Astrid Houssin signe ce récit sur la douleur et la reconstruction
Depuis une petite vingtaine d'années, je sévis en dernière page de Libération. J'y écris des portraits personnels de personnages singuliers, connus ou inconnus. Mais, j'ai beau faire, j'ai beau dire, on me parle en priorité de mes portraits d'actrices. Les hommes hésitent entre envie goguenarde et ricanements égrillards. Les femmes scrutent à la loupe emballements et atermoiements. Il y a quelque temps, fatigué d'être résumé à cette activité pulsionnelle, pour ne pas dire libidineuse, las d'être réduit à ce que certaines bonnes camarades appelaient mes « papiers hormonaux », j'ai décidé d'arrêter. Fini, terminé. Promis, juré, je ne signerais plus le portrait d'une seule fille de pellicule. J'ai tenu parole une bonne année. Personne n'a rien remarqué. Et chacun me parlait encore et toujours de ces portraits de comédiennes et de mannequins que je n'écrivais plus. Je m'y suis donc remis. Et voilà comment les caricatures ont la vie sauve, comment elles ont la vie dure. Et voilà pourquoi il faut bien accepter d'en livrer les pièces à conviction. Qui lira, verra...
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