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Martin Bodmer a réuni une collection privée si précieuse et si cohérente d'ouvrages et de manuscrits anciens qu'il a eu le privilège rare de pouvoir la désigner par un nom latin : la Bodmeriana. Des années 1920 jusqu'à sa mort, en 1971, il a ainsi constitué une bibliothèque de plusieurs dizaines de milliers de documents qui embrassent toute l'histoire de l'écriture.
Cette entreprise de longue haleine fut guidée par une philosophie de la littérature mondiale. Héritier de la «Weltliteratur» rêvée par Goethe, Bodmer a toutefois reformulé cet idéal à l'horizon des débats intellectuels du XXe siècle, des horreurs de la Seconde Guerre mondiale et de ses propres aspirations spirituelles.
Bodmer associait à la littérature mondiale des promesses que seule une enquête minutieuse permet de préciser.
À l'exploration de ses archives personnelles, il faut ajouter l'inscription de ses réflexions dans le contexte dense et parfois confus de l'époque. Il apparaît alors que Bodmer est sans doute le penseur le plus conséquent de la littérature mondiale depuis deux siècles.
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