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Vera

Couverture du livre « Vera » de Jean-Pierre Orban aux éditions Mercure De France
Résumé:

Au retour de Rome, quand j'ai aperçu la silhouette d'Augusto dans l'immense hall de la gare Victoria où il était venu m'accueillir, j'ai eu honte. Le train nous avait ramenés. Je ne peux le dire qu'ainsi. Au sens propre. Ce n'était plus nous qui nous emportions. Qui nous lancions vers l'avant... Voir plus

Au retour de Rome, quand j'ai aperçu la silhouette d'Augusto dans l'immense hall de la gare Victoria où il était venu m'accueillir, j'ai eu honte. Le train nous avait ramenés. Je ne peux le dire qu'ainsi. Au sens propre. Ce n'était plus nous qui nous emportions. Qui nous lancions vers l'avant comme à l'aller, les cheveux au vent, penchés par la fenêtre, la poussière me battant le visage, venue, on aurait dit, du sol de l'Éden. Le train nous ramenait. Tels des corps que l'on détachait de la terre offerte. On nous reconduisait dans le pays où nous vivions. Mais c'était quoi la vie ? Et c'était où ?

Londres, 1930 : Vera vit à Little Italy avec ses parents, Ada et Augusto, immigrés italiens. Rapidement la jeune fille se laisse enrôler dans une organisation à la gloire de Mussolini. Elle croit naïvement que l'idéologie fasciste lui forgera une identité. Mais l'arrivée de la guerre chamboule ses espérances. Écartelée entre sa langue maternelle et celle du pays d'adoption, Vera se laissera emporter par d'autres dérives. Puis elle croira enfin venu le temps de construire le récit de sa vie et de l'Histoire. De trouver sa vérité, elle dont le prénom signifie «vraie», et de la transmettre...
Peuplé de personnages décrits à l'encre noire, ce roman bouleversant nous parle d'identité et de racines. Et de l'espoir, parfois déçu, de les dépasser.

Vera est le premier roman de Jean-Pierre Orban, qui a écrit pour le théâtre et la jeunesse. Il vit entre Bruxelles et Paris.

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Avis (5)

  • Vera est fille d'immigrés italiens. Elle est arrivée en Angleterre avec ses parents alors qu'elle était toute petite. Ses parents étaient venus là à la recherche d'un travail pour assurer une vie meilleure à leur fille. Ils s'installent dans le quartier de Little Italy à Londres. Un quartier qui...
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    Vera est fille d'immigrés italiens. Elle est arrivée en Angleterre avec ses parents alors qu'elle était toute petite. Ses parents étaient venus là à la recherche d'un travail pour assurer une vie meilleure à leur fille. Ils s'installent dans le quartier de Little Italy à Londres. Un quartier qui comme son nom l'indique est habité à majorité par des immigrés italiens. Augusto, le père, personnage insignifiant, est docker dans un port de la Tamise. Ada, elle, gère tant bien que mal une sorte d'épicerie bazar. L'essentiel pour eux est de ne pas se faire remarquer, de se fondre dans la masse. A la maison on ne parle pas italien, pas celui des livres en tout cas, les deux parents parlent deux patois différents, et leur fille communique avec eux dans ces deux langues et en anglais.


    Vera est approchée par Nunzia Chiegi, femme proche de l'Ambassade italienne, qui va la persuader de suivre des cours du soir d'italien. Mais cette école où elle se rend quelques soirs par semaine prodigue des cours à la gloire du régime fasciste de Mussolini. Vera va succomber aux sirènes de cette Italie forte, rassurante pour elle qui ne sait pas qui elle est. Elle n'est pas anglaise, son passeport et son apparence sont italiens, mais elle ne sent pas italienne non plus. Elle n'a jamais vécu dans son pays d'origine. Petit à petit elle va gravir les échelons dans ces jeunesses italiennes, jusqu'à ce voyage de groupe en Italie où elle aura l'insigne honneur de remettre un bouquet au Duce lui-même de la part de la communauté anglaise. Ce voyage va amplifier son détachement de ses parents, elle va les considérer comme des étrangers.


    Churchill ayant décrété au début de la guerre que tous les ressortissants des pays étrangers ayant déclaré la guerre au Royaume Uni étaient des dangers potentiels, de grandes rafles furent organisées. Augusto fut arrêté puis conduit par bateau vers une destination inconnue. Augusto ne revint jamais, le bateau ayant été coulé par un sous-marin allemand. Jamais la famille ne récupèrera le corps. Nous retrouvons Vera à Soho où elle va travailler dans un restaurant "français", elle va se lier d'amitié avec une juif apatride amoureux de la culture française qui va l'initier à la langue et à la culture françaises par le dialogue et par les livres. Sa quête d'identité déçue par le fascisme mussolinien va se tourner vers la France par la découverte de sa langue.

