En attendant le verdict du 14 juin, découvrez ces nouveaux talents du 9e art !
Une musique libre et joyeuse s'élève des pages de ce premier roman : celle d'un choeur de femmes saluant la venue au monde de la petite Ève, enfant née d'un désir d'amour inouï.
Stéphanie est cheffe de cuisine, elle voulait être mère, mais pas d'une vie de couple. Elle est allée en Espagne bénéficier d'une procréation médicalement assistée, alors impossible en France. Greg, l'ami de toujours, a accepté de devenir le « père intime » d'Ève. Dans à peine deux semaines, aura lieu la fête en blanc organisée pour célébrer la naissance de leur famille atypique, au grand dam de la matriarche aigrie et vénéneuse qui trône au-dessus de ces femmes.
À l'approche des réjouissances, chacune d'elles est conduite interroger son existence et la place que son corps y tient. Toutes, soeurs, nièces, amies de Stéphanie, témoignent de leur quotidien, à commencer par Ève elle-même, à qui l'autrice prête des pensées d'une facétieuse ironie face à l'attendrissement général dont elle est l'objet. Comme dans la vie, combats féministes, tourments intimes et préparatifs de la fête s'entremêlent.
Camille Froidevaux-Metterie dépeint avec une grande finesse cette constellation féminine, tout en construisant un roman dont les rebondissements bouleversent : rien ne se passera comme l'imaginent encore Stéphanie et Jamila, la nounou d'Ève, s'activant la veille du festin tant attendu.
Tour à tour mordante et tendre, l'écriture, dans sa fluidité et ses nuances, révèle un véritable tempérament d'écrivaine.
Unies par des liens familiaux ou amicaux, douze femmes de trois générations vont se retrouver pour la fête organisée par Stéphanie autour de la petite Eve, sa fille crée grâce... à la PMA. Dans cette polyphonie, le ton du féminisme prédomine même s’il arrive que le discours de Nicole la grand-mère, dite « la gorgone », ne corrobore pas toujours au son du diapason. Parmi ces femmes, Greg assume le rôle de « père intime, homo sans statut ni registre», d’ailleurs, ici, il n’a pas droit à la voix. Dans ce parterre quasi homogène, trônent les symboles de l’émancipation féminine actuelle.
Camille Froidevaux-Metterie incarne les étapes de la vie féminine, les règles, la ménopause, la vieillesse, la sexualité, la maladie, la beauté... sans perdre de vue la préparation de la fête à laquelle est associée Jamila, la nounou d’Eve.
Ce roman au ton enlevé, drôle ou plus sombre, résonne comme un hymne à l’émancipation, à l’opposition, au diktat du modèle familial traditionnel. Sensualité et désir sont très (trop ?) présents. L’autrice adapte élégamment des sujets d’analyses à visée philosophique aux questions de société portées par la chorale féminine.
https://leslivresdejoelle.blogspot.com/2023/03/pleine-et-douce-de-camille-froidevaux.html
Un chœur de femmes salue l'arrivée d'Eve "enfant du désir et de la technique... fruit miraculeux de la rencontre de deux cellules offertes et d'un désir d'amour inouï". Eve est née du désir de Stéphanie qui vit seule et a voulu cette enfant toute seule, elle a bénéficié en Espagne d'une PMA interdite en France. Elle a choisi Greg, son meilleur ami, pour être le "père intime" d'Eve.
Dans deux semaines aura lieu la journée de fête organisée par Stéphanie pour célébrer Eve et leur famille atypique, ce sera un buffet blanc. Il y aura les deux sœurs de Stéphanie, Lucie et Laurence, ses nièces mais aussi sa mère Nicole. Ce sera la fête de tous les dangers car Nicole, la matriarche, n'accepte pas du tout la situation. Nicole accable sa famille de remarques cinglantes, de regards méprisants et de conseils acerbes, très égocentrique elle ne supporte pas de ne pas être toujours au centre de tout. Il y a un monde entre les convictions de la matriarche et les choix de Stéphanie, ses filles la détestent et ont bien l'intention de rester unies toutes les trois face à "la sorcière", ses petites-filles semblent plus conciliantes.
A l'approche de la fête, toutes, femmes de la famille, amies de Stéphanie s'expriment. L'auteure donne même la parole à Eve dans le premier chapitre.
Dans ce roman choral, un chœur de femmes de différentes générations s'exprime, l'auteure parvient merveilleusement bien à donner à chacune sa propre voix. Il est question du corps de femmes, du corps qui désire, du corps qui vit le bouleversement des règles, de la ménopause, du pouvoir de l'anorexique sur son corps, du corps malade. Camille Froidevaux-Metterie explore différentes formes de sexualité, de rapport au corps, différentes formes de féminisme, de maternité et de relations mère-fille.
