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"J'y vais mais j'ai peur" de Clarisse Crémer et Maud Bénézit : un journal de bord visuel au graphisme élégant

Quand une navigatrice parvient à nous décrire avec une grande humanité son parcours personnel et la folle épopée du Vendée Globe...

"J'y vais mais j'ai peur" de Clarisse Crémer et Maud Bénézit : un journal de bord visuel au graphisme élégant

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Nous mettons donc régulièrement en avant vos avis éclairés sur des romans de jeunes auteurs, de jeunes maisons d'édition ou moins connues.

Cette semaine, nous avons le plaisir de partager avec vous l'avis de Pierre34 sur le livre J'y vais mais j'ai peur : journal d'une navigatrice de Maud Bénézit et Clarisse Crémer paru aux éditions Delcourt, qui donne très envie de lire cet ouvrage ...

 

L'avis de Pierre34 sur l'album J'y vais mais j'ai peur : journal d'une navigatrice de Maud Bénézit et Clarisse Crémer (Ed. Delcourt)

Les récits d'aventure et de voyages en mer laissent souvent entrevoir une structuration commune : une accumulation de péripéties, une narration très romancée et l'impression que l'aventure se présente "spontanément" au personnage principal. Cela donne en effet de très belles réussites sur le plan de la BD.
Toutefois, cet album autobiographique tire sa grande force de sa singularité à plusieurs égards.

Tout d'abord, Clarisse Crémer est à la fois scénariste et personnage central de l'œuvre sans pour autant être une "professionnelle" de la BD. Non, elle est une navigatrice exceptionnelle qui parvient à nous décrire avec une grande humanité l'épopée du Vendée Globe 2020-2021. Le tandem qu'elle forme avec Maud Bénézit fonctionne à merveille. Les pages défilent et il se construit un récit remontant à l'enfance pour comprendre le cheminement l'ayant conduit à entreprendre une telle expédition. Elle déconstruit au passage avec humour la prédestination à l'aventure et le goût du dépassement de soi.

Toutefois, l'écueil qui peut transparaître dans nombre de récits d'aventure, fictifs ou réels, à savoir la focalisation exclusive sur le personnage principal, est balayé ici. En effet, Clarisse Cremer nous fait vivre de l'intérieur les préparatifs de cette aventure, l'implication de toute une équipe et démontre qu'une aventure ne doit rien au hasard. Même si elle accomplit la prouesse d'un tour du monde en solitaire sur bateau, ses pensées alternent entre sa propre introspection et l'entourage resté à quai : son équipe qui l'aide à distance dans le respect du règlement, son compagnon, sa famille, les médias, d'anonymes écoliers enthousiastes etc ...
L'autre élément marquant de ce récit est la "banalisation de l'ordinaire" au fil des cases sans tomber dans l'ennui. Cela crée un contraste positif entre le caractère extraordinaire du voyage avec les immenses difficultés et le quotidien presque mécanique et bien rôdé de Clarisse. Encore une fois, sa prouesse ne doit rien au hasard et elle ne cesse de rappeler les préparatifs d'une telle expédition, la discipline de fer qu'elle s'impose. C'est une alliance entre le sport de haut niveau et l'aventure moderne
Dans cette perspective, le dessin "non réaliste" et "faussement simplifié" trouve sa pleine expression. Un graphisme élégant pour ce type de BD. C'est un véritable journal de bord visuel qui s'offre à nous, entrecoupé de souvenirs et pensées profondes sur ses doutes, sa motivation, sans tomber dans l'excès. On ne s'ennuie pas. Le dernier élément qui singularise ce récit est son aspect documentaire qui ne tombe pas dans le tout descriptif. Le lecteur se familiarise avec la navigation et apprend à aimer cet univers. Avant d'ouvrir cette BD, je n'avais quasiment aucune connaissance du Vendée Globe et j'ai pris conscience du véritable exploit de chaque concurrent qui parvient simplement à finir le Vendée Globe. Tous les ingrédients d'un bon récit de voyage sont réunis avec un dosage subtil.


La fin de l'album est l'occasion pour Clarisse Crémer de faire un point sur la sous-représentation des femmes dans la navigation, et notamment le Vendée Globe, ainsi que les difficultés telles que la question de la maternité. La suite de son histoire personnelle n'en est malheureusement qu'une confirmation même si son récit garde l'image positive des personnes qui l'ont accompagnée.
Raconter avec des mots ordinaires une aventure extraordinaire en restant les pieds sur terre. C'est au fond ce qui résume le mieux cet album, qui plaira aux curieux comme aux initiés du grand large. La lecture est dense mais c'est un moment de détente.

Lu dans le cadre du Prix Orange de la BD 2024. Je remercie Lecteurs.com ainsi que les Editions Delcourt et la collection Encrages pour l'envoi de cet album."

 

Merci Pierre34 !

 

Pour retrouver d'autres avis sur cet album, c'est ici : J'y vais mais j'ai peur : journal d'une navigatrice

 

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Commentaires (2)

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