Vous recherchez des idées de lecture ? Vous êtes au bon endroit !
Les Simart-Duteil ont marqué votre enfance. Leur nom si français, leur maison flanquée d'une tourelle - comme dans les contes -, leur allure bon chic bon genre ont imprimé sur le papier glacé de votre mémoire l'image d'une famille parfaite.
Un jour, pourtant, vous les retrouvez à la page des faits divers, reclus dans un manoir normand aux volets fermés. Les souvenirs remontent et, par écran interposé, vous plongez dans la généalogie d'un huis clos.
Paul, Clothilde, Samuel ont été des enfants rois. Leur père, magnat des autoroutes au Moyen-Orient, leur mère, Italienne flamboyante, leur ont tout donné. Quand un frère caché écrit de Syrie pour réclamer sa part de l'héritage, la façade se lézarde. Les failles intimes se réveillent.
Paul, dont la notoriété d'influenceur politique commence à exploser, décide de prendre en main le salut de son clan. Une lutte pour la survie de la cellule familiale se met en branle. Et l'« étranger » a beau montrer patte blanche... il n'est pas le bienvenu.
Une fable qui porte un regard d'une grande finesse sur le climat social et la peur de l'autre.
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La famille bourgeoise des Simart-Duteil se replie complètement sur elle même en se barricadant dans sa maison de Normandie. L’autrice décrit parfaitement les mécanismes d’emprise, de peur, de haine qui aboutissent à ce repli volontaire. Ce qui est dommage, c’est que l’on voit très bien d’où vient la manipulation, de ce fait la fin du livre n’est pas une surprise.
Lu grâce aux @68premieresfois
Je suis passée à côté de cette lecture. Pourtant le début était prometteur.
Très vite la paranoïa ambiante m’a agacée et je n’y ai pas cru.
Désolée
Grandeur et déchéance d’une famille française
Inspirée d’un fait divers – l’histoire d’une famille qui a choisi de se cloîtrer dans sa demeure, le premier roman de Kinga Wyrzykowska est un joyeux jeu de massacre au sein d’une famille bourgeoise. Vous allez vous régaler avec les Simart-Duteil !
Souvenez-vous, c’était avant le covid et avant la guerre en Ukraine. Mais le climat n’en était pas moins anxiogène. Nous étions en 2015 et la France était confrontée à une vague d’attentats. C’est dans ce contexte que Kinga Wyrzykowska nous offre un premier roman aussi corrosif que jouissif. Il met en scène une famille bourgeoise, les Simart-Duteil, qui décident de se cloîtrer dans leur maison de famille en Normandie. Héritiers d’une fortune amassée dans les travaux publics et plus exactement la construction d’autoroutes au Moyen-Orient, Paul, Clothilde et Samuel n’auraient pourtant guère de raisons de s’en faire, si ce n’est cette crainte ancrée profondément de ne pas être à la hauteur. Car ils ont tous espéré suivre la voie de la réussite et ont finalement dû se rendre compte que le chemin de la réussite était semé d’obstacles.
Paul aura été le premier à connaître son heure de gloire. Sous le nom de Pol Sim, il a travaillé avec Thierry Ardisson et s’est fait connaître par ses saillies féroces. Sa chaîne YouTube (Pol’pot) lui aura aussi permis d’asseoir sa notoriété, mais comme rien n’est plus éphémère qu’une carrière médiatique, il sent bien que sa chance est passée. Son réseau s’étiole, dans les allées du Racing-Club de France on ne le reconnaît même plus.
Samuel a longtemps pensé que son avenir était beaucoup plus solide. En ouvrant une clinique de chirurgie esthétique, il s’imaginait faire fortune en un rien de temps. Il a d’ailleurs très vite trouvé une clientèle, élargi son réseau et fait fructifier son entreprise. Mais dans ce milieu, la réputation fait tout. Alors quand les premières critiques – même infondées – ce sont fait jour, la confiance envers le chirurgien en a pâti. Si bien qu’il doit désormais penser à sauver les meubles. Ce qui tombe plutôt mal, car il a demandé Monika, rencontrée lors du tournage d’un film publicitaire pour vanter l’un de ses appareils censés faire rajeunir, en mariage. Une nouvelle qu’il compte annoncer à la famille réunie à Yerville. Quant à Clotilde, avouons-le, elle n’a pas eu à faire grand-chose, sinon un trouver un mari de son rang et lui faire trois enfants qui font sa fierté. Mais l’usure du couple est là, faisant croître les angoisses de Clothilde, toujours prompte à voir les choses en noir.
