, au fil d’un récit dont la férocité caustique n’a d’égale que sa lucidité désespérée.

    C’est aux côtés d’une narratrice ébranlée et au bord de la crise de nerfs que l’on s’engage alors dans la seconde partie du roman, très différente de ton puisque relatée, non sans mélancolie cette fois, par une vieille connaissance des parents de Camille. Intitulée, toujours d’après Goya, « Le songe de la raison », cette portion du récit va faire la lumière sur la véritable histoire d’un trio que « le démon de la connaissance » aura fini par « dévorer jusqu’à la folie ». Des errances phrénologiques à la quête du crâne disparu de Goya en passant par d’étranges sabbats dans les catacombes de Paris, c’est un visage totalement inattendu, de ses parents et du parrain qui l’a prise en charge orpheline, que Camille va découvrir en même temps qu’un monstrueux secret de famille. A trop flirter avec « la ligne de partage entre les vivants et les morts », les apprentis médecins qu’ils furent ne surent pas résister à leur fascination pour les gouffres. « Le sommeil de la raison engendre des monstres », soulignait il y a deux siècles le titre d’une gravure de Goya… « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » a t-ton envie de lui répondre.

    Egalement psychologue clinicienne et psychanalyste, Sarah Chiche cache dans les plis de ce thriller gothico-macabre l’anamnèse d’une femme parvenue au point de rupture et qui, comme lors d’une cure psychanalytique, prend soudain conscience des courants souterrains et des transmutations à l’oeuvre dans son histoire familiale : toute une alchimie mise au jour par le verbe, terriblement vrai, de l’écrivain. Coup de coeur.

    thumb_up J'aime comment Réagir (2)
  • Camille, la narratrice de 48 ans, est médecin légiste. On fait sa connaissance lors d'un sidérant premier chapitre qui fait écho à un sordide fait divers de juillet 2022 : après la découverte d'un charnier au Centre du don de corps de l'université de médecine Paris-Descartes ( des corps...
    Voir plus

    Camille, la narratrice de 48 ans, est médecin légiste. On fait sa connaissance lors d'un sidérant premier chapitre qui fait écho à un sordide fait divers de juillet 2022 : après la découverte d'un charnier au Centre du don de corps de l'université de médecine Paris-Descartes ( des corps démembrés, entassés dans des conditions de conservation indignes ), c'est un trafic d'organes qui se dessine. Camille est sous le choc - le lecteur aussi - comme une annonce des révélations à venir sur sa famille qui vont ébranler ses certitudes et bouleverser sa vie.

    « Je regardais les immeubles, la foule. Je vis soudain toutes les maisons de verre et d'acier, et avant cela de pierre, et avant cela de brique, et avant ce la de torchis et de bois, qui avaient été construites là. Et, sous le bitume, la terre gorgée de larves et de feuilles, de rêves héroïques, de sang, et d'ossements. Il ne faut jamais mentir à personne, me dis-je en contemplant un masque chirurgical usagé qui gisait à mes pieds. A personne, sauf peut-être aux gens qu'on aime. »

    Les parents de Camille, lui célèbre médecin légiste, elle généraliste, décédés lors d'un accident de plongée, lui ont beaucoup menti. Ou plutôt, ils lui ont caché beaucoup de choses. Il est temps pour Camille D explorer la part d'ombre de ses légendes familiales avec lesquelles elle a grandi et s'est construite.

    La première partie surprend par sa description enlevée du quotidien d'un médecin légiste, teintée d'une ironie feutrée et d'un certain humour qui n'excluent pas l'émotion ( magnifique scène où Camille mange des chocolats avec la maman d'un fils dont elle a autopsié le corps ). On sent qu'il y a un mystère à résoudre, on est surpris par ces références à Goya qui détonne ... avant de se rendre compte que l'énigmatique titre du premier chapitre ( Les Désastres de la guerre ) est celui d'une oeuvre du peintre espagnol.