Toutes ces femmes nous sont familières, tous ces personnages féminins sont très réussis, la matriarche est épouvantable mais tellement vraie, les propos d'Eve sont délicieux d'ironie quand elle dit se sentir comme "une petite masse que l'on manipule, transporte, tripote."
Les questions du corps, des familles choisies, du célibat choisi ou subi, de la sororité sont abordées avec finesse et tendresse dans ce roman très fluide et très bien écrit.
Pleine et douce est un livre choral féminin. Chaque chapitre est porté par la voix d'une des membres de la famille plus la nounou, sans aucune intervention masculine.
L'auteure plonge le lecteur au cœur des préoccupations vécues et/ou ressenties de plusieurs générations de femmes. Des filles célibataires, des couples de femmes, des femmes libérées ou soumises se côtoient et nourrissent leurs échanges.
Ce livre parle du temps qui passe et surprend par sa dose d'humour qui embellit leurs vies. Les mots beauté et amour reviennent le plus souvent au fil des pages. A quoi mesure-t-on la beauté des femmes, des hommes ou de la vie ?
Chacun pourra s'y reconnaître à travers le spectre des parcours de l'existence qui peuvent être suivant les moments, comédie, tragédie, passion, solitude.. .
Agrémenté de termes lumineux et choisis, comme le lac aimant, le passage des ans, l'infidélité virtuelle, ce premier roman est bien plus qu'un livre féminin, un véritable hymne à la vie et à la sororité.
Camille Froidevaux-Metterie nous offre des pages d'une grande tendresse sur la charge mentale féminine. Une excellente surprise toute en douceur et finesse.
En préparant la grande fête
Dans ce premier roman choral, Camille Froidevaux-Metterie donne la parole à un bébé, puis à de nombreuses femmes et dresse ainsi un joli tableau de leur place dans la société, de la maternité à l’émancipation. Vers la libération du corps et de l’esprit.
La première à prendre la parole dans ce roman choral est la petite Ève qui vient de naître. De son berceau, elle raconte l'agitation autour d'elle, sa vision du monde, ses stratégies pour retenir l'attention et satisfaire ses besoins vitaux. À travers son regard, on comprend aussi qu'elle a tout l'amour de Stéphanie, sa mère qui a continué à se battre avec ses peurs. Peut-être est-il temps de faire désormais confiance à cette fille qui a l'air bien déterminée à prendre sa place dans le monde.
En attendant, c'est à cette cheffe de cuisine, qui a livré un rude combat pour être mère, d'entrer en scène. Après avoir réussi à se faire une place dans un monde d'hommes, elle vient de concrétiser un second rêve, avoir un enfant. Ève est née par PMA, après un difficile parcours de combattante qu'elle a conclu en Espagne. Désormais, elle va pouvoir élever sa fille seule, comme elle l'a souhaité. Pour remercier Greg, le «père intime», et rassembler autour d’elle sa famille et ses amies, elle prépare une grande fête. Mais en attendant le grand jour, la parole est aux invitées, en commençant par Corinne qui s’est toujours voulue femme libre. Mais elle s'est perdue dans les bras des hommes, cherchant du réconfort dans le sexe, sans trouver l'amour. «Moi je n’ai pas de lac aimant où plonger, personne pour confirmer que je demeure aimable par-delà le passage des ans, aucune caresse quotidienne venant effacer les fameux outrages. Moi, il me faut affronter seule l’entrée dans la zone d'inconfort qui précède la zone de relégation.»
Sa sœur Lucie a suivi un parcours classique. Mariée, deux enfants, une profession d'avocate très prenante. Le schéma classique du couple qui s'use et l'envie d'aller voir ailleurs si l'herbe est plus verte. Peut-être dans les bras d'un confrère. Elle a aussi caressé le rêve de partager aux côtés de Stéphanie son désir d'enfant. Un fantasme de plus dans une vie qu'elle a de plus en plus de peine à maîtriser. Son mari l’a quittée pour une plus jeune et elle se sent désormais bonne pour le rebut.
Lola, sa fille, raconte lors d'un cours sur la sexualité, que l'on peut désormais faire des enfants avec des éprouvettes. Un sujet délicat à aborder en classe, mais qui a le mérite de lancer un débat que les deux responsables du cours auraient préféré éluder.
C'est alors que Nicole, la mère de Stéphanie, vient ajouter sa voix très discordante. «C'est tout de même ahurissant quand on y pense. Cette enfant est née de nulle part, personne ne sait qui sont ses géniteurs, pas même Stéphanie! Cela dépasse l'entendement.» Opposée à ce projet, elle s'est résignée mais raconte que sa fille est «tombée enceinte à l'occasion d’une relation sans lendemain et que, étant donné son âge, elle a décidé de garder l'enfant».
