Tzvi Fishman

Tzvi Fishman a d'abord été scénariste à succès à Hollywood, en pleine vague « hippie », gagnant des centaines de milliers de dollars pour faire des films assez ineptes et passant le plus clair de son temps entre le club d'aérobic et les plages de Santa Monica... A cette époque il fait aussi un peu de musculation avec Arnold Schwarzenegger pour se faire remarquer par celles qui rêvent de devenir actrices : « J'ai trente ans. Je me réveille à six heures et demie du matin. Le premier cours d'aérobic au club de sports Connexion de Santa Monica commence à sept heures, et je ne veux pas manquer cette partie de plaisir, écrit-il dans son autobiographie. Toutes les jeunes beautés de la Californie du Sud s'y rendront avant d'aller au travail : les mannequins, les candidates actrices, les serveuses qui attendent leur grande chance de réussir dans le cinéma ; les blondes et les brunes et les rousses qui vivent avec le rêve de rencontrer l'auteur ou le réalisateur ou le producteur qui ouvrira les portes de la célébrité... Aujourd'hui, à Jérusalem, ce qui me semble un millier d'années plus tard, la première chose que je fais le matin, c'est de courir à la shule et de mettre les tefillins. À Hollywood, je roule un joint avec le même soin et la même précision que j'en mets aujourd'hui à enrouler la lanière de mes tefillins autour de mon bras. Un joint, c'était aussi une fumette, c'est-à-dire une cigarette de cannabis, plus connue sous le nom de marijuana ou de l'herbe... Je mettais de la musique. "The Doors" était mon groupe de rock favori. Je me souviens encore des paroles de l'une de leurs chansons les plus populaires : "Évade-toi, passe de l'autre côté. Évade-toi, passe de l'autre côté. Ouais !" Ma petite voiture de sport MG attend dans la rue. C'est une décapotable jaune. Je déplie le toit, mets mes lunettes de soleil, et démarre dans un vrombissement, saluant de la main l'océan Pacifique au bas de la rue depuis mon appartement de célibataire de Venice Beach dans les faubourgs de Santa Monica... Je ne serai pas seul cette nuit. Je l'emmènerai en boîte, lui payerai quelques verres, la défoncerai avec un peu de marijuana dans le parking, et lui accorderai une "audition" dans mon appartement près de la plage. Une journée dans la vie d'un minable de Hollywood. » Un peu plus tard cependant il fera son allyah, son service militaire en Israël et porte aujourd'hui une kippa tricotée et la longue barbe des disciples du Rav Abraham Kook, le premier grand rabbin sioniste d'Israël. Il a passé les quarante dernières années à Jérusalem où il a écrit une vingtaine de livres qui expliquent la vie dans ce pays compliqué et pourquoi il y a une différence pour un Juif entre vivre à New York ou à Jérusalem. Son recueil de nouvelles Days of Maschiach et son roman Touvia en terre promise lui ont valu le prix pour la littérature et la culture juive du ministère israélien de l'Éducation.