Le jury de la 16e édition, présidé par Jean-Christophe Rufin, a délibéré
La comédie au cinéma n'a pas vocation qu'à faire rire, elle est aussi un subtil moyen d'exprimer des idées subversives. Car la censure baisse souvent la garde devant la comédie, qui peut se permettre d'attaquer tabous et interdits beaucoup plus efficacement. Cela nécessite un fin dosage?: être suffisamment choquant pour provoquer rire et réflexion critique, mais ne pas l'être trop, pour ne pas susciter rejet ou censure. Le tout dicté par un impératif économique?: les producteurs ont toujours voulu éviter que les films n'affichent trop ostensiblement un «?message?», pour ne pas risquer de déplaire. La comédie est d'autant plus facilement acceptée qu'elle semble correspondre à l'idée que l'on se fait du cinéma?: un pur divertissement. Il est ainsi paradoxalement plus facile d'y glisser des idées critiques.
Mais cet avantage se paie au prix fort?: les comédies accèdent rarement à la légitimité culturelle et, dans la hiérarchie du cinéma, elles sont reléguées après les genres «?sérieux?». Il suffit de constater le faible nombre de comédies dans les palmarès des grands prix.
Il ne s'agit bien évidemment pas de recenser de façon exhaustive toutes les comédies filmiques transgressives de l'histoire du cinéma, mais de dégager quelques lignes de force en une cinquantaine de titres, tous accessibles, situés, pour la plupart, entre 1920 et 1980, date à partir de laquelle le cinéma est moins en butte à la censure, et où la comédie cesse d'être un refuge.
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