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Littérature et agriculture : 5 romans puissants et captivants sur notre rapport à la ruralité

Une plongée dans la vie rurale d'hier et d'aujourd'hui, par des auteurs français et étrangers

Littérature et agriculture : 5 romans puissants et captivants sur notre rapport à la ruralité

Difficile de trouver sujet plus actuel que l’agriculture en littérature. Constamment au cœur des débats politiques et médiatiques, elle a toujours exercé une fascination sur de nombreux écrivains. Synonyme de retour aux sources, de lieux de croissance permanents ou de revendications ferventes face à la mondialisation, la ruralité demeure un espace sans cesse réinventé en littérature française et étrangère.

Voici une sélection de cinq romans qui ne manqueront pas de faire voyager le lecteur dans cette atmosphère particulière.

  • 5 romans du moment sur l'agriculture, à travers les époques et les lieux

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      Couverture du livre « Du même bois » de Marion Fayolle aux éditions Gallimard

      Du même bois de Marion Fayolle

      Impossible de passer à côté du premier roman de Marion Fayolle qui a brillamment su se distinguer lors de la rentrée littéraire d’hiver. Déjà connue des lecteurs pour ses illustrations de presse, la prose s’est sensiblement imposée par le prisme de la vie à la campagne. Du même bois (Gallimard) raconte la cohabitation d’une famille dans une grande bâtisse de ferme. D’un côté, les jeunes ; de l’autre, les anciens et au milieu une étable, ses vaches et ses veaux.
      Chaque membre a un rôle crucial, des besoins et des inquiétudes, qui mutent, et se transmettent de génération en génération. Les anciens racontent aux plus jeunes les histoires joyeuses et les grands drames qui façonnent leur famille. Les animaux, quant à eux, incarnent une continuité avec les humains. Ils ont une âme profondément enracinée dans ce lieu, projetant parfois sur eux certaines émotions humaines. On aime une poule faisane comme son âme-sœur, on a peur de ne pas aimer son nouveau-né comme la vache renie parfois son veau. Dans ce paradoxe des relations qui unissent éleveurs et bêtes, la beauté poétique de l’animal est intacte : « Personne ne voit que c’est beau, que cette vache, ce n’est pas un vieux torchon sale mais un tableau, une percée sur le monde, une promesse d’évasion ». La primo-romancière délivre un roman remarquable par sa complexité et son charme naturel.

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      Couverture du livre « Plus grands que le monde » de Meredith Hall aux éditions Philippe Rey

      Plus grands que le monde de Meredith Hall

      Meredith Hall est sûrement la preuve vivante qu’il n’est jamais trop tard pour se lancer dans l’écriture et publier son premier roman. L’écrivaine américaine de soixante-quatorze ans s’est elle aussi inspirée du milieu rural pour écrire Plus grands que le monde (Philippe Rey). Doris et Tup se marient en 1933 et héritent d’une immense ferme laitière. La maison est restée dans son jus, les planchers sont « enfoncés, rayés, si lisses et noircis après avoir été foulés et récurés pendant cent ans qu’on dirait de vieilles chaussures avachies ». La période n’est pas la plus adéquate pour gagner correctement sa vie et la Grande Dépression a laissé des séquelles mais le couple s’engage avec détermination pour assurer la pérennité de son exploitation. Sonny, Dodie et Beston, naissent de leur union et participent quotidiennement aux tâches de la ferme.
      Le temps semble suspendu dans ce lieu et dans cette famille extrêmement unie où tout suit son cours paisiblement, où chacun donne du cœur à l’ouvrage. Un événement dramatique vient cependant ébranler cet équilibre. Les questions fusent, qui est le fautif ? Comment faire face, désormais ? Meredith Hall offre un roman très émouvant sur l’amour familial et la nécessité absolue de résilience. Une vraie réussite.

