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Cinq poètes à découvrir en 2024

La poésie se réinvente : découvrez ses nouveaux talents !

Cinq poètes à découvrir en 2024

La poésie se réinstalle amplement dans le paysage littéraire avec un million d’exemplaires vendus chaque année.

Grâce à de nombreux auteurs, elle se réinvente continuellement pour évoquer les sujets qui secouent notre société contemporaine. Si le genre est encore parfois soumis à des clichés poussiéreux, il ne faut pas craindre de pousser sa porte. Voici cinq propositions qui pourraient bien attiser une envie d’escale poétique.

  • La poésie d'aujourd'hui : cinq poètes à découvrir en 2024

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      Couverture du livre « Et vos corps seront caillasses » de Joelle Sambi aux éditions L'arche

      Et vos corps seront caillasses de Joelle Sambi

      Joëlle Sambi, poétesse, slameuse et activiste LGBT+, a grandi nourrie par son enfance et son adolescence à Kinshasa et par sa vie à Bruxelles. La question de l’identité et de l’exil s’est rapidement imposée dans son écriture, portant les mots comme étendard de nombreuses luttes sociales. Son recueil et vos corps seront caillasses (L’Arche) publié en février est un pamphlet contre tous les systèmes de dominations subis par les personnes racisées, par les femmes, ou par les homosexuels.
      Ses mots sont incisifs, impératifs et bruts pour enfin imposer la parole des opprimés et des invisibilisés : « Nous sommes coupables, assassins, esclaves, soumis / Pourtant il faut sourire », « Le racisme est un acouphène entêté ». La répétition des mots, leur violence et leur espoir de soulever tout un peuple interpelle, bouscule et conforte celui qui veut comprendre la réalité racontée par Joëlle Sambi, qui porte ni plus ni moins la voix et le fardeau de milliers de personnes au fil des siècles. « It’s time to unite ! » [ndlr : « Il est l’heure de s’unir ! »] scande plusieurs fois la « Poétasse de feu », « sans excuse et sans honte », alors osez ce recueil plein de justesse.

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      Couverture du livre « La forêt barbelée » de Gabrielle Filteau-Chiba aux éditions Castor Astral

      La forêt barbelée de Gabrielle Filteau-Chiba

      Sa trilogie de romans comprenant Encabanée (Le Mot et le Reste), Sauvagines et Bivouac (Stock/Folio) racontait déjà son engagement. Gabrielle Filteau-Chiba exprimait sa façon d’avoir tout abandonné, de sa vie à Montréal à la civilisation, pour prendre la route vers la région du Kamouraska et s’installer dans une petite chaumière dépourvue d’eau et d’électricité, tandis que les températures sont bien en dessous de zéro. Au travers, on pouvait aussi comprendre son attachement vivace pour la défense du territoire et la protection des animaux, cette lutte perpétuelle contre les braconniers et les chasseurs.
      Dans La forêt barbelée (Le Castor Astral), recueil de toute beauté, les poèmes suivent le rythme des saisons. L’écrivaine et poétesse y évoque puissamment ce lien qui l’unit à la nature, sa force indomptable, la haine de cet ennemi qui se terre dans les feuillages pour éliminer le vivant : « mais dans ma rivière calent / plus de cartouches / que de noisettes », « éclairez-moi / pourquoi on se plie aux lobbys / si l’argent ne se mange pas ». C’est aussi les poèmes d’une mise à nu, l’émotion d’un enfant qui naît, les doutes, le deuil face à la perte d’un ancien, l’exploration des rites ancestraux et païens. Avec une immense douceur, Gabrielle Filteau-Chiba se raconte.

