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Pour point de départ, cette question, cette scène, reprise en charge par Jacques Derrida :
« Qu'est-ce que Dieu a dû dire à Abraham ? Que lui a-t-il nécessairement signifié au moment où il lui a donné l'ordre de monter sur le Mont Moriah accompagné d'Isaac et de son âne, en vue du pire «sacrifice» ? Qu'est-ce qu'il a pu lui dire et devoir lui signifier ? » et l'éclairage qu'il lui donne :
« On peut avancer, en toute certitude, sans rien savoir d'autre, qu'il a dû lui signifier quelque chose que je résumerai ainsi : «Surtout, pas de journalistes !». » Dans cette intervention, inédite en français, de 1997 lors d'un colloque à l'Institut néerlandais de Paris (« Religion et Média », organisé par Hent de Vries et Samuel Weber), Jacques Derrida s'emploie à croiser les fils de la médiation et de la religion pour questionner à nouveau la « foi et le savoir » :
« Pas de lien social sans promesse de vérité, sans un «je te crois», sans un «je crois». [.] Et même pour mentir, pour tromper, pour abuser, il faut que ce «je te crois» ou «je crois à toi» ou «je crois en toi» soit à l'oeuvre. Sur le sol de cette croyance nue, les media se construisent, en essayant de reconstituer sans cesse la perception nue de cette expérience du «crois-moi» ? C'est en ce lieu que les discours des religions essaient de refaire leur nid, quelquefois chacune pour sa chapelle et quelquefois dans l'oecuménisme. Qu'est-ce que les trois grands monothéismes ont en commun ? Si ce n'est pas seulement la référence à Abraham (différemment modulée entre les trois), c'est la foi partagée. »
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