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      Couverture du livre « Corps de ferme » de Agnes De Clairville aux éditions Harpercollins

      Corps de ferme de Agnes De Clairville

      Au lendemain du succès critique de La Poupée qui fait oui (Harper Collins), son premier roman, Agnès de Clairville explore une tout autre thématique avec Corps de ferme (Harper Collins) en conservant cette identité propre : imaginer des personnages en laissant émerger toutes les facettes de leur personnalité avec brio et leurs désirs singuliers. Ici, les animaux jouent un rôle majeur dans cette ronde intime en devenant narrateurs de l’intrigue et racontent leur existence à la ferme au sein de la famille qui les élève. Le lecteur se confronte vigoureusement aux défis auxquels sont confrontés les humains comme les animaux dans cette ferme : simplement survivre.
      Les bêtes sont souvent négligées et les exploitants agricoles sont, quant à eux, accablés par l’inquiétude et l’épuisement, victimes d’une invisibilité récurrente dans la société. Malgré un exercice littéraire d’une grande exigence, demandant parfois une certaine concentration pour s’immerger pleinement dans chaque point de vue, il décrit une réalité criante et brutale qui mérite amplement le détour pour comprendre les tenants et les aboutissants d’un problème social persistant.

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      Couverture du livre « Va où la rivière te porte » de Shelley Read aux éditions Robert Laffont

      Va où la rivière te porte de Shelley Read

      Cap sur le Colorado des années quarante avec Va où la rivière te porte (Robert Laffont), excellent premier roman de l’écrivaine américaine Shelley Read. S’inspirant de sa terre natale, l’intrigue se déploie à Iola, une petite ville entre montagne et rivière nichée dans les grandes étendues de cet Etat central des Etats-Unis. Victoria Nash n’a que douze ans lorsqu’un accident décime une partie de sa famille. Elle devient alors la seule femme de la maisonnée, continuellement soumise aux corvées ingrates que les hommes lui font subir. Une existence empreinte d’amertume.
      Quelques années plus tard, alors qu’elle assure la gestion du verger de pêches familial, la jeune femme fait la rencontre de Wilson Moon, un vagabond échappé d’une mine de charbon qui dénote par sa peau sombre. Il lui faudra peu de temps pour en tomber éperdument amoureuse, un bonheur éphémère car les hommes de la famille s’opposeront farouchement à cette union avec un « Indien ». Si Victoria est bien déterminée à vivre cet amour contre vents et marées, les éléments naturels chahuteront quelque peu ses plans, la poussant à se dépasser alors que tout lui échappe. A commencer par la submersion de sa ville sous les eaux… Va où la rivière te porte est un réel page-turner.

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      Couverture du livre « La clairière » de Melinda Moustakis aux éditions Gallmeister

      La clairière de Melinda Moustakis

      Pour conclure cette sélection, La Clairière (Gallmeister) de Mélinda Moustakis fera invariablement voyager le lecteur dans des contrées moins abordées que d’autres en littérature. Marie et Lawrence incarnent parfaitement le couple de pionniers dans l’Alaska des années cinquante. Leur rêve est assez simple sur le papier : aménager une parcelle de cent cinquante acres nouvellement acquise. Arrivant tout droit du Texas, Marie voit ce territoire comme une opportunité de découvrir autre chose dans un environnement fait de cimes à perte de vue et d’étendues de neige fraîche. Si le pari n’est pas évident, le couple tente l’aventure. Les années passent, le lopin de terre du couple prend vie mais c’est sans compter l’Alaska qui mute à son tour, s’ouvre au monde et se modernise pour devenir un état à part entière.
      Le premier roman de l’autrice est particulièrement empreint de nature writing en donnant à ce territoire vierge et difficilement domptable un rôle plus que central dans l’intrigue. La poésie inhérente aux grands espaces imprègne tout ce texte et Mélinda Moustakis propose une immersion qu’il sera bien difficile de décliner.

Une sélection de Marie Jouvin

 

 

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