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Percival Everett

Percival Everett
Diplômé de littérature et de philosophie, Percival Everett dirige le département de littérature de la Southern California University. Une quinzaine de ses romans ont paru aux États-Unis et ont été salués par plusieurs prix littéraires. En France, tous ses romans sont publiés par Actes Sud. Récem... Voir plus
Diplômé de littérature et de philosophie, Percival Everett dirige le département de littérature de la Southern California University. Une quinzaine de ses romans ont paru aux États-Unis et ont été salués par plusieurs prix littéraires. En France, tous ses romans sont publiés par Actes Sud. Récemment : Glyphe (2008), Le supplice de l'eau (2009) et Pas Sidney Poitier (2011).

Avis sur cet auteur (6)

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    Couverture du livre « Châtiment » de Percival Everett aux éditions Actes Sud

    Marie Kirzy sur Châtiment de Percival Everett

    Lorsqu'on fait la connaissance de la famille Bryant-Milam, on rit gras et bruyant devant ces rednecks unidimensionnellement crétins et ridicules, à la limite de l'analphabétisme, menés par une matriarche grincheuse et une mégère surnommée Hot Mama Yeller ( « maman chaudasse et braillarde »...
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    Lorsqu'on fait la connaissance de la famille Bryant-Milam, on rit gras et bruyant devant ces rednecks unidimensionnellement crétins et ridicules, à la limite de l'analphabétisme, menés par une matriarche grincheuse et une mégère surnommée Hot Mama Yeller ( « maman chaudasse et braillarde » ).

    En quelques pages, on passe de la parodie de romans sudistes au polar lorsqu'un des membres de cette famille est retrouvé étranglé au fil barbelé, en compagnie du cadavre d'un jeune noir non identifié qui tient dans sa paume les testicules du premier. L'enquête est lancée …mais voilà que le corps du noir stocké à la morgue se volatilise …pour réapparaître sur une deuxième scène de crime avec les testicules d'un autre blanc dans les mains. Bienvenue à Money, petite ville rurale du Mississippi.

    Des bouquins dénonçant le racisme systémique aux Etats-Unis, y en a pleins, des chefs d'oeuvre mais aussi des lourdauds empesés par leurs bons sentiments. Sur ce thème, je n'en ai lu aucun proposant une réflexion aussi radicale que celui de Percival Everett qui secoue et amalgame plusieurs genres littéraires.

    De la satire sociale et du polar, donc, mais mâtinés d'un horrifique comique totalement dingue qui se déploie à mesure que l'enquête avance ou plutôt se cogne à l'irrationnalité des situations avec ces cadavres qui disparaissent et réapparaissent jusqu'à se multiplier. J'ai souvent pensé aux films de Jordan Peele ( Us et Get out ) ou sa série Lovecraft Country qui recourent au surnaturel pour décrire l'expérience afro-américaine du racisme avec un à-propos réjouissant. Cette note d'étrangeté parcourt tout le récit alors qu'il reste à majorité réaliste.

    Percival Everett frappe juste là où il aurait pu se vautrer. Son intrigue est menée avec une énergie folle et un humour macabre jubilatoire qui distille une puissante sensation de malaise et des rires embarrassés. Mais on rit franchement face à la charge comique des jeux de mots, du choix des noms et prénoms des personnages, et surtout de certains scènes-farces : une assemblée du Ku-Klux-Klan ( dont les membres pleurent la belle époque des croix enflammées et des gâteaux préparés par les mamans pour l'après fiesta ) ou une réunion à la Maison blanche avec un Trump d'anthologie ).

    On rit jusqu'à ce que cela fasse mal. Châtiment est une comédie très noire qui prend au sérieux la gravité de la question du racisme. Percival Everett réexamine avec acuité la notion de culpabilité collective et la façon dont elle s'envenime en l'absence de justice et de sanctions pour les auteurs de crimes racistes, jusqu'à réclamer vengeance ou voir apparaître un fantasme de vengeance sanglant.

