Prix Orange du Livre 2017 : lecture des cinq romans finalistes
Après avoir sélectionné 30 romans, le jury du Prix Orange du Livre s’est réuni pour retenir cinq finalistes. On vous entraine dans les coulisses de leurs discussions passionnées. Autour de Erik Orsenna, les auteurs Vincent Message, Laurence...
Prix Orange du Livre 2017 : lecture des cinq romans finalistes
Entrez dans les coulisses du Prix Orange du Livre 2017...
C'est à vous de voter pour élire le lauréat du Prix Orange du Livre 2017
Difficile de rester indifférent face à ce récit. C'est âpre, brutal et souvent écoeurant. Je vais avoir du mal à dire que j'ai aimé, tant certains passages me mettaient mal à l'aise, mais je pense qu'il y a justement du talent à faire ressentir de telles émotions aux lecteurs.
« titre en lice pour le Prix Orange de la BD 2024 »
Sylvain Bordessoules adapte un roman de Simon Johanin en mettant en œuvre (pour cette première publication) une rare maitrise de la mise en page, du trait direct et de la colorisation (probablement au feutre pinceau). Le qualificatif de « Roman Graphique » est totalement approprié à cette somme (284 pages quand même) qui se laisse lire avec fluidité par ses qualités graphiques pour illustrer l’universel difficile passage de l’enfance à l’adolescence et à l’âge adulte.
Les choix graphiques permettent de lire cette histoire (finalement banale) sombre où transpirent et s’illustrent notamment :
• un mal être omniprésent avec des jeunes désœuvrés dans un village rural, avec un rapport particulier aux animaux et à la mort (jusqu’aux charognes qui peuvent devenir un terrain de jeu) à un certain alcoolisme de certains parents, et au héros qui va dériver vers une bipolarité dangereuse ;
• une confrontation des jeunes du village avec ceux des cités et son lot de trafic de drogue, de certains violences, …
•
Tout n’est pas sombre néanmoins (à commencer par les couleurs des dessins !) et la fin privilégie le droit au possible coin de paradis.
Cette découverte fait attendre avec impatience la prochaine création de Sylvain Bordessoules.
Titre en lice pour le Prix Orange de la BD 2024. Remerciements aux éditions Gallimard et à Lecteurs.com pour la communication de cet ouvrage.
Adaptation du roman du même nom," l'été des charognes" nous plonge dans le village de "nulle part", celui où se côtoient enfants désœuvrés, pères alcooliques et animaux errants. Alternant les travaux de ferme et les jeux improvisés, très souvent de mauvais goût, ce récit nous plonge tête la première dans une univers très violent, sans compromission et avec un parler très imagé. L'animal n'est pas épargné dans l'oeuvre et tient une place à part. La confrontation entre la ruralité et la ville devient un passage charnière, comme celui de l'enfance à l'adolescence puis l'âge adulte.
Histoire assez inclassable et indéfinissable, elle ne laisse pas indifférent. Pour une première bande-dessinée, Sylvain Bordesoules livre une prestation graphique admirable qui donne une profondeur aux personnages et à ce qu'ils vivent. Il y a une rigueur du détail associée à un trait souple qui forcent le respect.
Je ne suis pas forcément adepte des adaptations de romans en bande-dessinée mais comme tout principe, il supporte ses exceptions. La mise en scène est impeccable.
Les textes sont bruts de décoffrage.
"Lu dans le cadre du Prix Orange de la BD 2024.
Je remercie Lecteurs.com ainsi que les Editions Gallimard Bande dessinée pour cet envoi."
Sylvain Bordesoules nous livre ici sa première BD tirée du roman éponyme de Simon Johannin. L’histoire se situe au cœur de la France, celle des invisibles, qui, par un hasard de lecture, résonne bien involontairement avec l’actualité et la colère de nos paysans et de nos éleveurs. Le focus est mis sur la détresse et le désœuvrement des jeunes qui vivent dans des villages qu’on n’imaginerait même pas exister, où « la misère vous mord les lèvres et la puanteur vous empoigne la gorge », mais où l’amitié reste une sérieuse et grande affaire.
Cet album raconte l’histoire de deux garçons, Jonas et son ami, le personnage principal, jamais nommé, et fils de l’éleveur de brebis, La scène d’ouverture est d’une violence qui nous percute immédiatement : les deux gamins attirent un chien qu’ils battent à mort à coups de pierres et abandonnent dans une cabane isolée. Nous plongeons ainsi dans l’ivresse d’une enfance désœuvrée, baignée dans la brutalité. Nous nous colletons avec la sombreur de cette enfance dans un milieu désargenté, entre des pères, le plus souvent ivres, et des chiens errants qui pullulent depuis l’arrivée des « gueux » (sont ici nommés « gueux », « ceux qui arrivent par hasard, un peu cassés par la route et par la vie, souvent avec des chiens, ce sont d’anciens voyous qui ne rechignent pas à remuer des tonnes de m…. pour les épandre dans les champs »).
Cet été là, « l’été des charognes » l’éleveur a un sérieux problème, des chiens ont affolé ses brebis et 46 d’entre elles dans la panique se sont jetées dans la ruisseau. Avec ses fils, ils vont devoir entasser les cadavres sous l’appentis en attendant l’équarisseur qui ne passera pas avant plusieurs semaines. Bien évidemment, avec la chaleur, la puanteur va devenir pestilentielle et le jeu des adolescents et de leurs copains va être de se lancer le défi de tenir le plus longtemps possible au milieu des charognes.
Ce récit explore une quête, celle de l’identité, mais aussi celle d’une échappatoire et d’un cheminement vers la beauté. Dans le contexte de l’album, les enfants ne connaissent que le langage de la sentence injuste, de la crasse et des coups au corps et au cœur.
L’auteur interroge au travers de cet album : Comment trouver sa voix et sa voie quand on est traités presque comme des animaux et qu’on vit dans la village de « nulle part »?
On va suivre le personnage principal, ce gamin au T-shirt sans âge du PSG, dans les errances d’une adolescence entre découvertes et débordements pour qui le lycée offrira une opportunité pour fuir. Il vit avec son père dans une ferme délabrée et insalubre et va faire les pires bêtises avec son copain Jonas, leur vocabulaire très réduit est le plus souvent grossier, ce qui est la normalité pour eux. Nous le verrons, toutes ces années, hanté par l’ image du chien qu’il tue dans les premières pages, jusqu’au jeune homme en perdition qu’il deviendra.
On avance dans ce pavé de 300 pages comme dans un reportage filmé caméra épaule avec des encadrés narratifs qui nous livrent pensées descriptives et réflexions intimes.
Le dessin à l’aquarelle, dans une palette de couleurs impressionnistes fait resurgir la beauté comme un clair-obscur avec un rendu souvent approximatif et jeté. On ne saisit pas toujours la scène à laquelle on assiste comme si Sylvain Bordesoules avait volontairement négligé la représentation par pudeur ou embarras.
Je suis ressortie assez perturbée de cette lecture, comme si j’avais été contaminée par le mal être de ces gamins. La crudité de certaines scènes vient s’imprimer dans notre rétine tout comme elle vient hanter le personnage principal.
Voici un album aux dessins remarquables dont l’histoire ne peut nous laisser indifférents.
Lu dans le cadre du Prix Orange de la BD 2024.
Je remercie Lecteurs.com ainsi que les Editions Gallimard Bande dessinée pour cet envoi.
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