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Petra Rautiainen

Petra Rautiainen
Petra Rautiainen est née en 1988 en Finlande. Après Un Pays de neige et de cendres, récompensé par le Savonia Prize, elle livre un roman profondément humaniste et écologiste.

Avis sur cet auteur (8)

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    Couverture du livre « La mémoire des mers » de Petra Rautiainen aux éditions Seuil

    Ghislaine Degache sur La mémoire des mers de Petra Rautiainen

    Avec La mémoire des mers, l’autrice finlandaise, Petra Rautiainen nous emmène dans les contrées nordiques pour une enquête intime dans laquelle la mer occupe une place centrale.
    Aapa, une jeune femme de quarante ans, travaille pour le compte d’une compagnie pétrolière, la Sté G. Oil à Miami, et...
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    Avec La mémoire des mers, l’autrice finlandaise, Petra Rautiainen nous emmène dans les contrées nordiques pour une enquête intime dans laquelle la mer occupe une place centrale.
    Aapa, une jeune femme de quarante ans, travaille pour le compte d’une compagnie pétrolière, la Sté G. Oil à Miami, et plus spécialement dans la production de films publicitaires.
    Aussi, lors du début de la conception d’un documentaire pétrolier, quand la direction a opté pour l’histoire du pétrole norvégien et a proposé comme témoin à interviewer Henrik Larsson, l’un des premiers foreurs du pays, l’un des plus doués, celui qui a trouvé le premier gisement près de Stavanger, Aava y voit là une chance de promotion. Étant du coin, elle connaît cet homme respecté partout et ne voit aucune raison qu’il n’accepte pas de coopérer.
    Et donc presque vingt ans après avoir quitté les membres de la communauté kvène, une minorité en Norvège, Aava revient au Finnmark dans son village natal en 1980.
    Mais, ce retour va être perturbé par une découverte essentielle sur un évènement qui l’a traumatisée quand elle était enfant, la mort de sa mère, une biologiste de renom, dans la collision d’un navire avec une baleine et dont le souvenir est encore très présent chez tous les habitants de la région.
    En parallèle est dévoilé un journal de voyage en décalé tenu à bord d’un brise-glace transformé en vaste laboratoire de recherche, navigant dans les eaux norvégiennes avec pour objectif l’océan Glacial arctique.
    La mémoire des mers de Petra Rautiainen est un retour aux sources à plusieurs niveaux. Il l’est pour Aapa, la mer en kvène, qui revient dans son ancienne maison, dans ce lieu où la mer est partout, où elle est vitale.

    Retour aux sources aussi dans son esprit, qui, progressivement, va s’ouvrir pour démêler cet enchevêtrement d’informations plus ou moins vraies et enfin faire jaillir la lumière.
    Cela a été aussi pour moi la découverte de ces populations minoritaires avec ce dialecte finnois qu’est le kvène, parlé uniquement dans le nord de la Norvège ou encore cette branche religieuse des laestadiens de Finlande encore présente.
    Un univers particulier où la vie est rude et sobre, d’où sans doute l’explication de ces personnages avares de paroles et à la psychologie un peu difficile à cerner...
    Mais avant tout, ce qui m’a le plus captivée, ce sont les réflexions sur le réchauffement climatique qui privera les eaux marines de leur oxygène entraînant donc la disparition de nombreuses espèces animales au cours des cent prochaines années, mais aussi les recherches montrant que les baleines souffrent des forages pétroliers à grande échelle. Petra Rautiainen sait parfaitement insérer dans son roman ces enjeux climatiques au cœur de l’océan arctique.
    Mais n’y a-t-il pas lieu d’être découragé de savoir que déjà en 1930 les professeurs Alister Hardy et Cyril Lucas alertaient sur la quantité de plastique ramassé dans les mers qui augmentait au fil des ans, bien avant leur progression fulgurante, ou encore que, dès 1959, Edward Teller, un des développeurs de la bombe H, avait mis en garde les dirigeants du secteur pétrolier contre l’augmentation des niveaux de dioxyde de carbone et alertait de la probabilité d’un réchauffement climatique et d’une élévation du niveau de la mer d’ici la fin du XXe siècle…
    La mémoire des mers de Petra Rautiainen, traduit du finnois par Sébastien Cagnoli, à la couverture superbe, se révèle comme un bel hymne à la mer, et à la nature en général, dans toute sa beauté et sa complexité et un roman profondément humaniste et écologiste.
    Je remercie les éditions du Seuil et Babelio pour cet envoi.

    Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2024/03/petra-rautiainen-la-memoire-des-mers.html

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    Couverture du livre « Un pays de neige et de cendres » de Petra Rautiainen aux éditions Seuil

    Kateginger63 sur Un pays de neige et de cendres de Petra Rautiainen

    Un premier roman prometteur.
    J'avoue que la couverture assez clinquante et dans l'air du temps ne m'a pas donné envie d'y jeter un oeil. Mais le résumé m'a convaincu.
    Une période historique maintes fois racontée mais à travers le prisme des peuples natifs finlandais. Assez original.
    *
    Deux...
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    Un premier roman prometteur.
    J'avoue que la couverture assez clinquante et dans l'air du temps ne m'a pas donné envie d'y jeter un oeil. Mais le résumé m'a convaincu.
    Une période historique maintes fois racontée mais à travers le prisme des peuples natifs finlandais. Assez original.
    *
    Deux trames temporelles très rapprochées permettent de s'immerger totalement dans le récit.
    Des enjeux politiques et économiques sur cette portion de terre aux confins du monde intéressent beaucoup de monde, notamment les allemands. La barbarie ,la violence est ici corrélée avec la neige, le froid polaire....et les secrets.
    C'est rude, brutal mais aussi émouvant dans cette amitié fortuite entre une fille nomade et une femme désespérée.
    J'ai toujours voulu connaitre un peu cette culture sami. Et j'ai été gâtée par ce récit ethnographique.
    Un ethno-polar réussi !

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    Couverture du livre « Un pays de neige et de cendres » de Petra Rautiainen aux éditions Seuil

    Christlbouquine sur Un pays de neige et de cendres de Petra Rautiainen

    Olavi Heiskanen, jeune soldat finlandais, fait office de traducteur dans un camp de prisonniers dirigés par les allemands. Nous sommes en 1944, au cœur de la Laponie. 1947, à Enontekiö, Inkeri Lindqvist, photographe et journaliste, s’installe dans la ville pour, officiellement, écrire sur sa...
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    Olavi Heiskanen, jeune soldat finlandais, fait office de traducteur dans un camp de prisonniers dirigés par les allemands. Nous sommes en 1944, au cœur de la Laponie. 1947, à Enontekiö, Inkeri Lindqvist, photographe et journaliste, s’installe dans la ville pour, officiellement, écrire sur sa reconstruction. En réalité Inkeri est à la recherche de son mari, disparu pendant la guerre. Olavi et Inkeri se retrouvent à cohabiter et la journaliste découvre peu à peu toutes les souffrances qu’ont dû endurer les populations Samis. Au fur et à mesure de ses recherches, le voile se lève sur des secrets terribles et sur une vérité terrifiante.

    Ce livre se laisse apprivoiser petit à petit et devient de plus en plus captivant au fil des pages. L’auteur évoque une histoire sans doute mal connue autour des camps de prisonniers présents sur le sol finlandais. Que s’y est-il réellement passé ? Que sont devenus les prisonniers mais aussi les gardiens de ce camp à l’issue de la guerre ? Quels sombres secrets se cachent derrière les silences des populations encore sur place ? C’est ce qu’Inkeri découvre au fil des trois ans qu’elle va passer à Enontekiö.

    Le récit alterne ainsi entre ce qui semble être le journal intime de l’un des gardiens du camp en 1944 et l’année 1947 et jusqu’à 1950, période de l’enquête d’Inkeri. En se rapprochant de Piera, un vieil habitant qui lui loue sa maison, et de Bigga-Marja, la petite fille de Piera, la journaliste va bientôt recouper les indices d’une histoire dramatique dont les habitants de la Laponie ont été les victimes.

    Le récit est très intéressant par ce drame qu’il révèle, par cet aspect historique qui fit de la Laponie un enjeu territorial disputé par les Allemands et les Finlandais durant la seconde guerre mondiale et qui fit des Samis des victimes, par ce qu’il met en lumière du peuple Sami (sa culture, sa langue, ses traditions, ses croyances), par le côté presque policier de la quête d’Inkeri. L’intrigue est très habilement menée et la conclusion amenée petit à petit, même si on peut quand même imaginer ce qu’elle peut être grâce aux indices distillés par Petra Rautiainen au cours de l’histoire. Un livre véritablement très instructif.

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    Couverture du livre « Un pays de neige et de cendres » de Petra Rautiainen aux éditions Seuil

    Géraldine C sur Un pays de neige et de cendres de Petra Rautiainen

    Un pays de neige et de cendre dont la sortie est fixée à ce vendredi 4 mars est une référence au Grand Nord finlandais, la Laponie, qui abrite les Sames, peuple autochtone. Une partie de la Laponie, qui s’étend également en Russie, en Suède et en Norvège, constitue l’une des dix-neuf régions de...
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    Un pays de neige et de cendre dont la sortie est fixée à ce vendredi 4 mars est une référence au Grand Nord finlandais, la Laponie, qui abrite les Sames, peuple autochtone. Une partie de la Laponie, qui s’étend également en Russie, en Suède et en Norvège, constitue l’une des dix-neuf régions de la Finlande, et le nombre d’individus s’élève à peu près à 1500 personnes dans le pays aujourd’hui. Le mot Laponie semblerait être péjorativement perçu (lapp = porteur de haillons en suédois), c’est ainsi que j’utiliserai de préférence le terme qui provient directement des langues sames, Same ou Sami. C’est donc à ce peuple autochtone, qui vivait de chasse, de pêche et d’élevages de rennes, avant d’être assimilés à la population finlandaise que Petra Rautiainen a consacré son roman.


