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En 1952, Jean Dutourd avait décrit dans Au bon beurre un nouveau personnage : le crémier enrichi par le marché noir de l'Occupation, mais le BOF lui-même a cédé la place à tous les marchands de modernité.
Lassé de ne pas retrouver la société d'aujourd'hui dans la plupart des romans contemporains, Jean Dutourd a repris son bâton de pèlerin pour écrire les histoires qu'il aurait voulu lire, ce qui est très souvent le meilleur point de départ. Il a posé son chevalet - expression qu'il affectionne - et peint trois tableaux : Le Séminaire de Bordeaux, Portraits de femmes et L'Assassin.
On devrait accorder plus d'importance aux boutades, tout au moins les prendre pour ce qu'elles sont : une manière pudique et ourlée de dire sa vérité. Dutourd prétend qu'il est devenu écrivain - alors que sa première vocation était la peinture - parce que les fournitures de l'un sont moins onéreuses que celles de l'autre. La lecture attentive de son oeuvre démontre qu'il n'a pas cessé de peindre, notamment les chercheurs du CNRS (Le Séminaire...), les écrivains à succès (Portraits...) et les vedettes de l'actualité (L'Assassin), trois piliers - certes ni prolétaires ni épiciers - ô combien représentatifs de la société française contemporaine.
La Trilogie française, contrairement aux récits postbalzaciens, nous ouvre les coulisses de la France réelle. C'est bien dans la manière de l'auteur, toute wildienne, de décrire les contours pour aller à l'essentiel.
Alain Paucard
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