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Ils m'appelaient doctor John ; médecin d'urgence en syrie

Couverture du livre « Ils m'appelaient doctor John ; médecin d'urgence en syrie » de Jean-Claude Lefevre aux éditions La Manufacture De Livres
  • Nombre de pages : 224
  • Collection : (-)
  • Genre : (-)
  • Thème : Action sociale
  • Prix littéraire(s) : (-)
Résumé:

Que venons-nous chercher dans ce pays en guerre et en détresse. Ce pays où de jeunes hommes meurent pour une démocratie dont ils ignorent tout, ou s'entretuent au nom d'une religion qui, comme toutes, est pervertie par ceux qui en vivent. Ce pays où leurs pères achètent encore, pour quelques... Voir plus

Que venons-nous chercher dans ce pays en guerre et en détresse. Ce pays où de jeunes hommes meurent pour une démocratie dont ils ignorent tout, ou s'entretuent au nom d'une religion qui, comme toutes, est pervertie par ceux qui en vivent. Ce pays où leurs pères achètent encore, pour quelques moutons, une nouvelle femme de 17 ans, pour peu que leur mère ne soit plus apte à procréer ou à s'épuiser aux champs. Ce pays où des enfants meurent carbonisés, au bord d'oliveraies idylliques, quand la famille, faute d'électricité, raffine du pétrole brut. Ce pays où des médecins étrangers viennent, pleins de bonne volonté, imbus d'un savoir bien vite relativisé, débordés par leurs insuffisances, se confronter au plus profond de la souffrance, de la misère et de la mort. Quel but a cette quête, une reconnaissance, une expérience humaine, médicale ?
Certains doutent, mais soignent avec leurs moyens, retrouvant, parfois la peur au ventre, des gestes et des techniques qui n'ont plus cours chez eux. D'autres se posent moins de questions, et se prenant pour des sauveurs, risquent d'y perdre leur âme.
Que suis-je venu chercher ?
Baroud d'honneur de ma carrière médicale, relativité de mes problèmes personnels face à l'ampleur d'autres souffrances, mise à l'épreuve de ma résistance physique ou psychologique, recherche de qui, de quoi, de moi ! Aurai- je un jour la réponse ?
Je garde au fond des yeux des images indélébiles : celle de l'enfant carbonisé, geignant encore à travers les orifices de sa face noircie, tendant vers moi ses petits bras cartonnés en un dernier vagissement. Celle de ce jeune soldat anesthésié par la morphine, découvrant son pied mort dans le pansement que j'ouvrais. Le dernier regard de la petite cardiaque emportée par sa mère. Celles de la terreur d'enfant, de la douleur des femmes, du silence des hommes. Mais aussi celles de la reconnaissance de ceux qui ont eu plus de chance . Celle d'une équipe qui ne comprend pas très bien pourquoi, à un âge canonique, Doctor John est venu partager avec eux ces moments de stress, de douleur et un peu de son savoir.
Plus de deux cents médecins partent chaque année en mission avec Médecins Sans Frontières (MSF).
Le « Doctor John » est l'un d'eux. Jean-Claude Lefebvre, de son vrai nom, a découvert sur le tard (à 69 ans) l'aventure humanitaire. Pour sa première mission, il est allé en Syrie au moment où MSF, après avoir monté en juin 2012 un premier hôpital dans la région d'Idlib, ouvrait dans la région d'Alep un nouvel hôpital comprenant une salle d'opération, une maternité et un dispensaire. Il y est resté jusqu'en 2014.
L'aide apportée aux Syriens est peu de choses au regard des besoins médicaux, immenses. Car la guerre a réduit à néant le système de soins et les difficultés sont extrêmes pour intervenir en Syrie. Les médecins syriens font l'impossible pour continuer à travailler alors que les hôpitaux sont ciblés. Et le conflit continue de faire des ravages. Aux urgences, le « Dr John » en a eu un petit aperçu : beaucoup d'enfants grièvement brûlés par des explosions, des blessés, des patients avec des fractures ouvertes qui arrivent plusieurs jours après l'accident. Il raconte ici ses longues journées de travail, il se souvient aussi de discussions qu'il a eues avec les autres membres de l'équipe MSF, en particulier avec des collègues syriens. Face à toutes ces souffrances, « on ne peut pas s'habituer ».

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