    « Chaque corps était un royaume qui s'était donné pour centre à l'univers. Chaque cas composait un pan de la fresque qui, quand j'aurais résolu toutes les énigmes, me donnerait une peinture synoptique, définitive, de la nature humaine. Il fallait continuer, je devais continuer. Je continuais. C'est alors que Goya a fait de nouveau irruption dans ma vie, qu'en fait il n'avait jamais quittée. »

    Et puis arrive la deuxième partie, « Le Songe de la raison » ( aussi un titre emprunté à Goya ). Sarah Chiche opère un changement de braquet spectaculaire, en changeant de narratrice avec l'irruption inattendue d'un personnage, à peine mentionnée dans la première partie au point qu'il n'avait qu'à peine attiré mon attention, et qui va apporter un éclairage saisissant sur l'histoire des parents de Camille. On est happé par son quasi récit monologue face à Camille, mise en scène virtuose dans laquelle des détails de la première partie prennent sens et s'enflamment.

    Et la captivante trame autour de Goya se déploie, Goya qui a dévoré la vie de ses parents puis la sienne sans qu'elle s'en rende compte, tel Saturne dévorant ses enfants . Goya et l'histoire dingue de son crâne volatilisé lors de son inhumation en 1828 dans le cimetière de la Chartreuse à Bordeaux. Sarah Chiche présente les théories classiques sur la disparition du crâne de Goya et en invente de nouvelles autour de cette relique d'un génie.
    Sarah Chiche régale en mêlant magnifiquement quête familiale et enquête sur le crâne de Goya.

    Depuis Les Enténébrées et Saturne, on connait les obsessions de l'autrice : l'expérience du deuil au centre du rapport au monde et la difficulté d'inventer sa vie hors du tracé familial. Avec Les Alchimies, elle va au-delà. Lorsque Camille reprend la narration, elle va devoir regarder en face l'emprise de héritage parental sur sa vie et percer le secret de « ce qu'il y a dans toutes les têtes (qui) s'apparente à un opération alchimique ».

    Même si le dénouement est un peu timide par rapport à la flamboyance qui a précédé, j'ai refermé le livre acquis à lui, à son romanesque qui souffle haut, à ce portrait de femme singulier et lumineux, à cette écriture puissante qui vibre de partout.

    thumb_up J'aime comment Réagir (0)
  • Alchimie, chimie, deux mots qui ne me parlent pas trop, mais Goya et Bordeaux oui, puisque c'est là que j'habite et que comme beaucoup de bordelais j'ai vu le tombeau de Goya, réputé vide ! Avait on enfin retrouvé le crane du peintre, avait on enfin réussi à éclaircir ce mystère, où allait me...
    Voir plus

    Alchimie, chimie, deux mots qui ne me parlent pas trop, mais Goya et Bordeaux oui, puisque c'est là que j'habite et que comme beaucoup de bordelais j'ai vu le tombeau de Goya, réputé vide ! Avait on enfin retrouvé le crane du peintre, avait on enfin réussi à éclaircir ce mystère, où allait me conduire ce roman qui débute par un fait qui nous met d'emblée dans l'ambiance : la découverte d'un charnier à l'université Descartes où des corps accumulés là pour les recherches des étudiants en médecine ont dépassé la date de péremption !
    Nous sommes à la morgue, auprès d'une médecin légiste Camille Cambon, fille de deux médecins, qui analyse méticuleusement chaque événement de sa vie, d'un style ciselé au scalpel, petites phrases courtes, sans verbe, balancées ou murmurées nous donnant quelques précisions sur sa vie, un peu compliquée depuis la mort de ses parents, ensemble, alors qu'elle avait 16 ans.

