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Ce qu'il aurait fallu

Couverture du livre « Ce qu'il aurait fallu » de Christophe Fourvel aux éditions Atelier Contemporain
Résumé:

Le texte n'épargne ni les citoyens, ni ceux qui nous gouvernent, car la capitulation, dans une démocratie, est un acte qui se joue la plupart du temps à deux.
Ainsi, il aurait fallu que les gens refusent dans les bars de s'asseoir sur des chaises Coca-Cola, Ice Tea, Red Bull ou je ne sais quoi... Voir plus

Le texte n'épargne ni les citoyens, ni ceux qui nous gouvernent, car la capitulation, dans une démocratie, est un acte qui se joue la plupart du temps à deux.
Ainsi, il aurait fallu que les gens refusent dans les bars de s'asseoir sur des chaises Coca-Cola, Ice Tea, Red Bull ou je ne sais quoi d'autres. Que chacun refuse de poser son cul sur une publicité.
À l'origine de ce consensus délétère, j'ai cherché des éléments du quotidien. Il me semble qu'il fallait commencer par « les cadeaux Bonux ». Dans mon souvenir, là fut la première oeillade du capitalisme au consommateur pour acheter sa complicité. Le cadeau Bonux, c'est le lancement de la corruption légalisée : un cadeau contre un assentiment. La porte ouverte à un pas de deux toujours plus insidieux et toujours plus ambitieux.
Je crois aussi avoir commencé à penser ce texte lors du débat d'entre-deux tours de l'élection présidentielle de 2007. Face à Ségolène Royal qui défendait les 35 heures, Nicolas Sarkozy a dit ceci : à quoi ça sert les RTT quand on n'a pas de quoi payer des vacances à ses enfants ? Je ne sais plus ce qu'a répondu la candidate socialiste mais il n'était pas question dans son intervention de l'essentiel, c'est-à-dire du bonheur, du plaisir, de l'épanouissement de soi, de la liberté... Certes, il y a longtemps que les questions philosophiques ne traversent plus les débats politiques mais j'en avais marre d'entendre que le temps libre n'était questionnable que du point de vue économique ; qu'il ne valait la peine, qu'à condition qu'on le passe sur des plages lointaines, au bord des barrières de corail et dans le mépris des populations locales...
Bien sûr, les années Sarkozy sont au coeur de ce texte car d'une certaine manière, elles ont sur-ligné un dédain public pour la pensée. Un triomphe d'une vulgarité qui a cessé de se sentir honteuse et qui aimait s'afficher. Mais cela avait bien entendu commencé avant, et mon texte aime souligner une « joyeuse » continuité : Il aurait fallu que les chaussures de Roland Dumas coûtent un petit peu moins cher. Que Rose-Marie Guéant n'ait jamais acheté deux marines peintes par Andries Van Artvelt.
Et puis cette litanie laisse parfois libre cours à une colère naïve que je n'ai pas voulu brider et qui circonscrit quelques incongruités de notre époque ! (Raffarin, premier ministre qui cite la chanteuse pour midinettes, Lorie !) ; pointe, ailleurs, des aberrations devenues invisibles (Il aurait fallu qu'il n'existe pas de raviolis en boîtes. De carottes déjà râpées. Que la mention Vu à la télé n'ait jamais été déposée) ; des exigences oubliées (Il aurait fallu que l'école apprenne aux enfants à mieux écouter les voix. Que «former les oreilles» fasse partie du programme.) ; une meilleure défense de la qualité (Il aurait fallu apprendre à affiner ses goûts et trouver dégueulasse le Lipton Yellow)... ou rêve avec un peu d'humour à des modèles sociaux plus convaincants... (Il aurait fallu que Zinédine Zidane soit non seulement kabyle mais homosexuel et qu'il ait lu tout Georges Perec et tout Jean Genet.) Ce qu'il aurait fallu est une petite bille lancée à la base du grand échafaudage tordu... Quelques flagrants délits et quelques consignes à prendre en compte pour bâtir un monde un soupçon plus exigeant et donc meilleur. Qui réhabiliterait une certaine qualité de vie et mettrait au placard les ersatzs, les faux-semblants, les paillettes...
CHRISTOPHE FOURVEL

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