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Penser la laïcité

Couverture du livre « Penser la laïcité » de Catherine Kintzler aux éditions Minerve
  • Date de parution :
  • Editeur : Minerve
  • EAN : 9782869311350
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

Voici plusieurs années que Catherine Kintzler tente d'élaborer une construction philosophique du concept de laïcité. Elle en a proposé en 2007 (Qu'est-ce que la laïcité?, éd. Vrin) une exposition raisonnée de type « académique ». Il s'agit ici pour elle d'exposer et de reprendre cette réflexion... Voir plus

Voici plusieurs années que Catherine Kintzler tente d'élaborer une construction philosophique du concept de laïcité. Elle en a proposé en 2007 (Qu'est-ce que la laïcité?, éd. Vrin) une exposition raisonnée de type « académique ». Il s'agit ici pour elle d'exposer et de reprendre cette réflexion de manière plus ample, tout particulièrement en la jugeant à l'aune de l'actualité. En effet, on doit pouvoir attendre d'une théorie qu'elle soit capable d'élucider le plus grand nombre possible de phénomènes entrant dans son champ, et qu'elle soit en mesure soit de prévoir de manière détaillée des phénomènes inédits, soit d'y faire face de manière tout aussi détaillée s'ils se présentent.
Dans cet esprit, plusieurs « questions » et « fausses questions » laïques qui ont jalonné de manière décisive les deux dernières décennies sont abordées comme autant de défis où la pensée est mise en demeure et où la théorie est mise à l'épreuve. Qu'est-ce que l'extrémisme laïque ? Pourquoi ajouter un adjectif au substantif « laïcité » (ouverte, positive, raisonnable, plurielle..) ? Comment se justifie la laïcité scolaire, peut-on l'étendre à l'enseignement supérieur ? L'interdiction du voile intégral est-elle d'inspiration laïque ? La liberté des cultes requiert-elle un soutien public ? Une entreprise peut-elle revendiquer la laïcité, peut-elle l'imposer à son personnel ? La laïcité est-elle contraire à l'existence de communautés particulières ? L'appel à la distinction entre « public » et « privé » est-il pertinent et éclairant ? Y a-t-il une « spiritualité laïque » ? Que veut-on dire lorsqu'on parle de « morale laïque » ? Autant d'interrogations « de terrain » qui non seulement sont susceptibles de tester la construction théorique proposée, qui non seulement permettent de l'élargir et de la rendre plus fine, mais qui engagent, si l'on y pense bien, des questions majeures, par exemple et entre autres : la nature du lien politique, les rapports entre différentes formes et moments du concept de liberté, la notion de communauté, celle d'identité de la personne, les concepts d'adogmatisme et de position critique et avec eux le statut de la culture, celui de la morale et de la perfectibilité humaine. Elles sont soulevées ici à l'occasion de situations concrètes ; l'auteur prétend pas les « traiter » de manière exhaustive ; il s'agit de les faire surgir, de révéler leur pertinence et leur pouvoir de réflexion. En un mot, il s'agit de montrer que la pensée n'est jamais superflue, et qu'elle est toujours urgente.
Chemin faisant, quelques idées couramment admises concernant la laïcité sont examinées et récusées.
- Le noyau philosophique de la différence entre régime de tolérance et régime de laïcité n'est pas la séparation des Églises et de l'État : c'est l'abandon de la modélisation religieuse pour penser le lien politique et l'affirmation de la liberté de conscience à un niveau plus élevé et plus général que celui de la liberté des cultes.
- Ce qu'il y a de plus opposé à la laïcité, ce ne sont pas les religions, c'est la notion de religion civile, c'est conséquemment l'idée que le lien politique est un objet de foi et qu'il est requis d'y adhérer, c'est l'idée que pour être un bon citoyen il faut adopter des « valeurs ».
- En régime laïque, la pensée du lien politique ne repose pas sur la primauté du « vivre-ensemble », mais sur celle de la possibilité du « vivre-séparément » comme condition du vivre-ensemble. La force de ce lien tient à la liberté de chacun de ses atomes qui y consentent. A quoi bon s'associer aux autres si ce n'est pour étendre sa liberté et la rendre plus sûre ?
La laïcité, montre Catherine Kintzler, est une idée à la fois simple et difficile - ce n'est pas incompatible. C'est paradoxalement sa pauvreté (ou son minimalisme) qui en fait la puissance et la richesse en conséquences. Il ne sert à rien de dire qu'elle est abstraite : son efficacité concrète s'apprécie à la quantité de liberté qu'elle rend possible.

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