    Autant j'ai beaucoup apprécié la première partie qui lui faisait découvrir la vraie vie de son père, passionné par Goya au point d'écrire un livre sur cet artiste en même temps qu'il poursuit ses études de médecine, autant j'ai eu du mal à accorder autant d’intérêt au crime commis et ignoré de presque tous sauf d'un personnage qui le révèle tardivement.
    Ce fut cependant la découverte d'une autrice dont je vais aller lire les précédents ouvrages sans aucun doute.

    thumb_up J'aime comment Réagir (0)
  • Oh! Alchimie quand tu nous tiens, rien ne va plus, ni crâne, ni cerveau.

    Et pourtant qu’est-ce que j’ai apprécié ces espèces d’opérations chirurgicales (au sens figuré surtout) menées par Sarah Chiche pour en découdre avec les obsessions de beaucoup d’entre nous. La mort, le devenir de notre...
    Voir plus

    Oh! Alchimie quand tu nous tiens, rien ne va plus, ni crâne, ni cerveau.

    Et pourtant qu’est-ce que j’ai apprécié ces espèces d’opérations chirurgicales (au sens figuré surtout) menées par Sarah Chiche pour en découdre avec les obsessions de beaucoup d’entre nous. La mort, le devenir de notre corps, le deuil familial et surtout le cerveau d’un artiste ont été littéralement découpés au scalpel ; rien de moins dans ce livre.
    J’ai trouvé à cette autrice une écriture aussi finement ciselée que les cadavres qu’autopsie l’héroïne principale de son livre. Sarah Chiche est une remarquable découverte pour moi. Je ne m’attendais à rien de spécial ; si, peut-être à un nouveau roman traitant de thèmes médicaux qui me décevrait. Il n’en a rien été et bien au contraire, dès les premières pages, j’ai été happée. Non seulement sa description du milieu est profondément juste, mais elle a su la mettre en fond de thème pour un roman qui traite de trois atmosphères que je ne voyais pas juxtaposables : l’art, la psyché et le corps.
    Parler autant et aussi bien d’amour au milieu de morts, de corps à soigner puis à autopsier, de scandales médicaux avérés, ça n’était pas un challenge facile. L’artiste peintre Goya et le mystère d’un fait le concernant, y ont certes été pour quelque chose. Mais pas que. Sa passion de l’âme humaine au-delà de l’enveloppe qu’est le corps, est évidente. Elle décortique respectueusement notre cerveau, ses noirceurs comme ses merveilleuses facettes de générosité et don de soi.

    L’autrice a divisé son livre en deux parties très distinctes mais qui ont toutes les deux des titres de deux oeuvres de Goya : « Les désastres de la guerre » et « Le songe de la raison ».
    La première partie commence par des scènes et des faits qui ne seront pas faciles à digérer par tous les lecteurs. On est très vite plongé aux côtés de la minuscule mais si intelligente Camille Cambon, de son quotidien pas évident à assumer, mais aussi d’un lourd secret concernant ses parents et son excentrique parrain Alexandre et surtout Goya. Elle a 48 ans, est médecin légiste dans un laboratoire universitaire de médecine à Paris, dans l’équipe d’Henry de La Brusse. Elle est la fille de Pierre, éminent légiste et de Léa, admirable médecin généraliste. Son mariage puis divorce à un chirurgien cardio-pédiatre a donné naissance à une fille.

    Dans la seconde partie du roman réapparait un personnage juste effleuré dans la première moitié. Les personnages sont tout aussi captivants que dans la première partie et vont nous emporter dans la passionnante vie du couple formé par ses parents, son parrain et quelques autres fortes personnalités, sans compter sur des êtres liés à la seconde guerre mondiale.
    L’histoire de la disparition du crâne de Goya dans le cimetière de la Chartreuse à Bordeaux avait fait couler beaucoup d’encre et la curiosité des trois membres de la famille de Camille va leur couter cher. Camille n’aura de cesse que d’éclaircir cette ombre qui a planée sur son enfance jusqu’à la mort accidentelle et simultanée - par noyade lors d’une plongée - de ses parents.

