Le quartier du Tonkin situé à Villeurbanne en lisière du parc de la Tête d'Or de Lyon a subi une longue métamorphose qui constitue à elle seule une véritable leçon d'urbanisme.
En remontant dans la durée, il est possible de repérer sur ce site, qui fut la plus grande opération de rénovation urbaine de France, des références urbanistiques et architecturales issues de différentes époques. Cela permet de retrouver dans un même espace toutes les formes d'urbanisme et d'architecture utilisées en Europe au cours de ce siècle. L'analyse présentée dans cet ouvrage n'en reste pas simplement à l'étude de juxtapositions de formes ni à la composition d'un cadre bâti, mais s'attache à mettre en évidence les prises de position, les nombreuses initiatives qui au cours de chacune des séquences de sa transformation ont contribué à l'émergence d'un milieu de vie.
Celui-ci est issu de la coexistence de populations différenciées dans un territoire partagé, mais aussi d'un contexte fait de la confrontation d'instances politiques et administratives à différentes échelles, auxquelles s'ajoutent encore d'autres logiques contradictoires, économiques ou immobilières. On voit se nouer des liens, s'établir des échanges, se mettre en place des situations conflictuelles et des arbitrages.
Une certaine diversité devient alors possible, en même temps que s'inventent des réinterprétations locales des politiques nationales. Ainsi, ce cas de figure, où nulle cohérence ne pouvait être programmée à l'avance, mais où une certaine logique d'action et de transaction a pris forme, ouvre la voie à d'autres analyses de territoires périphériques faisant apparaître similitudes et différences dans les modes d'invention collective de l'espace urbain.
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