Une plume vive, des héros imparfaits et une jolie critique de notre société
Comment devient-on un bourreau ? Comment expliquer que dans les périodes sombres de l'histoire, des hommes ordinaires se transforment en assassins - criminels de bureau ou tortionnaires de terrain ? Cette question, qui revient comme un leitmotiv dans la production littéraire et artistique contemporaine, y reçoit souvent la même réponse, en forme de syllogisme : Tous les bourreaux sont des hommes ordinaires.
Or les hommes ordinaires, c'est nous tous. Donc nous sommes tous des bourreaux. On ne compte plus les auteurs qui, détournant la thèse de Hannah Arendt sur la banalité du mal ou celle de Stanley Milgram sur la soumission à l'autorité, exploitent le motif du jaillissement du monstre (que tout un chacun nourrirait en lui-même), dédouanant d'autant les vrais coupables (qui ont simplement eu la malchance de pouvoir donner libre cours à leur nature destructrice...).
C'est contre ce traitement dépolitisant de la question du crime de masse que s'élève l'auteur de cet essai, en montrant comment, au gré d'une inversion radicale des valeurs, le bourreau se trouve aujourd'hui érigé en modèle d'humanité.
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