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La mort est inacceptable, et le théâtre en est l'image.
Art du provisoire, irrépétable. Quand l'artiste est mort, rien ne survit pour faire pièce à l'intolérable oubli. C'est pourquoi j'écris aujourd'hui ce que fut l'expérience de Vitez, avant que ne s'en efface ce que lui-même nommait les traces. J'aimerais que ce livre plaise à tous ceux qui ont vu des spectacles ou des vidéos, ou des images télévisuelles. A tous ceux aussi qui ont seulement entendu parler du metteur en scène devenu mythique.
J'aimerais bien qu'apparaisse aussi pour tout dire ma mémoire personnelle, que mes souvenirs soient comme un prisme, ou le faisceau d'une lampe. Vitez poète de l'individuel - mais est-on poète autrement ? - tissait avec chacun de nous une relation privilégiée. Vitez au centre de ce réseau, dont chaque lien touchait un être. Voilà la vraie définition du poète au centre : " au centre de tout comme un écho sonore ", dit Hugo.
Chacun se sent seul et privilégié dans son rapport avec Vitez, et en même temps chacun sait que tous les autres ont le même privilège. Je sais bien que vous existez, vous tous qui êtes de la constellation Vitez, et c'est pour vous d'abord que je tâche à écrire ce petit livre. Pour vous qui êtes vivants et aussi pour ceux que je ne peux plus interroger, parce qu'ils sont morts, Richard Fontana, Claude Bricage, Gilbert Vilhon, Joël Denicourt, Murray Grönwall.
Vitez vous aimait et disait qu'on faisait du théâtre aussi pour les morts.
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