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« Le Clou » de Zhang Yueran, deuxième du Palmarès des Explorateurs - catégorie roman étranger

Une plume précise et ultrasensible pour la romancière chinoise, dont c'est le premier roman traduit en France

« Le Clou » de Zhang Yueran, deuxième du Palmarès des Explorateurs - catégorie roman étranger

Le Clou est son premier roman traduit en France, et c’est avec ce livre que l’auteur chinoise Zhang Yueran fait une arrivée très remarquée dans le monde littéraire français.

Sans mélange, les lecteurs de lecteurs.com l’ont plébiscité comme l’un des meilleurs romans de la rentrée, juste après le nouveau Jonathan Coe.

Un auteur à suivre, décidément.

 

Bill

Li Jiaqi et Cheng Gong, trentenaires au parcours chaotique, se retrouvent après des années passées sans se voir. Ils se sont croisés à l'école primaire, ont lié amitié sur leur solitude d’enfants aux pères absents, l'un marchand à Pékin, l'autre plus ou moins malfrat. Ils se retrouvent et se racontent ce qui a fait d'eux ceux qu'ils sont devenus aujourd'hui.

Le grand père de Cheng Yong était confiné à son lit d’hôpital, absent à lui-même, depuis qu’un clou avait été planté dans son crâne lors d’une séance d’autocritique de la Révolution Culturelle. Sa chambre d’hôpital était un refuge pour les deux enfants qui y construisaient des histoires à la sortie de l’école, le grand-père devenant un témoin ou un protagoniste selon les jours.

Une fois adultes, Li Jiaqi, la jeune femme, cherche à découvrir la vie pékinoise de son père disparu prématurément. Cheng Gong est obsédé par l’accident de son grand-père. Qui a pu être assez vicieux pour enfoncer un clou dans le crâne d’un autre homme ? Au fil de leurs récits croisés, on découvre des personnages communs à leurs histoires parallèles, des questionnements se lèvent.

 

Christlbouquine

Quelle belle idée de traduire pour la première fois en France un roman de l’auteure chinoise Zhang Yueran.

Ce récit plein de poésie et de nostalgie est extrêmement touchant et les deux personnages qui portent cette histoire sont magnifiquement incarnés.

La relation entre Li Jiaqi et Cheng Gong est évidemment au centre du livre. Une relation qui s’est construite, on le comprend très vite, sur la solitude que ressentaient les deux enfants à l’époque. Mais aussi sur un effroyable secret qui relie les deux familles et qui prend sa source lors de la Révolution culturelle lancée en 1966. Un secret dans lequel le clou du titre joue un rôle essentiel.

Zhang Yueran signe là un roman profond et ultrasensible, plein de mélancolie. Il s’agit pour moi d’une véritable rencontre et d’un coup de cœur. J’attends maintenant avec impatience les précédents romans de cette auteure, avec peut-être une traduction de Dominique Magny-Roux dont le travail me semble rendre parfaitement justice au texte de Zhang Yueran.

 

Marie Kirzy
J’ai été littéralement happée par la plume précise et ultrasensible de cette jeune auteure chinoise, reconnue dans son pays, mais traduite en France pour la première fois. Cette grande connaisseuse de la littérature française a dit dans une interview que Flaubert était son modèle absolu. Et c'est vrai qu’elle accorde une place prépondérante à la psychologie profonde des personnages, à leurs failles, leurs tourments, dans une atmosphère nostalgique propice aux flots des souvenirs qui les assaillent progressivement. C'est presque construit comme un thriller de l'intime pour découvrir le drame, l'événement qui a séparé les deux personnages et les a amenés à être ce qu'ils sont aujourd'hui.

C’est là que le roman déploie son ambition,  prend toute son ampleur en mêlant cheminement introspectif de l’individu aux soubresauts de l’Histoire. En fait, à travers le portrait de ces deux trentenaires en plein mal-être, à travers les destinées de leurs deux familles, Zhang Yueran met à nu les nombreuses couches de la Chine moderne. Elle possède un réel talent de conteuse, son récit, très méticuleux, est incroyablement bien construit, éclatant de vigueur avec, au centre, la mémoire, les souvenirs, les réminiscences qui virevoltent sur trois générations : celles des grands-parents de Li Jiaqui et Cheng Gong ( pionniers communistes combattant le Kuomintang puis médecins dans la nouvelle Chine de Mao ), celles de leurs parents ( nés juste avant la terrible Révolution culturelle qui sévit de 1966 à 1976 ) et la leur, eux qui sont nés dans les années 1990 du boom économique capitaliste.

 

Tassa All

Je n'ai jamais lu quelque chose d'aussi beau en littérature chinoise. Pas à pas, mot après mot, nous suivons les hivers et les étés des deux personnages qui racontent leur passé et qui oscillent entre tendresse et maladresse. Avec un grand soin et une grande délicatesse, la romancière parvient à mettre en équilibre les forces du passé et du présent, s'efforçant de mettre les conflits familiaux de la petite histoire dans la Grande Histoire, celle de la Chine et de sa révolution culturelle, si récente, et ravageuse. Tout tourne ingénieusement autour d'un suspense fragile : le clou, ou la violence de la révolution.

Les sentiments qui pourraient paraître indicibles ou indescriptibles sont décrits avec une splendeur de tous les jours. La plume est à la fois réaliste et sensible. Elle ressemble parfois à l'attente et à la douceur des romans de Yoko Ogawa (comme dans Parfum de Glace). Mais il y a aussi une certaine vigueur dans l'effrayante confrontation entre les générations qui ne se comprennent pas ou plus.

Le plus beau roman fleuve de la rentrée, en tout cas le mieux écrit, que j'aie lu jusqu'ici.

Scrapbooké par Karine Papillaud

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