    Rien à jeter, tout à dévorer dans ce roman.

    Citations :
    « Tout comme je ne sais plus s’il faut être fou pour devenir médecin ou si c’est bien l’exercice de la médecine qui finit par détruire notre raison. Toute cette histoire restera énigmatique à qui n’accepte pas de s’armer de sa propre part de ténèbres pour aller à la rencontre de ce qui peut arriver aux êtres humains. »
    « Je m’étais donc retrouvée un matin, maquillée à la truelle, sur un plateau de télévision, aussi à l’aise qu’un caméléon sur un plaid écossais. »
    « L’esprit humain, Camille, est un labyrinthe de couloirs troués d’apparitions claires, de couleurs éclatantes ou sourdes, de crépuscules d’enfance apaisants et de monstres immenses tirés du fond des siècles. Ces couloirs de la connaissance, Goya les a tous fréquentés. »
    « - Complètement folle ? Je le suis. Si vous considérez que la lucidité est une maladie. »
    " Les enfants croient aux histoires tant qu'ils ne voient pas les fils du marionnettiste."
    "...il y aurait une seule façon de ne pas sombrer avec cette famille ou la combinaison diabolique de la guerre de 1914, des tentations fascistes, du catholicisme de province et de l'horreur des choses du sexe avait produit des ravages et un monde rempli de rituels factices. Ne pas avoir d'enfants. Jamais."

    thumb_up J'aime comment Réagir (0)
  • Dans les tréfonds de l’âme humaine

    Sarah Chiche signe un roman étincelant, dans la ligne des Enténébrés et de Saturne. En suivant une femme, médecin-légiste, partie à la recherche du crâne de Goya, elle poursuit son exploration de l'âme humaine. Et de son passé. Brillant comme un diamant...
    Voir plus

    Dans les tréfonds de l’âme humaine

    Sarah Chiche signe un roman étincelant, dans la ligne des Enténébrés et de Saturne. En suivant une femme, médecin-légiste, partie à la recherche du crâne de Goya, elle poursuit son exploration de l'âme humaine. Et de son passé. Brillant comme un diamant noir.

