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Veracruz

Couverture du livre « Veracruz » de Olivier Rolin aux éditions Verdier
  • Date de parution :
  • Editeur : Verdier
  • EAN : 9782864328490
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

Deux histoires se croisent dans ce bref roman :
Celle d'un huis clos dramatique entre trois hommes et une femme, dans un palais délabré d'une Veracruz imaginaire, à l'approche d'un cyclone ; et celle d'une éphémère rencontre amoureuse dans la même ville.
Entre ces deux histoires, l'une sombre,... Voir plus

Deux histoires se croisent dans ce bref roman :
Celle d'un huis clos dramatique entre trois hommes et une femme, dans un palais délabré d'une Veracruz imaginaire, à l'approche d'un cyclone ; et celle d'une éphémère rencontre amoureuse dans la même ville.
Entre ces deux histoires, l'une sombre, nocturne, l'autre lumineuse, y a-t-il un rapport, et lequel ?
Toutes les hypothèses sont permises.

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Avis (3)

  • « Un jour de juin 1990, j’attendais au bar El Ideal, calle Morelos, une jeune chanteuse cubaine qui ne vint jamais… Une pluie furieuse, que le vent tordait comme une serpillière sale, battait Veracruz. »
    Le narrateur, assis au bar El Ideal à Veracruz, attend et raconte sa rencontre avec une...
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    « Un jour de juin 1990, j’attendais au bar El Ideal, calle Morelos, une jeune chanteuse cubaine qui ne vint jamais… Une pluie furieuse, que le vent tordait comme une serpillière sale, battait Veracruz. »
    Le narrateur, assis au bar El Ideal à Veracruz, attend et raconte sa rencontre avec une jeune cubaine Dariana. Cette rencontre a eu lieu vingt-cinq ans plus tôt à Véracruz alors qu'il s'était rendu au Mexique pour donner une conférence sur Proust.
    C’est à la fin d’une soirée tequila qu'il fit sa connaissance de cette femme belle et mystérieuse, s'ensuivit une grande passion « C’était un amour-faucon. Surprise et rapidité…étaient sa loi. » mais Dariana disparut brutalement un jour le laissant complètement sonné.

    Un jour, alors qu'il se perd dans ses souvenirs et dans l'alcool, il reçoit par la poste une enveloppe contenant quatre récits. Qui les envoie? Dariana ? Pourquoi ?

    Avec ces quatre récits, Olivier Rolin nous plonge dans un puissant drame en quatre actes. Les voix d'Ignace, Miller, El Griego et Suzana, s’enchaînent dans un huis-clos étouffant dans un palais décadent dans la ville de Véracruz plongée dans l'anxiété et la torpeur qui précèdent l'arrivée d'un cyclone.

    Quatre monologues qui racontent une même situation du point de vue des quatre personnages reclus dans ce palais. Trois hommes vivent autour de la belle Suzana qu'ils contemplent, ivres de désir. Ignace, un jésuite défroqué, employé de Suzana qu'il convoite; Miller, son mari, un truand notoire d'une brutalité bestiale et El Griego, son père, qui vit dans l'ombre et se souvient de la relation incestueuse qu'il a eue avec elle et qu'il rêve de revivre. Enfin, Suzana parle la dernière, crachant son désir de vengeance, « Me farder moi de leur sang, y tremper mes mains, mes mains si fines, aux doigts qui se recourbent comme des arcs, comme des dards de scorpions, me maquiller d’écarlate, me parer de leur vie finie, me souiller de leur mort, m’ont-ils assez souillée. » .

    Ces quatre récits brefs, intenses et terriblement sombres vibrent de tension, de violence et de fureur, ils semblent préluder à une catastrophe imminente. Ils offrent un contraste saisissant par leur noirceur avec les chapitres lumineux où le narrateur se souvient de Dariana.

    Comment ne pas imaginer que Dariana se trouve derrière ces récits ? De quel message ce cadeau est-il porteur ? Olivier Rolin ne nous donnera pas la réponse, il nous livre plutôt une belle réflexion sur la littérature...

    « Nous voulons toujours que tout ait un sens…. Nous nous épuisons à ce rêve de maîtrise au lieu de vivre tout simplement… Le monde se joue aux dés à chaque instant. Il est un kaléidoscope dont les éclats colorés se recomposent pour former de nouvelles figures. »
    « Nous voulons que le temps aille sans jamais se retourner, que les événements s'enchaînent, que les livres aient un plan, une signification cachée, l'histoire une fin ... D'où tient-on qu'il y a toujours des causes ? Pourquoi toutes choses au monde doivent-elles être cause ou effet? "