    Le choix de la ville de Money n'est pas un hasard, c'est là qu'a eu lieu le lynchage le plus tristement célèbre de l'histoire américaine, en 1955 : celui du jeune Emmett Till, quatorze ans. Cette parabole raciale brillante pique ainsi encore plus puissamment les consciences et rappelle le besoin de réparation mémorielle ravivé par les récentes violences policières qui ont donné naissance au mouvement Black Lives Matter..

    Et quand surgissent les noms, sous forme de liste sèche, des victimes de lynchage depuis le début du XXème siècle, l'émotion jaillit, inattendue, dans ce roman incendiaire tout le temps surprenant. La résolution polar en devient presque secondaire ( même si je regrette tout de même un peu qu'elle soit moins convaincante que le chemin qui l'a amenée ).

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    Couverture du livre « Châtiment » de Percival Everett aux éditions Actes Sud

    Catherine Giry-Deloison sur Châtiment de Percival Everett

    L'ironie n'est-elle pas plus appropriée que les larmoiements et le manichéisme pour dénoncer le racisme ? En refermant « Châtiment », finaliste du prix Pulitzer en 2022, la réponse positive.
    Dans une Amérique contemporaine où le Président à la tignasse orange conduit la destinée d'un pays plus...
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    L'ironie n'est-elle pas plus appropriée que les larmoiements et le manichéisme pour dénoncer le racisme ? En refermant « Châtiment », finaliste du prix Pulitzer en 2022, la réponse positive.
    Dans une Amérique contemporaine où le Président à la tignasse orange conduit la destinée d'un pays plus fracturé que jamais, deux frères sont successivement retrouvés morts, atrocement mutilés et châtrés.
    À leurs côtés se trouve le cadavre d'un homme noir qui ressemble étrangement à Emmett Till, un adolescent noir lynché en 1955 par deux blancs parce qu'il aurait mal parlé à une femme.
    Des décennies plus tard, les coupables vont payer. Et ils ne seront pas les seuls.
    Des dizaines de rednecks méchants, bas du plafond, incultes, vulgaires et aux convictions racistes intactes vont en effet figurer sur la liste des prochaines victimes.
    À chaque fois, le modus operandi est le même et les meurtriers sont introuvables. Certains pensent même qu'ils seraient des revenants noirs de retour pour se venger de leurs bourreaux.
    Inutile de dire que les forces de l'ordre vont avoir quelques difficultés à résoudre l'enquête.
    Parmi elles, deux flics africains-américains qui débarquent chez les suprémacistes blancs de Money, une bourgade du Mississippi, comme des chiens dans un jeu de quilles.
    Dans une écriture aux accents « tarantinesques » qui fait aussi penser aux aventures du « Bourbon Kid » (Sonatine) par sa réjouissante démesure, « Châtiment », sous ses allures de farce allégorique, dénonce le racisme systémique qui gangrène les États-Unis depuis ses origines.
    Je remercie Babelio et Actes Sud pour cette lecture stimulante.

    EXTRAITS
    Quand on veut connaître un endroit, on parle à son histoire.
    C'est un repaire de péquenauds débiles qui sont restés bloqués au XIXe d'avant-guerre et offrent la preuve vivante que la consanguinité ne conduit pas à l'extinction.

    http://papivore.net/litterature-anglophone/critique-chatiment-percival-everett-actes-sud/

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    Couverture du livre « Effacement » de Percival Everett aux éditions Actes Sud

