Passionné(e) de lecture ? Inscrivez-vous gratuitement ou connectez-vous pour rejoindre la communauté et bénéficier de toutes les fonctionnalités du site !  

Ou vivre

Couverture du livre « Ou vivre » de Carole Zalberg aux éditions Grasset Et Fasquelle
Résumé:

" Peut-être que nous n'étions pas faits pour avoir un Etat à nous, après tout. Voilà ce que me confie, à voix basse, comme pour elle-même, ma tante assise sous la pergola devant sa maison inchangée depuis ma dernière visite, trente ans auparavant. Cette réflexion, la déception qu'elle révèle me... Voir plus

" Peut-être que nous n'étions pas faits pour avoir un Etat à nous, après tout. Voilà ce que me confie, à voix basse, comme pour elle-même, ma tante assise sous la pergola devant sa maison inchangée depuis ma dernière visite, trente ans auparavant. Cette réflexion, la déception qu'elle révèle me glacent mais que répondre ? Et qui suis-je pour avoir une opinion, moi qui n'ai pas remis les pieds ici depuis si longtemps ? C'est à peine croyable mais les décennies ont filé sans que j'y prenne garde, sans que j'affronte les contradictions et le malaise qui me tenaient éloignée de ce pays que je qualifiais de compliqué pour évacuer la question.
" A travers leurs voix recomposées par Marie, née en France dans les années 60, les membres d'une famille juive polonaise relatent leur installation en Israël après la guerre. Au long des décennies intranquilles, les générations nouvelles venues dans l'Etat juif puis celles qui y sont nées expriment leurs attentes et leurs déceptions, au fil d'un quotidien à jamais hanté par la Shoah. C'est cette fin d'un monde que les plus âgés ont voulu surmonter en construisant un lieu sûr.
C'est elle que les plus jeunes veulent empêcher de se reproduire en acceptant avec plus ou moins d'évidence les épreuves que leur pays ne cesse d'imposer. De l'après-guerre à nos jours, l'exil des uns et les questionnements de la famille restée en France se répondent, tissant des liens indéfectibles. Leurs voix se mêlent pour dire avec puissance une destinée familiale complexe et vitale qui est aussi une magnifique plongée dans les paradoxes de l'Etat d'Israël, autour de la question des pionniers, de leurs rêves, de leurs déceptions.

Donner votre avis

Articles (1)

Avis (3)

  • https://leslivresdejoelle.blogspot.com/2018/12/ou-vivre-de-carole-zalberg.html

    J'aime beaucoup la plume de Carole Zalberg et me suis donc précipitée sur son nouveau roman dès sa sortie.

    Marie, née en France dans les années 60, retourne en Israël après trente ans d'absence, elle essaie de...
    Voir plus

    https://leslivresdejoelle.blogspot.com/2018/12/ou-vivre-de-carole-zalberg.html

    J'aime beaucoup la plume de Carole Zalberg et me suis donc précipitée sur son nouveau roman dès sa sortie.

    Marie, née en France dans les années 60, retourne en Israël après trente ans d'absence, elle essaie de comprendre l'histoire de sa famille et s'adresse à Noam, le plus jeune de ses cousins, hospitalisé à la suite d'un très grave accident de voiture, alors qu'exilé aux Etats-Unis, il séjournait en Israël avec son épouse pour son voyage noces après son mariage aux Etats-Unis.

    Ce roman retrace le destin de cette famille sur quatre générations de 1949 à 2017. Deux sœurs, Lena et Anna, nées dans les années 30, sont des juives polonaises qui ont fui le nazisme avec leurs parents et ont trouvé refuge en France. A la fin de la guerre, les deux sœurs prennent des voies différentes. Anna, la mère de Marie, trop jeune pour partir en Israël, reste en France où elle fondera une famille tandis que Lena part bâtir un nouveau monde en fondant un kibboutz en Palestine. Dès lors, les deux branches de la famille vivent séparées, l'une en Israël, l'autre en France. Léna aura trois fils avec Joachim. Chacun des trois prend la parole pour raconter son rapport au pays, son attachement plus ou moins important à Israël, ses doutes et ses choix. Tout au long du récit, Carole Zalberg mêle les voix des différents membres de cette famille juive éclatée entre la France et Israël.

    En Israël, au fil des générations, la famille vit les rêves et les désillusions des pionniers car le découragement va succéder à l'enthousiasme du départ, les doutes vont surgir avec la prise de conscience d'avoir chassé des familles pour s'installer sur cette terre "Nous n'avions pas à occuper plus qu'il n'en faut. Comment espérer la paix quand on fournit à ceux qu'on croit ainsi dominer de quoi nous haïr de génération en génération?". Ils ressentent aussi l'angoisse de vivre dans un pays qui ne connaîtra sans doute jamais la paix, en état de guerre permanente.

    La partie de la famille restée en France vit dans l'inquiétude pour la famille de là-bas et entretient un rapport compliqué avec la terre d'Israël à l'image de Marie qui parle du "malaise qui la tenait éloignée de ce pays qu'elle qualifiait de compliqué pour évacuer la question."

