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« Je fais partie du peuple », « je veux défendre le peuple », « «les gens», c'est le peuple » : les dernières élections présidentielles ont vu plusieurs candidats, retrouvant des accents déjà anciens, prendre possession du mot. Certains, dénonçant la montée du populisme, opposent désormais la nécessité de ne pas abandonner le peuple à tous ces détournements. Mais le mot, fétichisé, est sans doute plus trompeur que jamais. S'agit-il de parler d'une entité nationale douée de souveraineté, de décrire une catégorie de femmes et d'hommes formant la « classe populaire » ou de mobiliser, toujours avec un brin de nostalgie, le symbole un peu vite unifié des révoltes venues d'en bas ?
Avec force, Déborah Cohen, en historienne convaincue que les mots ne font pas que désigner le monde mais qu'ils le construisent, pose ici le problème tout autrement. Il n'est plus temps, selon elle, de s'en tenir à reconquérir le mot peuple. Ce qu'il faut c'est se demander ce qui nous manquerait vraiment à l'abandonner. En montrant que les luttes d'aujourd'hui se livrent sans recourir aux mots hérités du passé, elle invite à saisir le peuple, ni mythe ni entité en soi, là où il est, dans les mobilisations qui le font vivre à présent.
Déborah Cohen est maîtresse de conférence en histoire à l’université de Rouen. Après » La Nature du peuple. Les formes de l’imaginaire social « paru en 2010, l’auteure revient en cette rentrée littéraire 2019 avec » Peuple « , un essai publié aux éditions Anamosa, dans la collection » Le mot est faible » dirigée par Christophe Granger.
» Le pire que l’on puisse faire avec les mots, c’est de capituler devant eux « disait George Orwell. Et c’est toute l’ambition de cette série d’ouvrages courts et incisifs, animés d’un souffle décapant : chaque fois, il s’agit de s’emparer d’un mot dévoyé par la langue au pouvoir, de l’arracher à l’idéologie qu’il sert et à la soumission qu’il commande pour le rendre à ce qu’il veut dire.
Parfois détourné, souvent maltraité, n’est-il pas le mot de tous les maux ? Intemporel, doit-on reconquérir le mot « peuple » ou au contraire l’abandonner ?
p. 9 : » Il faut retrouver le sens du mot peuple. «
A travers six chapitres concis mais riches d’exemples, Déborah Cohen nous livre les clés d’une réflexion ouverte à de multiples discussions.
p. 8 : » Le mot sert à tout mais n’était nulle part avant que les gilets jaunes ne le réactualisent. «
Il réapparaît aujourd’hui dans un contexte de forte mobilisation et de contestations. Sur nos ronds-points et dans les rues, ces gilets jaunes représentent ici-même un opérateur symbolique d’unification, par l’unité d’un peuple.
p. 63 : » Peuple n’est pas un rassemblement à part dans la population, mais une façon d’agir à certains moments. «
Longtemps ce mot aura une connotation négative, en opposition aux nobles, aux riches et aux éclairés. En se référant à des grands penseurs tels que les philosophes et théoriciens Marx, Engels, Laclau ou encore Foucault, Déborah Cohen nous démontre toute la puissance de ce mot à travers les époques.
p. 61 : » Peuple n’est donc ni un passé, ni une promesse que porterait un mot : peuple est déjà là, pour rouvrir les possibles et l’histoire. «
» Peuple « est donc un ouvrage passionnant, axant son développement sur un mot simple en apparence, mais d’une grande complexité et variété par ses utilisations. Comme l’explique l’auteure, ce livre veut avant tout rendre compte des difficultés et des incertitudes aujourd’hui communes à beaucoup d’entre nous.
p. 69 : » Peuple est devant nous, mais il a déjà commencé. «
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