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[Chronique] #52 Club des Explorateurs : Laëtitia et Margot ont lu « Le goût du large » de Nicolas Delesalle

[Chronique] #52 Club des Explorateurs : Laëtitia et Margot  ont lu « Le goût du large » de Nicolas Delesalle

[Chronique] #52 Club des Explorateurs : Laëtitia et Margot ont lu « Le goût du large » de Nicolas Delesalle 

Le Club des Explorateurs permet chaque semaine à deux lecteurs de lire en avant-première un même titre que nous avons sélectionné pour eux et de confronter ainsi leur point de vue.

Cette semaine, nos deux explorateurs ont lu « Le goût du large » de Nicolas Delesalle  (Prélude)

 

L’avis de Laëtitia Lochard :

L’auteur Nicolas Delesalle part d’Anvers pour 10 jours sur un cargo rempli de conteneurs pour rejoindre Istanbul. Un cargo, c’est grand et à par l’équipage il y a peu de tourisme, pas d’activités, pas de piscine, pas de dancing, mais du temps, du temps qu’il faut meubler. Le narrateur va le passer en se remémorant les souvenirs de ses reportages, qu’il ouvre un a un comme des conteneurs que l’on vide. Il nous entraînera sur l’île de Sumatra, en Russie, en Afghanistan, au Mali, au Niger, en Côte d’Ivoire, l’Egypte, la Tunisie… Ce tour du monde est un dépaysement total pour nous les lecteurs alors que pour le journaliste, c’est un voyage intérieur qui durera 10 jours et qui ne le laissera pas indifférent.

La construction du livre, une journée sur le cargo quelques conteneurs de souvenirs qui se vident, a été comme une longueur de piscine. Le 1er chapitre me permet de respirer, de faire le vide, de me préparer au plongeon; car oui les autres chapitres m’ont engloutie. Je fais ma traversé en retenant mon souffle suspendu à ce récit, la fin de la journée se termine, je remonte pour repartir le lendemain vers une nouvelle destination. Cette structure donne une dynamique au roman, une force, les mots sont justes, bien choisis en particulier pour évoquer les passages les plus forts en émotions (pour moi ce fut le chapitre ‘une longue histoire africaine’).

Il y a beaucoup de passages qui me font vibrer, réfléchir, me font faire un voyage à l’intérieur de moi. J’ai aimé la description des éléments : le ciel, la mer avec une seule couleur, le gris, mais une palette de gris. Je suis tombée amoureuse du Congo quand il décrit ce qu’il vit « Nous roulons dans ce tourbillon de couleurs, le grenat de la piste, les verts de la végétation, les étincelles nacrées des papillons et l’or usé du soleil qui s’écroule. »

Je trouve que ce roman est une réflexion sur soi-même, on n’a pas tous la possibilité de partir une semaine sur un cargo pour faire le point pour vider ses conteneurs et en remplir de nouveaux, mais on peut tous se poser et on peut aussi retenir une partie de la leçon que Nicolas Delesalle a apprise sur le cargo « renoncer à l’efficacité pour profiter de la beauté. Ne pas courir partout sur le navire afin d’en connaître chaque recoin. Juste s’asseoir sur le pont et regarder la mer danser dans les lueurs du couchant sans plus penser à rien. » Oui, réapprenons à posséder le temps, à en être le maitre, le gardien comme si c’était un trésor, et on revient aux premières phrases du roman « le temps » « j’allais soudain en être riche, » Ce rêve peut être réalisable malgré comme le dit Maïté (la seconde passagère du cargo) « il y a toujours une bonne raison de ne pas se lancer, il faut aller au – delà. »

Je n’aurais qu’une phrase à dire pour conclure : lisez ce roman. Lisez-le et laissez-vous emporter par ce voyage. Ce voyage bouleversant par les paysages, les situations des protagonistes. Ce livre m’a emporté dans un tourbillon de sentiments.

Merci Nicolas Delesalle pour se magnifique voyage qui m’a entrainé vers de multiples horizons et qui me donne très envie d’être maitre de mon temps.

© Laetitia LOCHARD

 

L’avis de Margot Szablewski :

Dans ce second roman, l'auteur nous fait partager son expérience de reporter à travers un voyage en cargo. Dans ce voyage peu ordinaire de 9 jours à bord d'un cargo de marchandises qui part d'Anvers à destination d'Istanbul, l'auteur nous livre ses souvenirs de reportage qu'il consigne avec une pureté, une véracité, une émotion palpable et pleins de détails.

On y côtoie la guerre , la misère, l'amitié , la peur et la compassion à travers ses yeux et les yeux des personnes qu'il rencontre. Ce qui m'a le plus touchée et affectée c'est la rencontre en Afrique avec les deux bébés prématurés Asma et Asmara , sûrement mon instinct de maman. On se rend compte qu'un fait banal chez nous , la survie de prématurés , est un combat, une course d'obstacles à d'autres endroits de la planète, une sorte d'injustice , une répartition des chances de vivre mal répartie.

Dans ce roman il consigne également sa vie quotidienne sur le cargo avec l'équipage pour la plupart des Philippins qui font des sacrifices de leur vie familiale pour quelques euros de plus...pour quelques jours meilleurs contre tant de temps perdu sans voir grandir leurs enfants, sans partager le quotidien des personnes qui leur sont chères. C'est là le prix d'un avenir meilleur, s'amputer du temps pour se rendre compte à quel point celui-ci est précieux et qu'aucun retour en arrière n'est possible.

Ce livre est une prise de conscience sur la vie, sur le monde, sur le destin et le sort d'autres humains, il nous met en face de réalités relatées par nos médias mais qui à force d'évidences nous rendent moins empathiques, moins sensibles et concernés.

Le ton du livre est fluide, poétique, véridique, sans pudeur et d'un partage infini, on se sent porté par les flots, les mouvements du cargo. On a des sourires, des larmes, de l'angoisse, tant de sentiments qu'on ne ressent plus, en même temps.

J'ai adoré ce roman, j'ai apprécié chaque escale réelle ou virtuelle, j'ai adoré flâner sur le pont et observer ces containers et partager un peu de temps avec tous ces gens...

Alors embarquez à bord du MSC Cordoba et laissez-vous porter par les remous, contemplez les paysages et partagez votre quotidien, un peu de temps avec Angelo, Maité, Ramis, Ruben et les autres membres d'équipage ou les personnages des souvenirs de Nicolas Delesalle. Vous en sortirez grandi sans aucun doute, votre regard sur la vie et votre rapport au temps prendra toute l'ampleur et le goût du large...bon voyage...

© margot szablewski

 

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