    Cela commence par un fait divers que découvre la narratrice en parcourant ses mails. Il y est question de débordements d'étudiants au cinquième étage de l’université de médecine à Paris, d'expériences monstrueuses et de trafic d'organes. Nous sommes en 2022, Camille Cambon a quarante-huit ans. Elle est divorcée et mère d'une adolescente qui ne la supporte pas. Elle ne sait pas trop pourquoi elle a cliqué sur ce mail perdu au milieu de tant d’autres. Tout comme elle ne pas «s’il faut être fou pour devenir médecin ou si c’est bien l’exercice de la médecine qui finit par détruire notre raison.»
    Aujourd'hui à la tête de l'institut médico-légal, la légiste s'occupe de «salauds morts, de bébés noyés dans leur baignoire (...) de terroristes, d’enfants qu’on retrouve décapités à côté de leur mère dans un parking souterrain, de réfugiés tombés, gelés à mort, du train d’atterrissage d’un avion, (...) d’adolescents égorgés par leurs camarades, d’influenceuses mortes après une banale intervention de chirurgie esthétique, de connards à couperose que leurs femmes ont exécutés d’une balle après s’être fait tabasser pendant des années».
    Autant dire qu'il faut avoir le cœur bien accroché pour encaisser ces drames quotidiens et pour faire parler ces cadavres. Mais le travail lui permet de conjurer sa solitude. Tout comme cette histoire du crâne de Goya évoqué dans ce fameux mail et qui lui rappelle son histoire familiale. D’autant que son correspondant anonyme semble bien renseigné. Quand il parle de ce sommeil de la raison qui engendre des monstres, il fait référence directe aux Caprichos, cette série de gravures que Goya a réalisé dans la seconde partie de sa vie et que Camille connaît bien pour avoir bien écouté son père lui raconter comment le génie espagnol «s’est mis à peindre ou graver des hommes au corps d’oiseau chassés par des filles armées de balais, des coquettes disloquées par la vieillesse faisant des grâces devant leur miroir, des femmes jugées par une masse d’inquisiteurs idiots, ou encore ces pendus à des cordes qui courent jusqu’à l’extrémité de l’image, comme si elles étaient tirées par tous les bourreaux de toutes les guerres qui viendront ensuite.»
    Elle ressent alors comme un besoin impérieux de partir à la recherche de ce crâne volé à Bordeaux en 1828 et jamais retrouvé depuis, elle suit la trace de ses parents et de son parrain qui vouaient une admiration sans bornes pour le génie espagnol. Son père a même publié un livre intitulé Goya, mystères d’un génie. Ouvrage qui a accompagné Camille et qui a contribué à sa fascination pour le peintre.
    Aussi n'hésite-t-elle pas à partir pour Bordeaux où une surprise de taille l'attend. Une vieille dame qui a bien connu ses parents et pourra lui dévoiler les secrets de famille, enfouis avec leur mort prématurée.
    Si Les Alchimies creusent une autre veine, plus picaresque, plus aventureuse, que Les Enténébrés et Saturne, on peut voir dans ce triptyque au style toujours aussi étincelant, une vraie parenté. Quand la noirceur se teinte de couleurs. En usant de facilité, on pourrait ajouter comme dans les peintures de Goya. Car dans Saturne déjà, on évoquait Goya avec Saturne dévorant un de ses fils. Trois romans qui conjuguent la froideur de la mort aux fulgurances d’une puissance vitale, jusqu'à la violence. Trois livres qui mêlent aussi l'intensité dramatique à une superbe beauté formelle. Sarah Chiche semble bien avoir découvert le secret des alchimistes.
    https://urlz.fr/ofox

    thumb_up J'aime comment Réagir (0)
  • Le cinquième roman, Les alchimies, de Sarah Chiche est son premier roman complètement fictionnel qui s’ouvre sur un mystérieux expéditeur d’un mail. Celui-ci prétend savoir où se trouve le crâne du peintre Goya.

    Sarah Chiche va développer son intrigue à partir de deux “livres” très...
    Voir plus

    Le cinquième roman, Les alchimies, de Sarah Chiche est son premier roman complètement fictionnel qui s’ouvre sur un mystérieux expéditeur d’un mail. Celui-ci prétend savoir où se trouve le crâne du peintre Goya.

    Sarah Chiche va développer son intrigue à partir de deux “livres” très différents. Le premier implante le personnage, Camille Cambion, dans une lignée de médecins légistes attachés aux connaissances et à la valeur scientifique des recherches. Implantée dans un service légiste, la narratrice a réussi à faire sa place au sein du service renommée du professeur la Brusse. Séparée de son compagnon, avec une fille adolescente bougonne, Camille consacre beaucoup de temps à son travail.

    Le titre du premier livre, Les désastres de la guerre, reprend le nom d’une série de quatre-vingt-deux dessins de Goya à l’époque où il était encore le peintre de cour et des portraits de puissants, avant la déclaration de sa maladie. Cette partie détaille et explique les liens entre sa famille et le peintre.

    Le second livre au titre évocateur de Songe de la raison rappelle une estampe de Goya où il s’est représenté endormi pour réaffirmer la prépondérance de la raison et de la lumière de la connaissance. Ainsi, cette partie est racontée par la mystérieuse expéditrice du mail et se mélange avec les souvenirs de Camille Cambion. Sarah Chiche conte le cheminement de sa famille, scientifiques convaincus, après la disparition du crâne de Goya. Elle reprend une des explications fantaisistes concernant la disparition du crâne de l’artiste.

