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Pas ici, pas maintenant

Couverture du livre « Pas ici, pas maintenant » de Erri De Luca aux éditions Folio
  • Date de parution :
  • Editeur : Folio
  • EAN : 9782070348282
  • Série : (-)
  • Support : Poche
Résumé:

« Maintenant l'autobus s'ébranle, la vitre tremble et je frissonne de froid. Je vois encore ton lourd manteau, ton sac, mais pas tes yeux. Je ne sais plus si tu regardes vers moi. Il ne te fut pas permis de reconnaître ton fils vieilli, tu n'as vu qu'un homme qui te regardait à travers une... Voir plus

« Maintenant l'autobus s'ébranle, la vitre tremble et je frissonne de froid. Je vois encore ton lourd manteau, ton sac, mais pas tes yeux. Je ne sais plus si tu regardes vers moi. Il ne te fut pas permis de reconnaître ton fils vieilli, tu n'as vu qu'un homme qui te regardait à travers une vitre. » Dans ce récit d'une enfance napolitaine, la mémoire n'est pas une consolation mais un drame : une lumière blanche et compacte semble baigner la ville, soudain dénudée, loin de sa fièvre baroque. L'image des êtres perdus - la mère, à qui s'adresse chacune de ces pages, le père, un ami mort... - se juxtapose au deuil et à l'oubli, qu'elle ne compense pas. Voilà pourquoi Pas ici, pas maintenant n'est pas une évocation nostalgique, mais un livre abrupt et fier, que rythment de subtils dérèglements comme autant d'initiations : le bégaiement du narrateur, les lapsus, un pas qui achoppe, des jouets qu'on brise. Et toujours, entre le monde et l'enfant, une vitre, les gestes tendres et lointains d'une mère.

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Avis (1)

  • Un homme la soixante est dans un bus à l’arrêt, derrière sa vitre il voit sa mère lorsqu’elle avait la trentaine.
    Les souvenirs affleurent.
    Lorsque l’auteur écrit ce premier livre il a 39 ans, mais qu’importe la réalité chronologique pour dire ce que sont les fondements de l’homme qu’il est...
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    Un homme la soixante est dans un bus à l’arrêt, derrière sa vitre il voit sa mère lorsqu’elle avait la trentaine.
    Les souvenirs affleurent.
    Lorsque l’auteur écrit ce premier livre il a 39 ans, mais qu’importe la réalité chronologique pour dire ce que sont les fondements de l’homme qu’il est devenu.
    « La chaise s’est faite dure et une vitre nous sépare, une vitre d’autobus. Moi, je suis assis à l’intérieur, je suis tourné vers la fenêtre et toi tu me regardes.
    Tu ne me reconnais pas. Je suis un homme entré dans la soixantaine et toi, tu as la moitié de mon âge.
    C’est possible, car le possible est la limite mouvante de ce qu’on est disposé à admettre. C’est ce qui arrive et je n’en suis pas troublé. »
    Le lecteur va suivre les souvenirs en errance de l’enfant déplacé que fut Erri de Luca.
    Ses parents se sont trouvés ruinés après la guerre, leurs biens disparus ils ont installé leur famille dans un petit logement dans un quartier pauvre de Naples, Montedidio, l’enfant se rappelle ce logement comme la maison de la ruelle. Jusqu’à ses neuf ans et les parents ayant rétabli leur situation financière ont déménagé pour un quartier pavillonnaire résidentiel. C’est la fracture pour cet enfant.
    La maison de la ruelle, ce sont les draps des voisins qui sèchent en obstruant les fenêtres et en dégageant une forte odeur de lessive, âpre qui vous prend à la gorge.
    Parlons des odeurs de l’enfance, ce sont celles des foyers, un mélange de tout. Mais il y a l’odeur du café, une vraie poésie :
    « Il manque celle du café. C’est un parfum secret, protégé : celui qui le fait ne le gaspille pas, rebouche la boîte, met son capuchon au bec de la cafetière, ferme la fenêtre de la cuisine. Celui qui le fait le respire entier, à l’abri, avant même de le boire. »
    Dans l’espace réduit de cette maison de la ruelle, malgré la promiscuité l’enfant avait de bonne note.
    Ensuite, dans le pavillon tout s’effondre, il devient bègue, les mots lui résistent, ils se sent déplacé.
    Il a déjà de l’intérêt pour « les petites gens »
    Filamena, la soixantaine passée, est au service de la famille.
    Lui sait : « Elle avait eu des temps meilleurs, une boulangerie et un mari. Elle conservait dans son corps le souvenir des deux, les mains brulées par le four et dans les os les douleurs du bâton les soirs d’ivrognerie. Ses paumes étaient si insensibles au feu qu’elle se passait de torchon pour saisir les manches des casseroles en les retirant du fourneau. »
    Erri de Luca nous promène dans ses souvenirs, il dit le père absent car absorbé par son travail, la mère omniprésente dans une éducation rigide basée sur les bons résultats scolaires et la bonne tenue pour tenir son rang.
    Une place difficile à tenir pour un « enfant plus pensif que sage ».
    Il n’était pas l’enfant des attentes de ses parents.
    Il y a des bulles d’air dans cette enfance ce sont les étés à Ischia et la liberté enfin trouvée, celle des journées au grand air, des plongées avec les copains surtout avec l’ami Massimo. Celui qui était son opposé. Mais un jour c’est le drame.
    Il va jusqu’à penser dans sa détresse d’enfant : « Mieux valaient les coups, mieux valait courir le risque de faire un peu de bruit quand un jeu me tentait. Pas les mots : contre eux on ne pouvait pleurer, on ne pouvait répondre et moi, quand tu intervenais je ne parvenais pas à en prononcer un seul, entre apnée et le bégaiement. On apprend bien tard à se défendre des mots. »
    Une promenade qui nous entraîne dans le passé de l’auteur mais également dans nos propres souvenirs, les bulles remontent à la surface.
    C’est une introspection emplie de cette poésie unique à cet écrivain majeur, il forge les mots, les images pour en faire sortir l’essence de ce qui l’a fait homme.
    Un premier livre qui dit déjà l’écrivain en devenir.
    Un flot d’émotions partagé.
    ©Chantal Lafon

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