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Pétra

Couverture du livre « Pétra » de Henri Stierlin aux éditions Actes Sud
Résumé:

Pétra, capitale des Nabatéens, fut, à l'époque hellénistique et romaine, un fastueux relais de caravanes. Des monuments rupestres, taillés dans le grès rose et pourpre, y subsistent presque intacts. Leurs hautes façades ornent les à-pics d'unmassif rocheux perdu au coeur du désert. Érodé par la... Voir plus

Pétra, capitale des Nabatéens, fut, à l'époque hellénistique et romaine, un fastueux relais de caravanes. Des monuments rupestres, taillés dans le grès rose et pourpre, y subsistent presque intacts. Leurs hautes façades ornent les à-pics d'unmassif rocheux perdu au coeur du désert. Érodé par la rivière de Moïse, un dédale de rocs abrupts et de failles encaissées constitue une forteresse naturelle. C'est là que les souverains des riches négociants par qui transitait le commerce entre Orient et Occident ont élevé, entre le IIIe siècle avant et le IIe siècle après J.-C., un ensemble unique et grandiose de monuments qui subsiste, telle une cité pétrifiée, dans ces montagnes sauvages. Des princes arabes profondément hellénisés y ont donné naissance à une culture spécifique, associant aux formes antiques des traits proprement nabatéens. Ce haut lieu fut la plaque tournante du grand commerce international du luxe, où s'approvisionnait le monde gréco-romain : Alexandrie, Antioche, Éphèse et la Rome impériale commandaient à ces marchands opulents épices et aromates, parfums et tissus précieux.

Pendant plus de trois siècles, Pétra a drainé le négoce des aromates - encens et myrrhe - d'Arabie du Sud et d'Érythrée, ainsi que des épices - poivre, cannelle, clou de girofle - en provenance de l'Inde, de laMalaisie et des archipels de l'Indonésie. Sans omettre la précieuse soie, dont la Chine conservait jalousement le monopole du processus de fabrication. Ces produits rares étaient échangés contre l'or, les vins fins, la céramique, les oeuvres d'art et l'orfèvrerie provenant de l'Occident. À Pétra, tout est objet de troc : les pierres précieuses, les perles, les parures, les tissus de prix, les tapis, les créations artistiques originales. Tout y circule : idées, écrits des poètes et des philosophes, concepts astrologiques. Ce carrefour du négoce est aussi celui par où transitent les messages de foi et les croyances nouvelles, où se nouent des mariages entre les mythes du monde antique et les religions de salut de l'OrientPétra est un noeud routier qui relie les terres aux mers, et les mers aux océans. C'est le point de jonction d'où la civilisation grecque se diffuse en Asie.

Les découvertes actuelles bouleversent la compréhension du site, de son époque, de ses croyances [...].Comme les royaumes lagide et séleucide environnants, Pétra participe d'un grand mouvement qui tend à faire du souverain une divinité à part entière. Le charisme de cet Homme Dieu transcende le froid panthéon civique. Il crée, par les vertus d'une étroite communion, lors des banquets sacrés, une forme de consubstantialité entre le souverain et son peuple.

Henri Stierlin

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