    La première partie est implantée dans la réalité des problèmes de l’hôpital public, d’une famille monoparentale et d’une femme travaillant dans un univers assez machisme. La seconde remonte l’histoire jusqu’au XVIIIéme siècle en reprenant des thèses subversives expliquant le titre du roman. Seulement, l’écart est grand. Peut-être trop ! Entre la réalité et la modernité actuelles et l’ésotérisme et le fétichisme de l’autre, il manque de l’équilibre.

    Certes Sarah Chiche surprend par sa capacité à imbriquer l’histoire de sa légiste avec celle du peintre. La description de la maladie invalidante du peintre est analysée en expliquant les répercussions sur son œuvre. Elle souligne aussi la modernité de ses productions. C’est décrit sans faire étalage de quelconques superconnaissances. Et, c’est très agréable. Les obsessions littéraires de Sarah Chiche se retrouvent aussi dans Les Alchimies, secret de famille et traumatisme, même s’ils sont traités par son personnage Camille, un double littéraire.

    Seulement, ce sont les liens qui posent légèrement problème : des parents, fanatiques de fêtes sataniques, l’utilisation des drogues, certes éclairée, mais peu vraisemblable avec les performances d’études scientifiques. Une Camille très naturelle qui devient porteuse d’une intelligence supra normale admirée par son père. Trop d’éléments qui interpellent l’imaginaire du lecteur et qui l’empêche de s’envoler tranquillement, me semble-t-il.

    Le style est toujours aussi flamboyant, avec des phrases travaillées d’une grande intensité.

    Alors, un sentiment mitigé m’anime, à la fois admirative car j’ai appris beaucoup sur le peintre, mais, interrogative sur l’univers particulier dans lequel nous plonge Sarah Chiche lorsque son imaginaire déborde !

    Sûres, ses alchimies devraient être récompensées par un prix, car ce roman est retenu dans la seconde sélection du prix de l’Académie Francaise. La réponse sera dans quelques jours !

    Chronique complète ici
    https://vagabondageautourdesoi.com/2023/10/22/sarah-chiche-les-alchimies/

    thumb_up J'aime comment Réagir (0)
  • D'emblée, Sarah Chiche instaure le suspense en évoquant un mystérieux mail reçu par la narratrice et en prévenant le lecteur « de s'armer de sa propre part de ténèbres » avant de se plonger dans son roman.
    L'annonce est alléchante. D'autant plus que la quatrième de couverture évoque la...
    Voir plus

    D'emblée, Sarah Chiche instaure le suspense en évoquant un mystérieux mail reçu par la narratrice et en prévenant le lecteur « de s'armer de sa propre part de ténèbres » avant de se plonger dans son roman.
    L'annonce est alléchante. D'autant plus que la quatrième de couverture évoque la disparition du crâne de Goya...
    Camille Cambon a quarante-huit ans. Divorcée et mère d'une adolescente, elle est médecin légiste, un sacerdoce qu'elle a hérité de ses parents et de son parrain, un trio soudé fasciné par le destin du génial peintre espagnol mort à Bordeaux en 1828.
    En rencontrant la signataire de l'étrange courriel, elle découvre la vérité effrayante sur sa famille.
    Je ressors de cette lecture avec une impression mitigée. L'écriture virevoltante se mue en une narration énervée qui m'a laissée sur ma faim tant l'autrice a voulu tout dire. Le résultat est qu'elle ne fait que survoler sans approfondir.
    Enfin, on ne croit pas une seule seconde à cette confrérie sectaire d'une élite arrogante, bavarde et méprisante envers ceux qui n'ont pas son intelligence.

    http://papivore.net/litterature-francophone/critique-les-alchimies-sarah-chiche-seuil/

    thumb_up J'aime comment Réagir (0)

Donnez votre avis sur ce livre

Pour donner votre avis vous devez vous identifier, ou vous inscrire si vous n'avez pas encore de compte.

Récemment sur lecteurs.com