    Ce court texte d’une beauté époustouflante, à l'écriture dense et lyrique et à la structure ouverte surprend à chaque chapitre.
    A lire et à relire


    http://leslivresdejoelle.blogspot.fr/2016/03/veracruz-dolivier-rolin.html

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  • Assis au bar El Ideal, calle Morelos, Veracruz, le narrateur attend.
    Elle ne viendra pas. Et il le sait.
    Il s’était rendu au Mexique pour une conférence sur Proust. C’est à la fin d’une soirée tequila qu’il vit apparaître « le feu follet, la gueule d’amour ». Autrement dit, la passion. «...
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    Assis au bar El Ideal, calle Morelos, Veracruz, le narrateur attend.
    Elle ne viendra pas. Et il le sait.
    Il s’était rendu au Mexique pour une conférence sur Proust. C’est à la fin d’une soirée tequila qu’il vit apparaître « le feu follet, la gueule d’amour ». Autrement dit, la passion. « C’était un amour-faucon. Surprise et rapidité…étaient sa loi. » Sa disparition brutale sans autre forme de sevrage laisse un homme perdu, hébété, cherchant un sens à tout cela, observant « les cercles que décrivaient les vautours, leur vitesse, leur rayon, la façon dont ils se croisaient, s’enchaînaient l’un à l’autre ». Afin de comprendre. Mais, les signes ont-ils un sens ?
    Un jour, alors que le temps commençait à s’étirer et l’homme à se fondre dans l’alcool, il reçoit, par la poste, quatre récits. Qui les envoie ? Elle ? Peut-être un signe ?
    Trois hommes et une femme pensent et s’observent en silence. A travers leur monologue, nous entrons dans l’univers de la tragédie.
    A moins que, sans y prendre garde, nous y ayons déjà mis les pieds. Avant, je veux dire, dès le début.
    Le temps se resserre brutalement dans cette pièce étouffante. L’action tendue vers un seul but semble soudain figée.
    Deux mots transpirent : amour et mort.
    On entend au loin un ouragan qui se prépare, à moins qu’il soit déjà passé. On ne sait plus s’il est dehors ou s’il est là, rampant discrètement vers sa proie.
    La femme retient à peine un désir insondable de vengeance : « Me farder moi de leur sang, y tremper mes mains, mes mains si fines, aux doigts qui se recourbent comme des arcs, comme des dards de scorpions, me maquiller d’écarlate, me parer de leur vie finie, me souiller de leur mort- m’ont-ils assez souillée. »
    Qui est cette Erinye, ivre de sang et de fureur, cette « dévastation qui approche. » ? Quelle souffrance a-t-elle endurée, muette de douleur, pour cracher un tel venin de haine ? Est-ce cette femme qu’il a aimée ? Se peut-il que ce soit ses mots ?
    Les hommes la regardent, ivres de violence et d’envie. Ils la désirent infiniment, et se taisent. Qui sont-ils ? Quel crime innommable ont-ils commis pour susciter une telle fureur destructrice ?
    La tension dévore ce huis-clos étouffant. On sent l’imminence de la catastrophe. Elle est là, pèse de tout son poids. Impossible d’y échapper.
    La tragédie, vous dis-je…
    Le texte est d’une beauté époustouflante. Pour ma part, je l’ai lu et relu. C’est nécessaire. Il est court et dense. On ne s’en lasse pas.
    Et puis, il cache quelque chose, un message, peut-être le sens de cette passion : vient-elle se loger dans un « ordre des choses », est-elle une réalité qui s’est peu à peu, avec le temps, parée de fiction, une étoile filante venant d’ailleurs et n’allant nulle part ? Une rencontre dénuée de sens et qu’il est vain de chercher à comprendre, laissant le narrateur seul avec ses questions, terriblement conscient qu’ « il n’y aura jamais de paix. ». « Nous voulons toujours que tout ait un sens…. Nous nous épuisons à ce rêve de maîtrise au lieu de vivre tout simplement… Le monde se joue aux dés à chaque instant. Il est un kaléidoscope dont les éclats colorés se recomposent pour former de nouvelles figures. »
    La littérature tente alors de lui donner un ordre. Elle écrit le monde, le recompose, l’ordonne, essaie de le traduire avec des mots. Mais après coup et donc trop tard.
    « Ce que nous appelons le monde n’existe que comme une fable », les récits sont des mensonges qui proposent un sens et nous rassurent peut-être.
    Mais au fond, nous ne sommes pas dupes.
    On sait, sans le dire, que le moment merveilleux est passé et a disparu.
    A jamais.

    http://lireaulit.blogspot.fr/

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  • Du grand Olivier Rolin !
    « La littérature est une tromperie sans fin. Rien en vérité n’empêchait que ces histoires de désirs infâmes, d’inceste, de viol et de mort eussent été imaginées par l’esprit caché derrière ces yeux de miel sombre qui paraissaient faits pour éprouver et donner de la...
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    Du grand Olivier Rolin !
    « La littérature est une tromperie sans fin. Rien en vérité n’empêchait que ces histoires de désirs infâmes, d’inceste, de viol et de mort eussent été imaginées par l’esprit caché derrière ces yeux de miel sombre qui paraissaient faits pour éprouver et donner de la joie. »
    Une plume trempée dans une laque rouge de Chine pour ce roman très noir remarquablement bien écrit. Un bestiaire maléfique accentue la tonalité très sombre des 4 récits en insert : serpent corail, araignées, blattes, méduses, papillons démons, chauve-souris… « … de quoi épaissir le brouet de Mac Beth. »
    Ne serait-ce que par le titre, Veracruz est une invitation au voyage mais aussi, à partager la réflexion d’un écrivain sur la littérature. Olivier Rolin reconnu en art d’autobiographie déguisée, nous livre un récit d’amour captivant, violent et nostalgique. « L’amour malheureux exacerbe la faculté herméneutique presque jusqu’à la démence, il semble que chaque phrase puisse et doive avoir un sens caché, que les mots sont susceptibles de basculer comme des dalles donnant accès à des passages secrets. »

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