Des idées de lecture pour toutes les envies !
Une lune de miel en Amérique du Sud tourne au cauchemar. Un médecin-chef d'un hôpital de Tel-Aviv se sent étrangement proche d'une jeune femme de son service jusqu'à éprouver le besoin impérieux de la protéger. Un couple marié a pour habitude de se promener le samedi matin dans un verger à la périphérie de la ville, mais lorsque l'homme entre pour un instant dans le jardin, il disparaît sans laisser de traces. Trois histoires d'amour turbulentes et non conventionnelles s'entrecroisent et nous plongent dans l'énigme qui se trouve au coeur de toute intimité. Sans délaisser l'ironie si caractéristique de son écriture, Eshkol Nevo fouille les relations humaines en utilisant habilement les mécanismes du thriller.
Des idées de lecture pour toutes les envies !
Eshkol Nevo nous livre trois courtes histoires (une centaine de pages chacune) de type « nouvelles », au relent hitchcockien. Sorte de mini-thrillers, aux faux-semblants, avec des revirements de situation et où un des personnages, passe fugacement, dans les autres récits, comme le faisait le maître du suspense dans ses films.
Un couple de jeunes mariés israéliens, Mor et Ronen, partent en voyage de noces en Bolivie et le comportement du mari, macho et autoritaire, tend l’atmosphère. La rencontre avec Omri, leur compatriote, parti se vider la tête après un divorce rend le terrain glissant, au propre comme au figuré.
Un médecin réputé de Tel-Aviv, Asher, récent veuf, est troublé par l’une de ses internes, Liat. Un attrait difficilement définissable, pas forcément charnel. Il se sent à l’aise avec elle, comme en terrain de connaissance, comme un père pour sa fille. Mais ce rapprochement devient scabreux et dangereux, d’autant plus qu’une relation entre collègues peut remettre sa carrière en jeu.
Comme beaucoup de vieux couples, Hali et Ofer, s’apprécient l’un l’autre avec beaucoup de tendresse. Mais les liens affectifs semblent distendus et la libido en berne d’Ofer a poussé Hali à prendre un amant. On retrouve, néanmoins, nos deux mariés se promenant main dans la main dans une orangeraie, quand une envie pressante du mari le fait s’enfoncer entre les arbres, d’où il ne ressortira jamais. Hali aidée de sa fille Ori tentent de comprendre ce qui a bien pu se passer.
« Turbulences » comme ces trous d’air, au beau milieu de votre vol, qui viennent, ici, perturber l’existence de nos héros. Eshkol Nevo est un véritable orfèvre pour sonder la nature humaine, double jeu, ambivalence, méconnaissance de ses proches, comment discerner le vrai visage de nos protagonistes ? Comment un fait peut-il avoir des vérités aussi distordues ? Ce roman est un livre dense à l’écriture limpide, il fourmille de détails, tous intéressants, qui, telles des pièces de puzzle, nous livrent peu à peu le contour de portraits dans leur complexité kaléidoscopique.
Je découvre cet auteur et vous engage à faire de même si vous ne le connaissez pas.
Un grand merci aux Editions Gallimard pour cette belle découverte.
Ne serions-nous qu’ambivalences, Janus aux contiguïtés équivoques toujours prêtes à nous faire basculer malgré nous dans la noirceur de drames aussi complexes que sournois ? En trois courtes histoires unies par un lien ténu, l’auteur israélien peint doutes, contradictions et déchirements intimes craquelant si bien la banalité quotidienne que la vie ressemble à un champ miné plus ou moins consciemment par nos propres actes.
Comme pris au hasard dans une foule où ils se croisent sans se connaître, l’un simple figurant dans le récit de l’autre, trois narrateurs israéliens, secoués par les événements qu’ils ont malgré eux aidés à faire chavirer leur vie, se livrent chacun à une sorte de confession, hagarde et douloureuse, de rescapés meurtris affrontant leur part de responsabilité avec une lucidité souvent toute relative. Un quadragénaire fraîchement divorcé ne parvient toujours pas à admettre la terrible manipulation à laquelle, aveuglé par son désir d’amour, il s’est laissé prendre. Un médecin-chef vieillissant accusé de harcèlement sexuel continue à se persuader du caractère protecteur de son attachement à une jeune interne. Une femme cherche dans le passé ce qui pourrait expliquer la disparition de son mari, mystérieusement volatilisé au cours d’une promenade.
Avec pour ressorts suspense et angoisse, savamment entretenus dans le développement de ces faits divers dramatiques où les narrateurs s’observent rétrospectivement s’empêtrer dans leurs irrépressibles erreurs, leur raison si bien dépassée par leurs désirs que même a posteriori, et contre les évidences, la clairvoyance leur fait encore partiellement défaut, ces tranches de vie parallèles sont semblablement parcourues par les courants souterrains qui, serpentant dans nos inconscients, transforment nos vies en dangereux culs-de-grève susceptibles de s’effondrer à tout moment.
C’est ainsi qu’une fois assemblées, ces trois histoires qui, séparément, pourraient n’être considérées que sous l’angle du thriller, la dernière teintée d’onirisme fantastique, dessinent en filigrane une sorte de peinture sociale, traversée d’ironie et d’inquiétude, qui, faisant écho à d’autres ouvrages récents d’auteurs israéliens, comme Stupeur de Zeruya Shalev, vient elle aussi souligner combien la société israélienne vit de tensions profondes.
Un livre troublant et brillant, où les déboires intimes et individuels, vécus dans l’incrédulité et le déni, révèlent entre les lignes le désarroi né des turbulences de l’histoire collective israélienne.
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