Et les choses ne vont pas s’arranger. Car de la Syrie en guerre leur parvient un message qui va les déstabiliser. Leur père menait une double-vie, de part et d’autre de la Méditerranée. Il avait une maîtresse qui lui donnera un fils. Ce dernier annonce sa venue, fuyant les combats via le Liban.
L’ambiance devient explosive, les vieilles histoires ressortent, la tension croit et le vernis de la bienséance se craquelle. Ce jeu de massacre auquel participent trois générations est servi par un style corrosif au possible. On se régale de cette descente aux enfers.
Kinga Wyrzykowska montre avec finesse combien les phrases convenues se vident de sens, comment les belles conversations basculent dans l’anathème et comment le bien-parler peut se transformer en blessures profondes. On imagine combien un Chabrol aurait pu faire son miel de ces dialogues tranchants et de ce huis-clos explosif. Et on jubile avec autant de plaisir qu’avec la prose de Stéphane Hoffmann, notamment dans On ne parle plus d'amour.
https://urlz.fr/mCGj
« Patte blanche » est la peinture d’une France conservatrice et passablement hors-sol qui croit à l’immuabilité de ses privilèges et qui découvre la peur de l’extérieur, immigrés en tête. Toute ressemblance avec des idées en cours etc., etc...
« Famille, je vous hais » prend tout son sens lorsque les personnages découvrent les jalousies intra-familiales, les liens filiaux qui se distendent, la peur irrationnelle, le naufrage de la vieillesse et autres joyeusetés de la vraie vie ; lorsque le complotisme leur dictera le choix de se cloîtrer pour se protéger de tous les changements, il sera trop tard pour revenir en arrière, tout sera déjà « parti en sucette » comme le dit si bien l’un des membres de la fratrie.
Avec un comique féroce que vient noircir un brin de cynisme, Kinga Wyrzykowska organise une narration maîtrisée ; il faut attendre quasiment le dernier 1/3 du livre pour qu’arrive l’emballement qui rend la lecture puissamment jouissive, que jusqu’alors j' avais trouvée surtout perturbante.
Lu dans le cadre des 68 premières fois, que je remercie pour tout ces premiers livres enthousiasmants, celui-ci par exemple.
Dans la riche famille Simart-Duteil, il y a la mère Isabella, une flamboyante Italienne qui passe ses journées à lutter contre les marques du vieillissement.
Il y a Paul, l'aîné homosexuel et vilain petit canard, un influenceur politique qui peine à percer avec sa chaîne YouTube « Pol'Pot », Pot pour potins. Le quinquagénaire n'hésite pas à fricoter avec l'extrême droite pour développer ses projets.
Il y a Clothilde, desperate housewife hypocondriaque, mère de trois enfants, qui comble le vide de son existence en postant sur les réseaux sociaux des photos de plats qu'elle a réalisés et d'idées de décoration.
Il y a enfin Samuel, le cadet, chirurgien esthétique à la tête d'une clinique, qui n'hésite pas à rafistoler sa mère à coups de liposuccions quand sa peau fiche le camp. Il s'apprête à épouser une mannequin polonaise enceinte de ses œuvres.
Tout ce petit monde se prépare à fêter les soixante-dix ans de la daronne dans la propriété normande où celle-ci vit la moitié du temps.
Tout ce petit monde va jouer le jeu de l'entente familiale, sauf Paul, le mal-aîmé, qui excelle à mettre les pieds dans le plat.
Seul le patriarche manque à l'appel. Claude, magnat des autoroutes, est décédé quelques années plus tôt d'un cancer de l'œil. Isabella l'a remplacé par un certain Marco, « de quinze ans son cadet ».
En faisant du rangement dans les affaires de son père, Paul tombe sur une photo sur laquelle figurent une femme et un homme au visage indiscernable sur les genoux duquel un bébé est assis. L'individu au costume gris qui figure sur ce cliché pris à Damas, où Claude faisait du business, est-il son père ?
