Que lire en ce moment ? Voici ce que des lecteurs et lectrices passionnés vous conseillent !
Attention lecteur, avant d’entrer dans cette maison, il faut que tu sois prêt. Prêt à tout affronter, à tout abandonner, à te mettre à nu, à aller fouiller dans tes entrailles. Alors, all in?
Antoine est un joueur invétéré. Mais il ne joue pas à n’importe quel jeu. Il joue au 31, réservé aux initiés, à ceux qui peuvent y aller. Sans limite. All in!
Si les dés tombent juste, une nouvelle existence s’ouvrira à Antoine. La possibilité de se défaire de ses addictions. Vraiment, Antoine ?
Du jeu à la luxure, en passant par l’argent et l’alcool, cet éternel insatisfait passe d’une addiction à l’autre. Antoine peut-il être sauvé par les dés?
J’ai adoré ce second roman de Charles Roux. On y retrouve sa plume si singulière et sa critique acerbe de la société. Torturé, il l’est sans doute un peu. Monstrueusement machiavélique, il l’est absolument. Aux côtés d’Antoine, il nous fait sortir de notre zone de confort et découvrir notre monstre intérieur.
Le lecteur est bousculé, dégouté, au bord de la nausée. Et c’est ça la littérature aussi, se confronter à ses monstres ! Allez, faites vos jeux, poussez la porte de la maison, allez-y all in !
Cette fiction aux allures d’allégorie fait immédiatement penser à L’homme-dé de Luke Rhinehardt, roman auquel il est fait allusion au cours du récit.
Charles Roux charge son personnage d’un bât d’addictions et l’homme, emprisonné par les mécanismes de son fonctionnement neurologique tente d’assouvir ses désirs en alimentant son circuit de la récompense. Malheureusement, l’addition satisfaite s’auto-alimente dans un cercle infernal incontrôlable. Du jeu à l’alcool, en passant par le sexe, l’homme tente de s’échapper pour mieux retomber.
Le jardin des délices côtoie l’enfer, sans issue possible.
Avec une écriture flamboyante, Charles Roux confirme son talent d’écrivain, dans un univers très personnel qu’il avait déjà bien campé dans Les monstres. Le flux des mots construit un monde unique, très original, où transparait la nature humaine dans ce qu’elle a de plus complexe.
Beaucoup plus court, mais aussi plus concentré que le roman précédent, La maison de jeu se dévore avec une réelle addiction !
A suivre …sans modération !
176 pages Payot et rivages 3 avril 2024
Un second roman époustouflant et dérangeant.
Avec une grande qualité littéraire et dans un rythme endiablé l'auteur vous propose de sonder l'âme humaine dans ce qu'elle a de plus sombre comme un puit sans fond. Des agisssements de plus en plus extrêmes.
Le personnage principal Antoine remplace une addiction par une autre (alcool, sexe, nourriture, drogues...)
Un roman sur les choix de vie à faire ou imposés par d'autres sans jamais se trouver réellement.
Un récit fantastique truffé de références littéraires tel un jeu de piste.
Le bon choix et le bon chemin existent-t-ils vraiment ? Doit-on céder à toutes les tentations du monde consumériste? Est-on vraiment acteur de sa propre vie?
Intense en émotions avec des scènes qui pourraient choquer certaines morales mais qui font un bien fou à lire.
« Les monstres » de M. Charles Roux est un livre déconcertant à bien des égards. Déjà, rien qu’à tenter de le résumer, nous sommes désarçonnés. Car que dire si ce n’est qu’il nous narre l’histoire de la rencontre entre trois personnages : Alice, l’enseignante célibataire avec son golem de glaise, David, le cadre supérieur ambitieux et drogué, et Dominique, la sorcière du récit qui accessoirement est tenancière/tenancier d’un restaurant qui organise des dîners un peu particuliers.
Au-delà de son intrigue peu commune, le roman impressionne par son style. M. Roux s’attache à une écriture exigeante et soignée, et met en place un style qui donne à son récit une ambiance hors du temps, sans qu’on sache bien si l’on est dans notre monde ou dans une sorte d’univers parallèle qui ressemble comme deux gouttes d’eau à ce que l’on connaît. Et puis, grand force aussi, l’auteur s’attache à rendre son récit cinématographique grâce à de courts chapitres, qui nous font alterner les points de vue des trois protagonistes. D’ailleurs, à la lecture, ce sont des références cinématographiques qui me vinrent aussitôt. Feuillade d’abord, et évidemment Franju. Car l’on est rapidement imprégné dans une ambiance fantastique et nocturne, avec un monstre invisible qui rôde, et qui m’a rappelé « Les Yeux sans visage » du grand Franju. Tout en convoquant un je-ne-sais-quoi du « Nightmare Alley » de Guillermo del Toro (un des films les plus beau de 2021, où l’on croise tout un tas de freaks chers à ce réalisateur).
Ces qualités sont trop rares dans la littérature française contemporaine pour ne pas être soulignées, et ce ne sont pas les quelques défauts du roman qui les effacent. Les points faibles sont à mes yeux des défauts certainement inhérents au fait qu’on a affaire à un premier roman. La tentative de mettre en place un vouvoiement et un tutoiement pour deux des personnages m’a paru tenir plus de la posture que d’une réelle recherche stylistique dans la lignée du nouveau roman. Et la seconde faiblesse est la longueur de l’ouvrage, un peu exagérée, car l’ambiance noire et poisseuse ultra réussie perd au fil du temps de sa force, et la tension dramatique se dilue quelque peu avec la longueur. Mais difficile de reprocher à l’artiste d’avoir voulu faire durer le plaisir et, comme dans les potions que prépare Dominique, tout est question de dosage.
Au final, je comparerai « Les monstres » à l’un des premiers romans du maître Roberto Bolaño. Non que les styles soient comparables, ni même les thématiques abordées, mais l’on trouvera chez M. Roux du noir et du fantasque, et une plume originale et inspirée, comme chez l’immense Chilien. Retenez simplement que « si le monstre n’est personne, autant dire qu’il est tout le monde », et plongez dans l’ambiance pessimiste et inquiétante de cet étrange et très beau premier roman.
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