Avec une infinie douceur et un grand respect, l'auteur décrit ces vies cabossées
Avec une infinie douceur et un grand respect, l'auteur décrit ces vies cabossées
« Le bûcher des illusions » de Frédéric Brunnquell est le récit de sept petites gens, confrontés aux difficultés de la vie.
« J’ai vécu des mois avec ces personnes.
J’ai essayé de les comprendre.
Toutes m’ont ému. Je me suis pris à extrapoler leurs vies pour leur accorder le droit au romanesque.
Il était une fois… »
Le père noël de Lecteurs.com m'a encore gâtée cette année avec ce recueil de récits publié à la rentrée littéraire de septembre dernier. Fréderic Brunnquell était grand reporter, il est désormais réalisateur de documentaires. Il est déjà l'auteur d'un récit de voyage publié chez Grasset Hommes des tempêtes, il se consacre ici à la vie individuelle de personnes ou de familles, oubliées par la société, du travail, de la consommation. Pourtant, de vraies personnalités, qui tiennent les deux bouts avec une volonté qui force le respect. Comme il le dit : "Des gens de la petite classe moyenne devenus les personnages semi-imaginaires d'un livre", là où la fiction finit de compléter les observations et souvenirs de Frédéric Brunnquell.
Ce recueil se compose de huit histoires, huit récits de vie-s d'individus différents, qui ne se connaissent pas, qui n'ont rien en commun si ce n'est une vie de contraintes, de labeurs, de solitude, de difficultés financières, écrasés par le rouleau compresseur d'une économie vacillante, d'un gouvernement aveugle aux difficultés des plus pauvres, de ceux qui ne vivent que de presque rien. Le naufrage des cuirassés présente Sylvie, vendeuse de presse, qui arrive à peine à se faire 500 € par mois et qui persiste à tenir boutique. Le deuxième récit est éponyme, Le bûcher des illusions, Francine et Lydie amies engagées dans le mouvement des gilets jaunes. Ensuite Magda, fille de chagrin, présente Magda, femme de marin, mère de deux grandes filles, qui attend son homme. Nous étions libres présente Marc qui s'évertue à trouver un job dans ses compétences pour quitter sa place de serveur. La jurisprudence des meringues montre Sidonie qui n'arrive plus à vivre de son travail de costumière et s'est réorienté dans le massage, bien malgré elle, une mère de famille de trois ans, qui essaie de s'en sortir avec talent et débrouillardise. Matoub présente un couple dont l'homme Seb cède aux sirènes du populisme alors que sa femme se découvre des origines marocaines. CGT OK s'épanche sur Marion, coiffeuse à domicile, épouse de Antoine, cadre dans une enseigne de hard-discount, dérouté par les procédures humiliantes mises en place pour diriger les employés.
Que des personnes avec des rêves pleins la tête, des personnes lambda, de classe moyenne, qui se mettent en quatre pour s'en sortir, et qui n'arrivent que très difficilement à boucler leurs fins de mois. Il y a ces couples ou les hommes doivent partir loin pour assurer un revenu minimum au foyer, la femme est seule pour s'occuper ce qu'il reste justement du foyer, des femmes qui ont des idéaux, assurer une mission de service public, un combat des gilets jaunes, ou un des hommes qui essaient de reprendre confiance. Des femmes et des hommes qui recherchent toutes les solutions possibles pour sortir la tête de l'eau, ce n'est pas faute de volonté, de travail et de détermination. Des personnes essentielles à la bonne marche de la société, marin, serveur, commerçante, infirmière, maraîcher, cadre, qui pourtant étouffent sous la lourdeur d'un système qui ne donne à ces travailleuses et travailleurs qu'un salaire minimum en contrepartie d'une charge de travail et une pression toujours plus lourdes.
J'ai beaucoup aimé l'œil du journaliste, la plume de l'écrivain, le respect de l'homme pour la vie des personnes qu'il décrit : il appuie le doigt exactement là où cela fait mal, dans un monde où l'on accuse les gens de ne pas travailler, et de manquer d'effort alors qu'ils se donnent corps et âme, qu'ils se montrent courageux, volontaires et inventifs, assez résilients pour surmonter les difficultés qui se dressent devant eux. Frédéric Brunnquell parle de toutes ces Françaises et Français avec tendresse, toujours avec un grand respect pour souligner la dignité qui est la leur et dont ils ne se départissent jamais, et avec précision. Car il y a toujours le détail, ces anecdotes, qui donnent vie à ces hommes et femmes, et n'en font pas seulement des personnages de papier caricaturaux.
Le titre choisi pour ce recueil n'est pas inopportun : le constat est violent. L'œil extérieur de l'auteur montre, sans jamais le dire, les illusions perdues de ces travailleuses et travailleurs, leur compagne et compagnon respectif, dont l'investissement personnel, professionnel et social ne sera jamais à la hauteur du résultat qui en découle. Le deuxième récit, celui qui met en scène un rassemblement de gilets jaunes, est particulièrement révélateur : de la distance de lecteur, enrobée de l'actualité économique, qui sont les nôtres, on ressent l'inanité de l'action des deux femmes, d'une croyance trop forte en des idéaux illusoires et qui, comme on a pu le constater, s'avéreront vains. La violence de ces existences est incarnée par cet incendie volontaire qui clôt le deuxième récit, un feu destructeur symbole de la perte des illusions. Il y a le récit qui évoque également le populisme qui va croissant avec les difficultés financières que connaissent les Français (...)
Ils s'appellent Soazic, Marc ou encore Sylvie, ce sont des anonymes et pourtant le temps d'une nouvelle leur histoire va se jouer sous nos yeux mais ce n'est pas leur histoire c'est celle de milliers de français qui tentent d'accéder le niveau supérieur de l'échelle sociale. S'ils la touchent du doigt c'est pour mieux en redescendre car l'époque dans laquelle ils évoluent ne leur fait aucun cadeau.
"Le bûcher des illusions" c'est donc un recueil de nouvelles cruellement réalistes qui choisit de ne pas romancer la réalité.
Merci à lecteurs.com pour cette découverte.
Comme quoi une bonne intention ne donne pas forcément un bon livre.
Ces nouvelles ont pour ambition de donner la parole aux précaires, aux ouvriers, à ceux qui vivotent de leur travail, qui ont du mal à finir le mois et à toutes les victimes de la mondialisation.
La nouvelle, c'est déjà un style littéraire que j’apprécie peu ; j'ai besoin de suivre les personnages, de m'attacher, d'aller au fond des choses et les histoires racontées ici auraient eu besoin d'être développées pour toucher la lectrice que je suis.
L'écriture est simple et fluide mais la brièveté de ces pans de vie est trop caricaturale pour moi et m'a empêchée d'entrer en empathie avec les protagonistes.
Merci à lecteurs.com pour ce cadeau.
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