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Ingrid Astier nous parle d’amour

Ingrid Astier nous parle d’amour

On ne finira pas d’épuiser Haute voltige d’Ingrid Astier (Gallimard), qui se lit comme un millefeuille de sens, dans lequel chacun vient goûter ce qu’il va y découvrir. Il y a une constante chez cet écrivain qui veut que l’amour soit un enjeu de transformation. Ingrid Astier a bien voulu nous confier son regard sur le sentiment.

 

 

« L’amour est ce qui provoque la métamorphose, on le voit dès la mythologie avec Zeus qui se transformait pour séduire et conquérir. De quoi révéler la transformation par l’amour, car, d’emblée, une part de soi nous échappera pour devenir autre. Dans l’amour, on étend ses propres terres, on n’habite plus le même corps. Le corps amoureux est un corps qui va se faire à l’autre, se polir au contact de l’aimé. Une femme caressée par la main de l’homme s’en voit transformée jusqu’à sa peau qui, physiquement, n’est plus la même, révélée par la caresse, réveillée aux sens. De la caresse à l’étreinte, naît la métamorphose d’un soi qui connaît son propre dépassement dans l’élan vers l’autre.

Voilà l’esprit qui infuse Haute Voltige.

Quand on tombe amoureux, quelle part en nous est dans la chute ? Puisqu’on tombe amoureux. De certaines histoires, on dit bien qu’on ne s’en relèvera pas. Dans cette acceptation de la chute, de la perte, du danger, l’enchantement comme les ennuis commencent. Les hommes qui approchent l’amour dans Haute voltige (Astrakan, Ranko, Stéphan, Sébastien, Carmel…) sont menacés. Ce sont des hommes au bord de l’abîme : vont-ils s’engager dans cet amour, choisir l’intensité tel Faust et son pacte diabolique avec le temps — pour que l’instant dure et atteigne l’éternité ? Contre le fade, l’intensité. Où va mon choix ? Me sentir vivant, m’arpenter inlassablement ? Ou vais-je opter pour une vie confortable dans une sorte « d’assurance-vie » ? Mais l’assurance-vie, c’est la mort ! Le danger, on le voit, n’est pas réductible au risque.

Ce qui me plaît dans ces personnages masculins est qu’ils sont prêts à payer très cher le prix de l’amour — l’amour qui n’est autre que la vie superlative. De façon générale, j’aime mes personnages. Je les regarde avec curiosité et bienveillance. La société est, elle, cruelle et simplificatrice. Elle n’a pas le temps du détail. Elle catégorise, gauchit, salit. La beauté comme l’enthousiasme deviennent douteux. Règne une redoutable toxicité. Mon écriture lutte contre cette toxicité qui émousse sensations et émotions. Elle lutte pour l’intensité et l’engagement dans chaque instant car ce qui fait peur aujourd’hui, c’est la beauté. Je ne cherche ni à me barricader ni à me protéger dans l’écriture. Elle m’expose et me dénude. Et si je suis à vif, tant mieux. L’écriture va puiser dans une géologie profonde, intense et vraie. Car dans la fabrique fictionnelle, seule compte la sincérité. »

 

Propos recueillis par Karine Papillaud

 

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