    Vera est un premier roman magistral. Poignant, il nous parle d'un fait méconnu de la deuxième guerre mondiale, ces rafles d'immigrants ordonnées par Churchill. Ce roman pose le problème de l'identité, de l'appartenance, des racines. Les deux personnages principaux Vera et Ada sont particulièrement saisissants. Vera est en quête d'elle-même, de qui elle est vraiment. Est-elle définie par son pays d'origine dont elle n'a aucun souvenir et qu'elle fantasme au début du roman au travers du prisme de l'idéologie fasciste? Est-elle définie par un pays d'accueil qui la méprise du fait de son physique typé? Va-t-elle réussir à se trouver grâce à son goût pour la langue française et pour sa culture? Ada, elle, réagit différemment, elle va peu à peu se murer dans le silence. Elle regrette d'avoir quitté son pays et surtout ses enfants morts. Elle va errer dans les cimetières, communiquer avec les morts qui tous appartiennent au genre humain pour se rapprocher de ses chers disparus. Dans ce roman Jean-Piere Orban nous montre l'importance de la langue comme vecteur d'identité. Dans la famille de Vera personne ne parle réellement la même langue on se comprend, mais il n'y a pas une langue commune. Les membres de la famille vivent les uns à côté des autres, ils ne sont pas unis par le langage.


    Vera est un roman fort, riche, merveilleusement écrit, un roman poignant, sur l'identité, la difficulté à s'intégrer. Un roman qui a reçu en 2014 le prix du premier roman. Un livre marquant.

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  • Si je dois être tout à fait honnête, quand j’ai lu la 4ème de couverture du livre je me suis dis « tiens, un énième livre sur la seconde guerre mondiale ». Je saturais un peu des lectures sur cette période et c’est avec des à priori que je l’ai entamé car je pensais, naïvement que tout avait...
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    Si je dois être tout à fait honnête, quand j’ai lu la 4ème de couverture du livre je me suis dis « tiens, un énième livre sur la seconde guerre mondiale ». Je saturais un peu des lectures sur cette période et c’est avec des à priori que je l’ai entamé car je pensais, naïvement que tout avait été dit sur cette période sombre de l’histoire. Mais, finalement j’ai bien aimé ce livre qui nous en donne une version différente et originale. De plus, l’histoire est servie par une écriture fluide et poétique qui a réussi à me tenir en haleine et à m’émouvoir. J’ai aimé les thèmes de l’identité et de l’enracinement qui sont traités ici avec subtilité et sensibilité. Le personnage principal est très complexe tout comme l’est l’Histoire.
    Véra, immigrée italienne vivant en Angleterre avec ses parents, se cherche. Elle est déracinée et désire appartenir à une communauté, cela va la conduire à s’enrôler dans une organisation fasciste. Elle est dans un premier temps éduquée chez les sœurs, elle va petit à petit se perdre dans le fascisme et elle ne se rend pas compte que ses gestes et ses décisions sont très lourds de conséquences. J’ai aimé le fait que des faits historiques soient relatés. Les descriptions sont précises, les personnages bien campés et on a envie de prendre Vera sous notre aile et lui expliquer qu’elle ne prends pas le bon chemin, qu’elle se fait manipuler qu’elle n’obtiendra pas la revanche sociale tant espérée.
    Un beau roman historique qui tient toutes ses promesses, une découverte fort sympathique. Les aficionados d’histoire devraient être totalement pris dans cette intrigue.

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  • Ces 100 pages proposent de suivre le cheminement de Véra vers son enrôlement dans une organisation fasciste bien qu'elle habite avec ses parents, immigrés italiens, à Londres.
    L'écriture est fluide, mélangeant poésie, phrases courtes et phrases longues.
    J'ai hâte de poursuivre cette lecture...
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    Ces 100 pages proposent de suivre le cheminement de Véra vers son enrôlement dans une organisation fasciste bien qu'elle habite avec ses parents, immigrés italiens, à Londres.
    L'écriture est fluide, mélangeant poésie, phrases courtes et phrases longues.
    J'ai hâte de poursuivre cette lecture pour connaître la destinée de Véra et une fois de plus j'apprécie ce mélange de faits historiques et de roman.

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    • Isabelle PAGES le 23/08/2014 à 11h05

      Véra, fille d'immigrés italiens vit à Londres dans les années 1930. Elle se laisse enrôler dans une organisation fasciste qui exalte la grandeur de son pays d'origine.
      Quand la guerre éclate tous ces idéaux partent en morceaux.
      Elle change de direction, travaille dans un bar dans lequel elle va rencontrer de nombreux français et prend des distances avec ses origines. Pour elle l'apprentissage d'une autre langue, c'est connaître une autre identité? se pose la question de la langue et de l'identité très bien menée dans ce livre.
      Les trois personnages principaux: Véra, sa mère et son fils vont choisir des parcours différents: Véra apprend une nouvelle langue; peut être pour éviter de choisir entre sa langue maternelle et celle de son pays d'accueil. Par contre sa mère finit par ne parler que sa langue de naissance et son fils se mure dans le silence.
      j'ai beaucoup apprécié la beauté des mots employés et la pudeur que se dégage dans ce livre.

