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Le philosophe politique italien Toni Negri s'interroge ici sur la place de l'art dans le monde actuel.
Dominé par la globalisation et la saturation du capitalisme, l'art comme le travail sont devenus abstraits. Où donc situer le beau dans le passage du moderne au post-moderne? La question ne s'arrête pas à l'abstraction. Une mutation s'est opérée. Selon Negri, créer n'a plus aucun lien avec quelque nature que ce soit, ce n'est pas non plus une sublimation, mais une démesure (" excédence") qui investit la multitude et découvre des formes à situer comme surplus de la production.
Dans un monde global à tendance impériale, pour qui la guerre est nécessaire, créer et générer deviennent des gestes de résistance, réinventant constamment des singularités (objets, signes), mais prises dans le commun. C'est la multitude. Le désir d'expression artistique est partout présent quand la multitude agit de manière créative. L'art investit la vie, là où elle se reproduit parce que notre puissance est plus grande que notre capacité à nous exprimer, " c'est là que la chair du monde peut devenir corps, et la génération peut devenir beauté".
Les seules valeurs artistiques qui vaillent anticipent ce devenir de la multitude.
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