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      Couverture du livre « Plus haut que la tour Eiffel » de Kohndo Assogba aux éditions Lattes

      Plus haut que la tour Eiffel de Kohndo Assogba

      Kohndo Assogba, connu de certains pour sa musique hip-hop (Tout est écrit (2006), Soul Inside (2011)) sous le nom de KoHndo, a embrassé la poésie pour créer un texte totalement hybride. Plus haut que la tour Eiffel (JC Lattès) est un monologue poétique, que l’on peut également qualifier de roman. Le personnage principal, Manga, est docker sur le port de Cotonou. Son rêve ? Recommencer une vie meilleure en France, plus particulièrement à Paris. Un désir autrefois déjà porté par son propre père. Le jeune garçon va dérouler ce départ, la tristesse de sa mère, les espoirs, les craintes d’un périple jonché d’obstacles, et ce but : « Viser plus haut la tour Eiffel ».
      A travers le texte, les constats sont implacables « pas assez de temps pour vivre, trop peu d’argent pour dormir », « Le soleil ne brille pas pour tous / De la même façon. Il ne brille pas pour tous.Les rêves qu’on peut faire ne sont pas pour tous. / Ceux qui se réalisent ne sont pas pour tous. ». En repassant le fil de l’Histoire du Bénin, le colonialisme, la spoliation de l’Afrique, l’héritage de l’esclavage et l’impérieuse nécessité d’une indépendance « réelle», Kohndo livre un texte prodigieux et saisissant.

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      Couverture du livre « Apocalypse love » de Testu Marie aux éditions Le Tripode

      Apocalypse love de Testu Marie

      Marie Testu, l’autrice du remarqué Marie-Lou-le-Monde (Le Tripode,2023) suit le même schéma hybride avec Apocalypse Love (Le Tripode, à paraître le 16 mai 2024) dont le nom rappelle celui du dixième album des Black Lips. Leur point commun ? Une ambiance particulièrement surréaliste mêlée de mouvances amoureuses au bord du précipice.
      Dans ce récit-poème, Lucie et Pierre partent en week-end dans la maison de famille de ce dernier. Un lieu insolite, orné de « deux statues de bergers allemands / dont un décapité ». Durant le trajet, la jeune femme s’interroge sur cet homme qui l’accompagne, le désir qu’elle lui porte, sa dépendance affective, son incertitude. Ce poème totalement onirique s’étire dans une errance, un cauchemar, une métamorphose continuelle au cœur de la nuit. Un réel road trip urbain vers l’intrinsèque, les non-dits : « peut-être que je suis devenue comme eux / peut-être que je suis devenue une bête malade », « La pluie est un ensemble de fils invisibles / qui font tenir ensemble les villes noires ». Toutes ces réalités désaccordées que la narratrice traverse intriguent invariablement, et l’on sort de ce texte comme d’un voyage inexplicable entre déjà-vu et révélation.

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      Couverture du livre « Du premier au dernier jour » de Charles Sagalane aux éditions La Peuplade

      Du premier au dernier jour de Charles Sagalane

      Pour conclure cette sélection, il est difficile de ne pas mentionner Du premier au dernier jour (La Peuplade) du poète et artiste Charles Sagalane, assez singulière en son genre. Au travers de brefs poèmes particulièrement portés par des références sacrées, l’écrivain invite le lecteur à interpréter lui-même le sens des mots et des phrases, de dialoguer avec ses références culturelles, son état d’esprit et ses questionnements.
      Sept chapitres pour sept jours, une expérience sensible et méditative, accompagnée de quelques instructions : « Sur une page qui vous inspire, asseyez-vous. Ce n’est pas un blasphème que ce mince coussin. Sa parole deviendra votre socle », « Portez une page sous votre vêtement, tout contre le cœur. Partout où vous irez, vous la sentirez réagir ». Les poèmes, souvent visuels, invoquent les cinq sens, des « brouhahas » aux « bruits légers », de Jérémie à Judith, des Lamentations à Kushapetshekan. Du Premier au dernier jour est une étrange chronologie mystique et artistique simplement impossible à oublier.

L’actualité du moment : Parce que la poésie est un art nomade ; se glissant partout, du métro aux plages, les éditions Pocket lancent désormais leur propre collection poésie. Le Déversoir, premier recueil de poèmes d’Arthur Teboul, vient de paraître en petit format.

 

Une sélection de Marie Jouvin

 

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