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  • CHRITIQUE DE LA PAGE 100...
    Bonjour,un texte fort qui je l'avoue m'a appris quelques choses sur la seconde guerre mondiale.
    Vera est une immigrée italienne au Royaume-Uni ,elle est attirée par le fascisme qui lui donne l'impression d'appartenir à une communauté, d'être « une italienne à...
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    CHRITIQUE DE LA PAGE 100...
    Bonjour,un texte fort qui je l'avoue m'a appris quelques choses sur la seconde guerre mondiale.
    Vera est une immigrée italienne au Royaume-Uni ,elle est attirée par le fascisme qui lui donne l'impression d'appartenir à une communauté, d'être « une italienne à l'étranger ». Etant jeune elle ne voit pas le mal qu'il y a là-dedans ,pourtant ses actes auront des conséquences.
    Pour l'instant j'aime assez ce livre qui nous propose une version différente des autres récits sur la seconde guerre mondiale : celle des immigrés italiens en Angleterre.

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    • amelie lorthios le 24/08/2014 à 16h30

      Bonjour,une critique difficile pour moi car je n'aime pas dire du mal d'un roman .Je suis certaine que l'auteur y a mis beaucoup de lui-même ,mais malheureusement je n'ai pas du tout accroché a l'histoire.
      Nous suivons Vera,qui nous raconte sa vie de sa jeunesse pendant la seconde guerre mondiale et son amour pour sa mère et son fils.
      Certains passages m'ont plu mais je ne trouve pas l'ensemble cohérent,l'auteur a voulu mettre trop de choses dans son récit. Selon moi ,il aurait du se concentrer sur la période de la guerre ,l'ambivalence des sentiments de cette adolescente qui est attirée par le fascisme. Mais il a voulu que cette femme nous raconte son histoire en « améliorant » son récit , il nous raconte l'histoire de son point de vue comme si c'était elle qui nous contait sa vie,avec des incohérences ,des retours en arrière et en enjolivant certaines choses et oubliant certains détails.
      Selon moi ,l'histoire de son fils n'est pas suffisamment creusée,on ne fait que l'effleurer.
      Mais pour en venir aux points forts de ce roman,j'y ai appris certaines choses sur la seconde guerre mondiale,le point de vue d'une immigrée italienne en Angleterre est original selon moi. Et l'on se pose quelques questions ,comme a partie de quand est-on intégrer à une nation ? Une génération ,deux... ? Doit-on renier ses racines ?


      Bref, même si ce livre ne m'a pas convaincue ,j'espère qu'il trouvera son public,et pouvoir lire un autre livre de cet auteur prometteur.

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  • Fille d’émigrés italiens, Vera est éduquée en Angleterre par les religieuses pour devenir une chemise noire. Jean Pierre Orban décrit avec précision l’embrigadement de la jeune fille. Toujours sensible à la flatterie et à la quête de toute valorisation comme revanche sociale, Vera ne semble pas...
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    Fille d’émigrés italiens, Vera est éduquée en Angleterre par les religieuses pour devenir une chemise noire. Jean Pierre Orban décrit avec précision l’embrigadement de la jeune fille. Toujours sensible à la flatterie et à la quête de toute valorisation comme revanche sociale, Vera ne semble pas voir venir les pièges de la manipulation.
    Dans un contexte d’une actualité flagrante avec une Italie qui aspire au droit de disposer d’un Empire, l’espoir de Vera de se construire des perspectives va-t-il se concrétiser ? Serons-nous avec elle plus proches de la Roche Tarpeienne ou du Capitole ?

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    • gabala le 23/08/2014 à 07h53

      Vera en italien signifie l’alliance. L’auteur y instille une notion de foi. Dans une période noire de guerre et d’endoctrinement fasciste, ce premier roman raconte l’histoire d’une jeune fille qui cherche à se construire et à trouver un Dieu.
      Ce Dieu pourrait être politique, religieux ou un grand amour. Vera est tentée de l’identifier à son fils Ben, au prénom ambigu, rattaché à la mémoire de Benito Mussolini, son idole de jeunesse. La vie de Vera va souvent se fracasser dans ses illusions comme si tout se liguait pour briser sa trajectoire. Européenne avant l’heure par ses origines italiennes, son enfance anglaise et ses attraits pour la langue française, Vera ne reste t-elle pas une éternelle immigrée ?
      Ce livre à une voix souffre d’un manque de dialogues chacun restant muré dans un silence qui ronge les cœurs. Si Dieu n’est pas brésilien, il n’est pas plus italien ou anglais et les talismans ne protègent pas de tous les aléas de la vie.
      Marqué par deux thèmes très forts, le destin et la disparition, ce livre à l’écriture sobre et un peu saccadée traduit bien la dureté, la solitude et le courage de l’héroïne sans pour autant susciter l’empathie.

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