Une plume vive, des héros imparfaits et une jolie critique de notre société
Ayant poussé la porte de la ferme « Les Gouttes » à Masbaraud-Mérignat, où Maria et Martial Poulidor sont métayers, Christian Laborde ressuscite l'enfance paysanne de Raymond, avec les bêtes et les arbres, les contes en occitan, et les Résistants que l'on ravitaille. Tout, dans cette enfance et ce pays, est beau et brutal, rude et merveilleux. La Creuse a donné à Raymond une force incroyable: il monte sur un vélo de fortune, et, le 2 août 1956, dans le Bol d'Or des Monédières, les disperse tous façon puzzle. Qui est donc ce coureur plus applaudi que moi, qu'on appelle La Pouliche ? demande, agacé, Louison Bobet ? C'est Raymond 1er. L'épopée vient de commencer.
Les mots savoureux d'un Laborde affûté embarquent le lecteur chez Mercier, dans le bureau d'Antonin Magne où Raymond signe, en septembre 1959, son premier contrat, dans les bosses cambrées d'un Milan-San-Remo que Poulidor transforme, le 19 mars 1961, en Milan-San-Raymond, sur les pentes surchauffées du Puy de Dôme où il rendez-vous, le 12 juillet 1964, avec la légende et Jacques Anquetil, sur le bord des routes de France où des milliers de supporters s'agglutinent pour l'acclamer, dans les lacets du Pla d'Adet où il signe, le 15 juillet 1974, à 38 ans, un de ses plus beaux exploits sur le Tour...
Poulidor by Laborde... un champion par un écrivain. Si la France était peuplée de Poulidor, elle roulerait en tête et sourirait.
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