Astrid Houssin signe ce récit sur la douleur et la reconstruction
La douche de monsieur B. coule en continu depuis ce matin mais personne ne répond quand on frappe à sa porte. Ses voisins s'inquiètent... Et s'il avait glissé sur le carrelage ? Au fil de leurs allées et venues, le pallier de Monsieur B. devient un point de rencontre. On s'y croise, on s'y questionne, avant de reprendre chacun le cours de sa vie.
Dans ce vieil immeuble costaricain, typique de San José, sa capitale, cohabitent des individus en proie aux doutes : Garçon, un jeune homme profondément croyant mais adepte du travestissement, Isaac, un jeune père célibataire à l'avenir trouble, ou encore Jan, leur concierge, et sa femme Tori, qui fuient un mariage engagé trop jeune.
Dans ce récit choral formidablement mené, Edo Brenes capture les questionnements d'une société profondément religieuse à l'heure de la libération sexuelle. Par une valse narrative où les destins s'entremêlent puis se délient, il nous mène d'un instant de vie au suivant, formant en creux une réflexion sur la modernité.
Dans cet album, nous sommes invités à pénétrer au cœur d'un immeuble de San José, au Costa Rica, pour explorer les vies entrelacées de ses résidents. Parmi eux, un fils en deuil, un couple de concierges, un jeune homme déchiré entre sa foi et son identité travestie, une jeune femme en quête de plaisirs éphémères, et une voisine bienveillante, chacun de ces personnages contribue à composer cette fresque sociale.
L'œuvre adopte un style proche du reportage, décrivant avec humour et bienveillance les faiblesses de ses personnages. Les dialogues, authentiques et contemporains, incitent à la réflexion sur les diverses réalités de la vie dans l'immeuble et les liens qui les unissent. À un rythme posé, le récit explore des thèmes variés tels que la religion, la sexualité, le couple, la filiation et l'identité, offrant un éclairage pertinent sur la société costaricienne.
C'est une chronique humaine teintée douce-amère, où les émotions du quotidien se mêlent avec finesse et sensibilité. Ces personnages, aussi imparfaits qu'attachants, évoluent dans les couloirs de l'immeuble, qui devient à la fois leur refuge et le théâtre de leurs confidences.
"L'appartement a l'odeur de papa."Un homme erre dans un appartement. C'est celui de son père qui vient juste de décéder. Il y vivait seul dans un vieil immeuble de San José, la capitale du Costa Rica. Quelle vie y avait-il ? Avait-il des amis ? Une amoureuse ?
Dans ce récit choral très bien orchestré, Edo Brenes nous raconte des vies qui cohabitent, se croisent, des destins singuliers. En brossant les portraits des habitants de cet immeuble, il questionne les relations humaines, la sexualité, les doutes et aborde le poids de la société costaricienne alourdie par le puritanisme religieux.
Toutes ces tranches de vies font sens car, d'abord abordées séparément comme plusieurs histoires courtes, elles finissent toujours par se rejoindre, se relier, se connecter.. Avec une ligne claire américaine, qui me fait un peu penser à Adrian Tomine, Edo Brenes impose son style et son rythme, calme, posé et précis.
Après Bons baisers de Limon (Casterman 2021) et Touristes à la Havane (Steinkis 2023), Edo Brenes confirme son talent pour les récits humains intimes et nostalgiques. Ce Aparthotel Deluxe est touchant et mérite qu'on y jette un coup d'oeil !
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