Astrid Houssin signe ce récit sur la douleur et la reconstruction
«En fait, je me souviens, on n'a pas fait d'endroits ou de clubs branchés, on n'est pas sorti en boîte, on n'a pas mangé une fois des sushis, on n'a pas ouvert un guide, on n'a pas regardé de carte, on ne s'est pas fait les musées, on n'est rentré dans aucune galerie, on n'a pas fait de shopping, on n'a pas été voir un spectacle sur Broadway, on s'est simplement promené et on a regardé. On a mangé dans des restas inconnus. On s'est fait un pique-nique à Central Park. On n'a jamais allumé la télévision, on n'est pas allé au cinéma. On n'a pas branché une fois notre ordinateur, on n'a pas checké une seule fois nos mails. On n'a croisé aucun de mes potes. On n'a pas mis une fois les pieds dans East Village. On ne s'est pas rendu une fois au Wonderbar. On n'a jamais pris le métro, on était tout le temps dehors. Ça nous est arrivé de marcher toute la nuit. On se baladait à vélo ou en taxi. Lucas, il adore le taxi new-yorkais. Il était comme un gosse. On se faisait des tours, sans avoir de destination en tête. On s'est tiré à Coney Island, on a bu de la vodka, on a mangé du caviar sur la plage. C'était easy. On n'est pas rentré dans une boutique, tout ce qu'on s'est acheté, c'étaient deux sacs de voyage. On est parti avec rien, on n'avait pas de téléphone portable, pas d'ordinateur, pas de matos, le strict minimum.»
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