Nous le saurons rapidement. Le nourrisson a bien grandi. Il s'appelle Feras et annonce aux trois enfants « officiels » de Claude qu'il est leur demi-frère, qu'il souhaite quitter la Syrie pour rejoindre la France et, pour ce faire, qu'il a besoin d'aide.
Sur les conseils insistants de Paul, la fratrie décide de ne pas répondre à son appel au secours. Feras va alors se montrer menaçant, semant la paranoïa chez les Simart-Duteil qui se croient victimes d'un complot.
Contre l'adversité, il faut se serrer les coudes pense Paul qui transforme la maison familiale en bunker.
Premier roman déjanté et réjouissant faisant partie de la sélection 2023 du Prix Premières paroles, « Patte blanche » est un récit savoureux sur la comédie humaine qui sonde nos travers les plus minables.
Tous les personnages sont détestables et sont des miroirs de nous-mêmes avec nos petites lâchetés, nos trahisons, notre propension à médire, notre peur de l'étranger...
On rit beaucoup à la lecture de « Patte blanche » dont la narration est truffée de dialogues désopilants. Et la fin, modèle de twist, est surprenante.
http://papivore.net/divers/critique-patte-blanche-kinga-wyrzykowska-seuil/
Une famille qui perd toute rationalité.
Voici une famille modèle: une mère élégante d’origine italienne, et ses 3 enfants, Samuel, chirurgien réputé et sa femme parfaite Monika, Paul, influenceur, célibataire, et Clothilde, ses enfants et son mari, vivent unis et baignent dans le bonheur le plus complet.
Les Simart–Duteil n’ont plus rien à prouver jusqu’au jour où ils reçoivent un mail d’un certain Feras, un demi-frère syrien, qui demande leur aide pour venir s’installer en France. La famille découvre alors la vie cachée de leur père, qui était le grand constructeur des autoroutes au Moyen-Orient. Tout leur échappe petit à petit. Un tourbillon va les emporter sans leur laisser d’échappatoire et les enfoncer dans leur folie.
C'est une analyse juste de notre société à travers une écriture légère mais puissante. L’autrice nous montre les ravages des réseaux sociaux avec leurs influenceurs, ce fléau du XXI siècle qui s’abat sur cette famille exemplaire, s’empare d’elle et l'aspire dans les bas-fonds.
Merci à lecteur.com pour m'avoir permis de lire ce roman d'une actualité troublante
Si les Simart-Duteil ont marqué notre esprit, c’est parce que cette famille est une caricature de la famille française vivant dans une maison bourgeoise. Elle cristallise à la fois nos ambitions et nos rêves. Et pourtant, si nous savions ce qui se cache derrière le vernis.
Chez les Simart-Duteil il y a Claude le patriarche, disparu depuis peu victime d’un cancer. Ce bâtisseur non pas de cathédrale mais d’autoroute, en particulier au Moyen Orient, a su mener sa famille à la baguette ; Isabella la mère, italienne belle et racée sur le retour ; Paul, Clotilde et Samuel, la fratrie pas toujours aussi solidaire qu’elle le laisse à penser.
Mais à la disparition du patriarche, un frère inconnu vient se manifester et réclamer sa place. Son étrange courriel arrive dans les boites mails de chacun, faisant planer une ombre malveillante sur la famille. Issu d’un mariage illégal en Syrie, il veut connaître ses frères et sa sœur. Tant qu’il vit en Syrie, tout va bien. Mais si les routes sont dangereuses et souvent mortelles pour les migrants, le chemin vers une famille parisienne aisée est bien tentant.
Commence pour Paul un véritable travail pour souder la tribu contre l’intrus. Paul qui avait été rejeté par tous du fait de son homosexualité devient l’unique conseiller et le soutien de la famille. C’est ainsi que chacun des membres de la famille va se terrer pendant des mois, loin de l’intrus, dans une résidence secondaire en Normandie.
Questionnements sur l’immigration, sur notre façon d’accueillir l’autre, celui que l’on ne connaît pas, mais aussi sur les attentats de 2015 et la façon dont ils ont transformé la société française, sur les relations parfois délétères des familles, le pouvoir de la séduction, de la manipulation, la jalousie, le pouvoir, le doute, les craintes, l’aplomb et l’assurance de certains et cette capacité à convaincre envers et contre toute logique.