    Catherine L sur Effacement de Percival Everett

    Le personnage principal de ce roman se nomme Thelonious Monk Ellison, plus communément Monk. Écrivain en panne d’inspiration, il revient en visite dans sa ville natale, revoit sa mère atteinte d’Alzheimer, sa sœur médecin comme son frère d’ailleurs. Il est un peu perturbant au début de se...
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    Le personnage principal de ce roman se nomme Thelonious Monk Ellison, plus communément Monk. Écrivain en panne d’inspiration, il revient en visite dans sa ville natale, revoit sa mère atteinte d’Alzheimer, sa sœur médecin comme son frère d’ailleurs. Il est un peu perturbant au début de se trouver face à un texte aux allures classiques de roman américain avec pour personnage principal un auteur, et en fond une famille éclatée, et des ressentiments larvés entre ses membres. Mais cela ne dure pas longtemps !
    Le roman se présente comme un journal intime, mais destiné à la postérité, de Monk. Cette contradiction n’est qu’une parmi d’autres d’un personnage peu commun. Ce personnage créé par Percival Everett possède une manière surprenante d’insérer dans son journal des intermèdes sur la menuiserie ou la pêche, ses passions, ainsi que le contenu carrément hermétique d’une conférence sur le nouveau roman ou des idées de roman qu’il s’empresse de noter en les intercalant dans son histoire.
    Mais le roman constitue surtout une charge féroce, et souvent drôle, contre le milieu américain de l’édition. Tout commence par le bruit, le buzz dirait-on, autour d’un roman écrit par une afro-américaine, qui fait la une des magazines et se trouve en tête des ventes. Monk est offusqué du succès de « Not’vie à nous dans le ghetto » et décide que lui aussi serait capable d’écrire un tel roman, qui de plus, lui serait bien utile pour subvenir aux besoins de sa mère vieillissante et à ses besoins propres… Et Monk passe à l’acte. En découlent des péripéties en cascade parfois dramatiques, parfois réjouissantes.
    Tout cela fonctionne très bien, et même si la forme est parfois déroutante, le tout tient bien la route, et montre l’étendue de la culture et de l’humour de l’auteur. Bon, il me faut avouer que les 80 pages, insérées dans le roman, de caricature de roman à succès dans un style parlé afro-américain des cités, j’ai trouvé ça un poil trop long. J’ai pensé un moment que c’était un peu se payer la tête du lecteur, mais il est bien évident que c’est parfaitement volontaire, et assez indispensable à la perfection de cette satire.

    https://lettresexpres.wordpress.com/2019/02/12/percival-everett-effacement/

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    Couverture du livre « Désert américain » de Percival Everett aux éditions Actes Sud

    Elizabeth Pianon sur Désert américain de Percival Everett

    Théodore Larue, professeur d’université, marié, deux enfants, roule avec la pensée de se suicider lorsqu’il est percuté de plein fouet par un camion. Décapité sous le choc, sa tête roule dans le bas fossé. Les employés des pompes funèbres le recousent approximativement, mais le jour des...
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    Théodore Larue, professeur d’université, marié, deux enfants, roule avec la pensée de se suicider lorsqu’il est percuté de plein fouet par un camion. Décapité sous le choc, sa tête roule dans le bas fossé. Les employés des pompes funèbres le recousent approximativement, mais le jour des obsèques, en pleine messe, il se lève de son cercueil, aussi vivant que vous et moi.
    Bouleversement dans la famille, dans les médias.
    Commence alors un long parcours compliqué pour ce ni mort ni vivant, mais pourtant les deux à la fois.
    Je ne sais plus comment ce livre s’est trouvé dans ma PAL, mais je n’avais pas spécialement envie de le lire.
    Or, j’ai passé un excellent moment.
    C’est bien écrit et l’histoire ne manque pas d’originalité.
    Malgré cette situation difficile, j’ai souri plus d’une fois, ça ne manque pas d’humour.
    Les excès américains tant religieux que sectaires, que scientifiques sont dénoncés clairement.
    Ted ne trouve un sens à sa vie qu’une fois mort.
    Où commence la mort ? où se termine la vie ?
    Sous couvert d’une comédie loufoque, l’auteur pousse à la réflexion sur la vie et la mort.

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