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Bossuet et la rhétorique de l'autorité

Couverture du livre « Bossuet et la rhétorique de l'autorité » de Anne Regent-Susini aux éditions Honore Champion
Résumé:

La présente étude se propose de revisiter tout autant que de questionner une doxa, celle d'un Bossuet à la voix tonnante, au verbe triomphant. Apparemment monolithique, le discours de Bossuet se révèle en effet parcouru par de multiples tensions.
Poursuivant le rêve toujours réaffirmé d'une... Voir plus

La présente étude se propose de revisiter tout autant que de questionner une doxa, celle d'un Bossuet à la voix tonnante, au verbe triomphant. Apparemment monolithique, le discours de Bossuet se révèle en effet parcouru par de multiples tensions.
Poursuivant le rêve toujours réaffirmé d'une vérité universelle qui, intrinsèquement dotée d'autorité, n'aurait besoin que d'être énoncée, exposée, pour convaincre, Bossuet renonce en pratique à cette " antiéloquence " et développe dans la majeure partie de son oeuvre une argumentation se voulant, non sans paradoxe, construction d'immédiateté. Il élabore ainsi une rhétorique " anti-conversationnelle " : discours de combat, et non de débat ; de conversion, et non de conversation.
Pourtant, l'intimidation laisse bien souvent place à la construction d'un consensus (homonoia) - et l'affirmation du je à son effacement. Au pathos ouvertement autoritaire de la " pastorale de la peur " répond ainsi un pathos de la communion, trouvant son aboutissement dans ce sublime si souvent associé à la figure de " l'aigle de Meaux ". Surtout, tout en multipliant les postures d'autorité, Bossuet voit finalement sa propre image se dissoudre dans sa labilité même : il se donne dès lors pour le simple porte-parole d'une Voix (ou de multiples voix) qui le transcende(nt), dépossédé plus encore qu'inspiré, relais imparfait tendant en vain vers une pure transparence.
La véhémence de Bossuet et la puissance de son ton impérieux peuvent dès lors être comprises, non comme une mise en scène du je en majesté, mais comme une tentative d'imposer, dans un monde que l'unité et l'immuabilité ont déserté, la seule autorité possible : celle, foncièrement déficiente, de la médiation.

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