Intriguant et perturbant, un roman qui se lit jusqu’au bout avec circonspection, puis à la fin avec comme une envie de tout reprendre depuis le début.
chronique en ligne sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2022/11/13/patte-blanche-kinga-wyrzykowska/
« Apprendre à toujours se méfier » Prosper Mérimée
Le piédestal de la littérature !
Un premier roman qui dépasse largement ses grands frères.
Attention, une fois en main, impossible de poser cette pépite avant le point final tant il est fascinant.
L’écriture vive, précise, surdouée est une délectation. La justesse de ton : patiente et merveilleuse. L’olympien retient notre regard. Ici, c’est déjà la somme d’un grand livre à plusieurs degrés.
Sociétal, engagé, résolument moderne, un chef-d’œuvre qui dévoile notre contemporanéité. « Patte blanche » lève le voile sur les diktats sociologiques. Chacun (e) est une caricature, un fragment de nos questionnements idéologiques. Il faut dire que les Simart-Duteil représentent le bien-pensant, tout le conventionnel en lumière, la poussière sous le tapis. Les Bourgeois, à l’instar de Jacques Brel. Une maison avec une tourelle, la pelouse verte. Tout irait bien, si, si, « on ne se coupe pas la parole. On s’écoute. On marche sur des œufs. Noël, c’est touchy, comme chacun sait. L’ennui assoupit les émotions ». Dans cette famille trop lisse pour être honnête, l’hypocrisie est le garde-fou. Le père, énigmatique, sommité des autoroutes, régulièrement en périple au Moyen-Orient. La Syrie est son double toit et pour cause. Les enfants grandissants au fil des pages, ah… les enfants , Samuel, chirurgien-plasticien , Paul influenceur, petit bourgeois, faux, de droite dure voire extrême. Clotilde sans histoire aucune, nantie de par son mari. L’histoire monte en puissance. Le père décède. Et là, la vérité va éclater au grand jour comme un ballon de baudruche en pleine figure. Il a un fils caché en Syrie. Les frères et la sœur vont imaginer des conséquences dramatiques. Et la mère dans tout ça ? Elle est effacée, au courant de cette femme mariée avec son propre mari, et ce depuis le début. Elle cache ses rides par de la chirurgie. Elle se blottie dans sa carapace et les faux-semblants .
Ce mélo-drame, gâteau renversé sur la table des dimanches chez les bobos. L’écueil des migrations, la peur de l’autre, le transfert sur les attentats de Pris, l’étrange (er), ce frère des ignorances achevées. Il est ici. Dans les fibres familiales d’une famille qui va se heurter de plein fouet au racisme, au non désir et au refoulement. L’étau se resserre. Le méconnu prend place. Feras est rejeté. Comme une pierre lancée dans la rivière. Ils font bloc contre sa venue. Malgré ses messages où il dit tout connaître d’eux. Là, la subtilité de Kinga Wyrzykowska est époustouflante. Les signaux vifs de notre monde chahuté par une trop plein d’informations. Le récit devient une satire. Les chaises sont renversées. Les barreaux sur les fenêtres glissent. Seule Clotilde cherche son frère dans un silence gorgé de compassion pour cet inconnu, Feras.
« Que risquent-ils eux, à côté des dangers qu’il encourt, lui ? Rien. Fraternité. »
Repliés dans la résidence secondaire, un manoir normand, porte blindée, l’autarcie. Paul est machiavélique, se venge. Ne rien dire de plus.
Un fait divers accroché au fronton des indifférences jusqu’à la folie.
L’antre principale devient la risée du monde. Abandonnée dans l’abondance de la végétation qui reprend son territoire. Ici, tout est symbole !
Un éclat des questionnements politiques et conjugaux. Une fratrie conditionnée et formatée.
Ce livre est à haut potentiel cinématographique. « Patte blanche », la tragédie humaine, le paroxysme des peurs de l’autre.
Triomphant de par sa trame, il en devient universel. Il définie l’œuvre du mal.
Une seule voix résiste en apothéose, celle de Kinga. Bienveillante et généreuse, d’une sincérité intègre.
Haut les cœurs !
Une urgence de lecture. « Patte blanche » est dans la sélection du premier roman des Inrockuptibles & Le prix Wepler.
Publié par les majeures Éditions Le Seuil.
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