Jimmy Liao est un auteur qui place l’observation au cœur de son travail et donc au cœur de la lecture par les autres. On regarde un paysage mêlant êtres et matières pour capter le vivant dans sa complexité. L’album s’ouvre sur une forêt et le narrateur, voix distante qui raconte cette histoire, nous précise qu’il y a un rocher caché derrière cette végétation. Une impression d’être au début du Petit Prince, d’imaginer le mouton dans la boîte ou l’éléphant dans le serpent. Commence alors le long périple de ce rocher qui, dès le départ, est habité et animé par une pensée, des désirs, une envie. Cette vie, qui est bien plus qu’une impression, est renforcée par la vitalité du dessin représentant ce rocher. Il m’a fait penser à la nuit étoilée (titre d’un précédent album de Jimmy Liao) de Vincent Van Gogh. Le rocher est traversé par une lumière intense, par une vie et garde espoir.
Tout au long de l’album, alors que le rocher a été brisé et divisé en deux, la croyance de retrouver l’autre perdure. On voit alors comment il est récupéré, retravaillé, comment il est réduit (dans la forme mais jamais au silence). Malgré l’exil, il croit encore. Les illustrations absolument magnifiques s’inspirent de la peinture, trait d’union entre le réel et l’imaginaire, entre les situations figées des êtres humains et ce monde où un rocher peut espérer et croire. Cet album est un long voyage, fait d’inventivités et de rebondissements. Ces actions sont toujours liées au rocher, qui semble capter les émotions souvent joyeuses à l’origine d’une certaine résurrection. Le rocher est une matière poreuse, vivante, qui s’imprègne des soubresauts émotionnels des humains. Dès que ces émotions, cette joie s’estompent, alors le rocher se brise. Et d’autres êtres viennent le retravailler, prolongeant son existence. Cette répétition nous fait oublier le temps que nous traversons. Jimmy Liao nous embarque pendant des années, des siècles et malgré tout, l’espoir reste.
La rencontre avec le poisson et surtout son sourire est un tournant dans la vie de cet homme, ce personnage principal qui semble perdu dans le quotidien. Il nous apparaît au milieu d’une foule, sans identité et le poisson souriant sera un révélateur de son espoir. Le quotidien de cet homme semble être morne et éteint. Alors, en pleine nuit, le rêve l’emporte et le poisson vole, guidant son humain dans une pérégrination heureuse. Les bâtiments s’éloignent, laissent la place à la nature, à la forêt, à la plage et à l’océan. Il pense, en se plongeant dans l’eau, toucher du doigt la liberté mais est rapidement rattrapé par le bocal. Et là, il se réveille et comprend qu’il faut décrocher.
Avec des couleurs navigant entre l’univers de la nuit et celui de la mer, l’auteur déploie l’envie profonde d’un être submergé par sa vie, sa quotidien et son environnement. Il étouffe et a besoin de prendre le large, de respirer enfin, de vivre. Les mouvements de corps, pleins de légèreté et de vie, répondent au sourire de ce poisson, un sourire aussi mystérieux qu’envoutant. Il peut être sujet à toute sorte d’interprétations et c’est l’attitude de cet homme qui nous en apprendra beaucoup. Peu de mots sont présents dans l’album. Tout passe par les non-dits, par l’image, le mouvement et les couleurs. L’album est d’une expressivité, débordant de tout ce que cet homme a enfoui en lui. Le poisson en facilite l’émergence et l’épanouissement. La fin, éclatante avec ce soleil impérial, conclut joyeusement cette histoire.
Le poisson qui me souriait dans ma maison est maintenant chez lui, dans l'océan. Désormais, l'océan tout entier me sourit. Et c'est bien ainsi.
Une découverte que cet album graphique.
Ce monsieur a un poisson sui lui sourit jusqu'à ce qu'il comprenne, ayant vécu l enfermement lui meme, que son ami le poisson reve de grands espaces.
Un bel ouvrage pour expliquer le besoin de liberté, les notions d emprisonnement, l'amitié, le devouement et l amour.
Les illustrations sont crayonnées, les couleurs sont douces.
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