    Ce roman choral est composé de trois parties judicieusement nommées "L'invention", "Les chocs" et "Les ajustements", des termes qui évoquent les étapes de la construction d'Israël. De l'esprit pionnier aux avancées dans le processus de paix avec la poignée de mains entre Rabin et Arafat jusqu'au chaos provoqué par l'assassinat de Rabin en 1995 sans passer sous silence les dérives de ce pays. Ce récit montre l'enthousiasme du départ puis les multiples doutes et tiraillements qui assaillent ensuite les membres de cette famille. A travers l'histoire d'une famille c'est l'histoire d'un peuple que nous raconte Carole Zalberg sans porter aucun jugement, son héroïne cherche juste à comprendre Israël. C'est un roman intime car on sent bien que, dans cette fiction, Carole Zalberg se cache un peu derrière Marie et que c'est une partie de ses racines qu'elle cherche. J'ai beaucoup aimé ce roman choral court et dense, je n'ai pas pu le lâcher une fois commencé.

    thumb_up J'aime comment Réagir (0)
  • Très beau roman sur l'histoire d'une famille juive de la fin de la fin de la guerre à 2015 dispersée aux 4 coins du monde. Tiraillés entre la fierté ou la honte d'être juif, la relation entre les différents personnages est très touchante

    Très beau roman sur l'histoire d'une famille juive de la fin de la fin de la guerre à 2015 dispersée aux 4 coins du monde. Tiraillés entre la fierté ou la honte d'être juif, la relation entre les différents personnages est très touchante

    thumb_up J'aime comment Réagir (0)
  • De l’impression des mots sur le papier à l’empreinte gravée sur le mur de calcite de notre âme…
    Un accident gravissime est un bouleversement dans une famille qui remet chacun de ses membres face à la fragilité de la vie et les recadrent en son sein.
    C’est par cet évènement que l’auteur va...
    Voir plus

    De l’impression des mots sur le papier à l’empreinte gravée sur le mur de calcite de notre âme…
    Un accident gravissime est un bouleversement dans une famille qui remet chacun de ses membres face à la fragilité de la vie et les recadrent en son sein.
    C’est par cet évènement que l’auteur va construire le récit d’une vie décomposée par l’Histoire.
    La polyphonie familiale va s’élever après le « la » donné par Léna :
    « Nous arrivons de pays épuisés où notre jeunesse devait chaque jour s’arracher aux ruines. Les fantômes nous accompagnaient partout, s’agrippaient à nos chevilles, pesaient sur nos épaules, ne nous laissaient même pas rêver. Sans parler des morts, partout autour de nous, vivants mais morts là-bas, ne sachant ni revivre vraiment ni cesser, se taisant ou parlant trop et seulement de ça, de ce là-bas où une part d’eux-mêmes continuait d’être terrifiée, avait peur et froid et mal, à jamais. »
    Anna, la jeune sœur, maman de Marie/Carole, sera familière aux fidèles de l’auteur, qui ont lu « Chez eux », ils la retrouveront et comprendront son sentiment exprimé comme ceci : « Je suis toujours aussi fière de ma sœur courageuse et volontaire, mais le désir de la rejoindre s’est émoussé. »
    Autour de ces deux femmes il y a la génération du passé, les parents Saba et Satba, heureux grands-parents, mais porteurs de l’Histoire et Saba le résume ainsi : « Je ne m’autorisais que des semblants de sourire, un vague mouvement de la main dans leur direction, car c’est ainsi, je ne sais plus comment renoncer à la réserve digne qui me sert de masque et d’armure. En moi toutefois, de les voir, ça jubilait, ça riait aux éclats. »
    Joachim, le mari de Léna, c’est l’incarnation de la colère, de la révolte : « Mais la terre qu’il foule — il ne la travaille pas, il a un jardinier pour ça — n’est pas la sienne. Comment peut-il vivre avec la possibilité d’être chassé, lui qui avec moi, sa main et ses mots noués aux miens le temps de la longue fuite, a été jeté de notre ancien monde comme rien, comme os immangeable, la mauvaise herbe, les fruits pourris ? »
    Carole Zalberg en mots choisis sait nous faire partager les émotions de chacun, je vous laisse découvrir ceux de la jeune génération.
    Le titre n’est pas une interrogation et c’est une évidence à la lecture.
    Une analyse toute en finesse et en délicatesse, d’une profonde humanité qui touche sa cible en plein cœur et fait sentir au lecteur une appartenance à la grande famille des humains.
    Comme je le disais au début de cette recension, l’impression des mots sur le papier restera l’empreinte gravée sur le mur de calcite de notre âme…
    Carole Zalberg est une passeuse d’âmes dans le monde des vivants.
    ©Chantal Lafon-Litteratum Amor 27 octobre 2018

    thumb_up J'aime comment Réagir (0)

Donnez votre avis sur ce livre

Pour donner votre avis vous devez vous identifier, ou vous inscrire si vous n'avez pas encore de compte.

Autres éditions (1)