    Comme tous les groupes de populations minoritaires, c’est un peuple qui a souffert de la Seconde Guerre mondiale, c’est ce qui se perçoit de l’épisode qu’a inventé Petra Rautiainen et dont les protagonistes sames incarnent des personnages essentiels. C’est par le biais de ces années quarante, avant et après la fin de la guerre, que l’auteure finnoise met à jour le sort, loin d’être enviable, réservé à cette partie de la population finlandaise. Il est vrai que l’on ressent immédiatement cette division qu’il y a entre ces Samis et le reste de la population finlandaise, les uns et les autres étant ancrés chacun dans des cultures, us et coutumes singulièrement différents. Et si en 1944 la Finlande reste encore occupée par l’Allemagne nazie à travers les différents camps d’incarcération implantés, le sort réservé d’un côté aux Samis et au reste de la population finlandaise a été relativement différent.

    C’est une histoire que j’ai lue avec une extrême attention et grâce à laquelle j’ai permis de combler quelques lacune. Grâce au flot d’informations, et j’aime particulièrement cela, que Petra Rautiainen nous transmet sur un pays et un peuple que l’on connaît finalement peu. Deux temporalités se chevauchent, : l’année 1944 avec l’arrivée du traducteur Väinö Remes dans un centre pénitentiaire d’Inari, municipalité de la Laponie finlandaise, et l’après-guerre qui met en scène l’arrivée puis la vie d’Inkeri Lindqvist, photographe de profession, à Enontekiö, au nord-ouest du pays, en pays same, non loin de la Norvège et de la suède. L’un et l’autre ne sont pas samis, tous les deux vont devoir s’adapter à l’endroit qui les abrite, le premier en pleine guerre dans des conditions difficiles, la seconde avec un objectif dissimulé. La compréhension des tenants et aboutissants de chacune des histoires imbriquées, implique forcément la compréhension de la place des peuples Same dans la société finlandaise, au sein de son histoire, particulièrement à travers le prisme de la Seconde Guerre mondiale qui les a mis encore plus à l’annexe qu’ils ne l’étaient déjà. Notamment avec l’anéantissement des leurs et de leurs habitats, des villages entiers ont été rasés.

    Un pays de neige et de cendres est typiquement le genre de titre qui ouvre à des cultures sur lesquelles j’ai peu l’occasion de lire, et c’est ce qu’il me plaît : cette connaissance avec un peuple qui pour moi évoquait jusqu’à maintenant principalement le Grand Nord Finlandais (et le Père-Noël…), sa coexistence avec la majorité du pays, ces finnophones ou suedophones. Et la façon dont la guerre a été vécue dans ce coin du monde, les dégâts qu’elle a laissées derrière elle : le titre poétique du roman en donne un petit avant-gout. Et c’est l’histoire de tous les sames, d’Inkeri, de Väinö, qui doivent tous s’adapter aux changements. Même si la guerre est finie, les terres sames portent encore les stigmates fumants de tout ce qu’elle lui a infligé, de tous les hommes tombés en son nom. Si Petra Rautiainen a construit son roman d’après un fil narratif bien solide, l’aspect historique et culturel est le gros point positif de ce roman. Rien que pour cela, le titre s’inscrit parmi mes lectures essentielles de ce début d’année. Petra Rautiainen rend tous les préjugés dont sont victimes les Sames, qui les cantonnent à un peuple un peu archaïque de pêcheurs et chasseurs qu’il faut absolument assimiler. De par la langue, pour commencer. Mêmes causes, mêmes effets : on l’a vu ailleurs, c’est aussi ce qui contribue à la disparition de la culture same. Voilà des pensionnats malfamés où sont catapultés de force les enfants sames, Inkeri ne découvre pas qu’un beau et lumineux pays de neige et de toundra, la réalité, celle d’une pseudo-bienveillance affectée, est plus sombre : l’assimilation, qui est un concept problématique puisque il est synonyme d’acculturation devient un véritable conditionnement culturel sous l’excuse de sauvetage civilisationnel comme s’ils avaient besoin d’être sauvés. Comme si la guerre et ses idéologies de « races inférieures », catégorie dans laquelle les Sames étaient vaguement classés, avait toujours prise sur le pays.

    C’est encore un autre titre sur la seconde guerre mondiale que je présente ici, mais un titre qui apporte un éclairage encore différent sur la façon dont cette guerre a pu être vécue et subie dans un pays pris en sandwich entre l’Axe d’un côté, les Soviétiques de l’autre. Petra Rautiainen a utilisé à bon escient tous les ressorts d’une narration sous-tendue par ces secrets soigneusement filés où ce contexte historique et culturel dresse une toile de fond particulièrement riche et instructive. Si le pays a été soumis à une politique de neutralité stricte pendant la Guerre Froide, nommée Finlandisation, il semblerait que les malheureux événements actuels la poussent peu à peu à se désolidariser de cette impartialité adoptée, n’en déplaise à la Russie.

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