Jamais voyage plus fou n'a été entrepris : l'auteur a traversé la Sibérie à pied, d'est en ouest. Même les bagnards fugitifs du Goulag n'ont osé un périple pareil.
Forêts impénétrables, marécages à perte de vue, une nature belle mais hostile, des milliards d'insectes dévoreurs de chair humaine, des loups, des ours, aucune route en été, quand le permafrost dégèle en surface ; Marc-Henri Picard est sorti de toutes ces épreuves et, en lisant son livre, on se frotte parfois les yeux, tant ce qu'il a vécu est extrême.
En digne héritier de Nicolas Bouvier, ce jeune Français dont c'est le premier ouvrage publié nous entraîne dans sa folle équipée, avec grâce et humilité. Et on en redemande. L'exploit physique est là, certes, à toutes les pages, mais il y a aussi les rencontres. Belles, très belles, et moches, très moches. Il y a l'amour et la fraternité, mais comment taire la violence, absurde, folle, meurtrière ?
L'image de la Russie secrète qui surgit de ces pages est inédite à plus d'un titre. Et tout d'abord parce que l'auteur s'y est plongé comme dans les profondeurs d'un océan inexploré, immense.
En sortant indemne de ce récit hors norme, le lecteur se dit qu'il aurait pu y rester.
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