Maria Sanchez

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Couverture du livre « La terre des femmes » de Maria Sanchez aux éditions Rivages

Morgane Maelou sur La terre des femmes de Maria Sanchez

Les femmes dans les exploitations agricoles étaient sœurs d'un fils unique. Sœurs d'hommes forts. Femmes invisibles au service du frère, du père, du mari et des enfants. Femmes qui restaient dans l'ombre, sans voix, se taisant et laissant parler: fidèles, patientes, bonnes mères, nettoyant les tombes, les trottoirs, les façades, expertes en remèdes, cérémonies et berceuses, "aidant" dans les champs, en charge des animaux...
Pourquoi avons-nous banalisé le fait qu'elles soient exclues de notre récit, qu'elles ne fassent pas partie de l'histoire ? Car les premiers. Ceux qu'on voyait. Ceux qu'on pouvait reconnaître, considérer ont été des hommes. C'étaient toujours des hommes qui posaient sourire aux lèvres près de leurs animaux, en propriétaires.
Aujourd'hui, encore, les femmes demeurent trop souvent dans l'ombre.

Maria Sanchez rédige un plaidoyer véhément et argumenté. Elle cite les migrantes victimes d'abus et d'exploitation nombreuses dans les exploitations agricoles actuelles. Les fraises espagnoles que nous mangeons sont infectées de machisme, de harcèlement et d'inégalités.
Les femmes sont sommées par les politiques d'endiguer le problème de la désertification des campagnes. "Elles ne sont pas des réceptacles. Leur rôle ne se réduit pas à repeupler le territoire. Elles doivent bénéficier des mêmes chances, des mêmes droits que les hommes. Avoir accès à tous les services et à toutes les opportunités sans être obligées de quitter le village pour la ville. Ne pas retourner à cette situation si douloureuse d'absence de choix, de résignation sans fin."

Ce texte est une lettre d'amour d'une grande beauté. A la fois confession personnelle, essai politique, poétique et feministe. Lire ce petit livre donne envie d'aller s'asseoir près de sa grand-mère et sa mère pour écouter l'histoire de leurs vies.