En confrontant les générations et les avis, Camille Froidevaux-Metterie évite à la fois tout manichéisme et donne à voir la complexité de la question.
Charline qui a été victime d'agression sexuelle, Kenza à qui on vient de détecter une tumeur au sein, Colette qui regarde sa longue vie entourée de copines, Manon qui a ses premières règles et Jamila, la nounou qui aimerait tant avoir un homme à ses côtés complètent ce chœur de femmes en y ajoutant autant de nouvelles facettes. Elles vont toutes se retrouver pour un final surprenant.
En prolongeant Un corps à soi, son essai paru en 2021, ce détour par la fiction permet à la primo-romancière de mettre en scène les problématiques qu'elle étudie, le corps de la femme et ses transformations, les injonctions et les représentations que des années de patriarcat lui ont assigné. Des premières règles jusqu’à la ménopause en passant par la grossesse ou la maladie, en l’occurrence le cancer du sein. Mais la construction du roman permet aussi de confronter les femmes et leur psychologie à des âges différents, entre celle qui a vécu sous un patriarcat étouffant, celles qui ont essayé de se libérer de ces chaînes – et du schéma maternel – et celles qui voient l’avenir avec plus d’optimisme. Si elles parviennent toutes à se retrouver, alors un nouveau contrat social est possible. Pour une vie pleine et douce.
https://rb.gy/qhm8at
Pleine et douce
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Stephanie, la quarantaine, a décidé de faire un bébé toute seule. Faisant fi des réprobations familiales, elle a entamé un parcours long et douloureux, parsemé de nombreux échecs avant d’aboutir à la naissance d’Eve, sa fille adorée. Pour fêter cette naissance inespérée elle prévoit une fête de naissance qui réunira ceux qui lui sont chers. Tour à tour, sœurs, nièces, amies, tante ou mère, toutes les femmes de son entourage prennent la parole et livrent un peu d’elles. Morceaux choisis de vies de femmes d’aujourd’hui, filles et femmes confrontées aux préoccupations de leur âge. Doux portraits féminins qui s’entrecroisent autour de cette petite fille.
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Quel joli livre! Un livre plein de douceur et de bienveillance pour ce gynécée attachant. Un chœur de femmes qui nous content l’époque. Des cœurs de femmes qui nous content leurs rêves et leurs secrets. Cela parle de maternité, de sexualité, cela parle de vie, mais cela parle surtout d’amour, cet amour qui toutes les meut. L’amour inconditionnel d’un enfant pour sa mère, l’amour tendre pour les siens, pour sa famille, l’amour passionnel pour un amant, l’amour rassurant d’un couple qui traverse les ans,
l’amour douloureux aussi quand il est perdu, bafoué ou trahi.
A travers le récit de ces pensées intimes, ces femmes c’est finalement nous, nos mères, nos filles, nos amies. Un très joli texte féminin, sans pour autant être féministe. Une douce lecture
« Elle a préparé la veille le dosage de lait en poudre et d’eau minérale qu’il va lui suffire de mélanger puis de réchauffer. Je m’agite, je halète bruyamment, remuant bras et jambes tel un pantin devenu fou. Ça la fait rire, elle dit « ça vient, ça vient », s’allonge à demi sur le canapé, tire le plaid sur ses jambes découvertes, et puis ça vient, le liquide tiède dans ma bouche, dans ma gorge, qui déborde, elle a mal réglé la tétine et me l’arrache sans prévenir pour diminuer le débit. Je suis sur le point de hurler, le pis en plastique me rebouche le clapet. Je tête avec ardeur, cela produit une mélodie rythmée, monocorde et ronde qui la plonge dans la torpeur. »
Dès les premières pages du roman, le ton est donné. La petite Eve, fruit d’une PMA voulue par sa mère, Stéphanie, est la 1ère à s’exprimer.
Suivront, dans les chapitres suivants, Stéphanie, puis ses sœurs, ses amies, sa mère, sa nièce… Toutes ces femmes proches qui vont raconter avec beaucoup de sincérité, quelquefois d’humour, leurs difficultés, leurs souffrances, leurs résiliences. Elles rapportent l’intimité avec leur corps : le désir, la beauté flétrie, l’exaltation d’une adolescente et son viol, la maladie, le surpoids….
Beaucoup plus qu’un roman, c’est presque un exercice de style : analyser méthodiquement ce qui touche les femmes de près, avec sensibilité et finesse.
Opération réussie !
Merci à la Fondation Orange et aux Éditions Wespieser de m'avoir permis de découvrir ce livre sensible et original.
https://commelaplume.blogspot.com/
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