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Vous prendrez bien un peu de soleil et d’été dans vos vies ? Alors que le beau temps estival peine à s’installer dans une bonne partie du pays, la meilleure option reste encore de se plonger dans des lectures gorgées de soleil, qui hument bon le sable chaud et l’été. C’est le cas notamment du premier livre de Rémi Baille, « Les Enfants de la crique » qui correspond pleinement à l’archétypique du roman méditerranéen/sudiste. Un roman solaire et tragique à la fois, en ce qu’il aborde des considérations écologiques à travers les rapports entre l'humain et les éléments de la nature qui l'entourent.
Rémi Baille invite son lecteur à un voyage au cœur de la crique de « Longo Maï », un lieu mystérieux où une petite communauté y vit en vase presque clos, à l’abri des regards, entre bougainvilliers flamboyants et mer azur. Un lieu de partage symbolisé par cette buvette tenue par Cascade où le rapport au temps est différent, et qui réunit toutes les composantes des changements structurels dans l'actuelle Méditerranée.
Nous suivons en priorité dans cette crique, les deux jeunes Coco et Nine. 18 ans à peine. Lui est pêcheur et son père vient de mourir. Il doit rester là et se confronter au réel. Elle, c'est Nine, et vit dans un cabanon se trouvant à l'opposé du jeune garçon. Elle est de par son âge invitée à se sentir libre, sans aucune entrave. Ces deux-là vont dans cet été caniculaire finir par s'aimer, tandis que le personnage de "La Douane", vigie et sentinelle, veut tout garder et transmettre.
Un drame va bousculer ce fragile équilibre installé dans les cœurs. Et le roman de Rémi Baille se transforme au fil des chapitres en un récit à la fois écologique, et d'immersion, avec plongée dans l'antre des souvenirs de l'Éden perdu…
Écrit presque sans dialogue, dans une prose qui rappelle Julien Gracq, ce roman d'évasion et d'immersion au vocabulaire très riche - mais très accessible – réussit à mélanger des formes littéraires très différentes comme le conte ou encore la chanson, tout en offrant un propos engagé et très contemporain.
Au-delà de quelques passages particulièrement réussis sur les amours déçus, on comprend rapidement que l’essentiel du propos réside dans cette ode à Dame Nature, et en particulier aux paysages méditerranéens chers au primo-romancier qui enchaine de longues descriptions inspirées du décor. Dans l’esprit du « nature writing » à l’américaine, le lecteur savoure la quiétude du lieu et se retrouve transporté dans cet endroit coupé du reste du monde.
Tout y est : l'innocence de la jeunesse, la douceur de la mélancolie, la solidarité des habitants, les traditions qui perdurent, l'émerveillement des paysages et de cette végétation… Idéal pour les beaux jours, à l'ombre d'un pin ou sous la protection d'un parasol.
Et puis tout s'accélère avec le drame, le rythme devient saccadé, les mots crépitent comme une flamme. L'écriture trahit l'urgence, la violence, dépeint la peur, jusqu’à un point final - sans esbrouffe - qui arrive très rapidement (peut-être trop rapidement ?).
Un premier roman protéiforme, avec une construction singulière et une écriture remarquable. On mesure tout l’attachement de l’auteur pour ces terres méditerranéennes et le lecteur est plongé dans ce presque huis-clos à la fois ensoleillé, caniculaire et… incendiaire.
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