Le Prix Orange du Livre 2023 dévoile sa liste
Syrie.
Un vieil homme rame à bord d'une barque, seul au milieu d'une immense étendue d'eau. En dessous de lui, sa maison d'enfance, engloutie par le lac el-Assad, né de la construction du barrage de Tabqa, en 1973.
Fermant les yeux sur la guerre qui gronde, muni d'un masque et d'un tuba, il plonge - et c'est sa vie entière qu'il revoit, ses enfants au temps où ils n'étaient pas encore partis se battre, Sarah, sa femme folle amoureuse de poésie, la prison, son premier amour, sa soif de liberté.
Poétique, tragique, envoûtant.
Me sont revenus les vers d'un autre Mahmoud, Darwich:
L'oliveraie était verte autrefois.
Etait... Et le ciel,
Une forêt bleue...Etait, mon amour.
Qu'est ce qui l'a ainsi changée ce soir ?
Ils ont stoppé le camion des ouvriers à un tournant.
Calmes,
Ils nous ont placés face à l'Est...Calmes
Mon coeur était un oiseau bleu, autrefois... O nid de mon amour.
Et tes mouchoirs étaient chez moi, blancs. Etaient, mon amour
Qu'est-ce qui les a souillés ce soir ?
Je ne sais mon amour !
Ils ont stoppés le camion des ouvriers au milieu du chemin,
Calmes,
Ils nous ont placés face à l'Est...Calmes.
Je te donnerai tout.
L'ombre et la lumière,
L'anneau des noce et tout ce que tu désires,
Un jardin d'oliviers et de figuiers,
Et la nuit, je te rendrai visite, comme à l'accoutumée.
J'entrerai, en rêve, par la fenêtre...
et je te lancerai une fleur de sambac.
Et ne m'en veux pas si j'ai quelque retard.
C'est qu'ils m'auront arrêté.
L'oliveraie était toujours verte.
Etait, mon amour.
Cinquante victimes.
L'ont changé en bassin rouge au couchant... Cinquante victimes
Mon amour...Ne m'en veux pas...
Ils m'ont tué...Tué
Et tué...
Magnifique
Magnifique !
Les souvenirs d’un vieil homme nous emmènent en Syrie, au bord du lac el-Assad qui a englouti son village. Ce lac artificiel créé à la construction du barrage de Tabqa.
Tous les jours Mahmoud monte dans sa barque et plonge dans le lac pour se souvenir de son village, ses parents, son métier de professeur, ses poèmes, ses enfants partis combattre Daech, Leïla son premier amour, Sarah sa femme.
La construction du roman en vers libre donne une telle intensité aux mots, une telle émotion, une telle force !
Ces 131 pages abordent parfaitement la politique, l’histoire et la souffrance du peuple Syrien.
Le ventre serré face à temps de souffrances mais aussi d’espoir, ce roman lu en apnée m’a mis les larmes aux yeux.
Ce texte m’a complètement bouleversé…..
À bord d'une barque, perdu dans l'immensité du lac Assad, sur l'Euphrate, Mahmoud, un vieux professeur de lettres, laisse ses souvenirs remonter à la surface. Seule la voix de sa seconde épouse Sarah fera écho à son long monologue. le poète que certains prétendent fou se remémore des scènes de son enfance avant que les eaux du lac ne viennent tout engloutir.
Antoine Wauters nous délivre un long poème d'une beauté et d'une puissance incroyables. La douceur des souvenirs des jours heureux laisse la place à l'évocation du docteur Bachar, personnage insignifiant qui va se transformer en un être sanguinaire et plonger la Syrie dans l'horreur. Et pourtant dans ce récit tout ne semble que tendresse et mélancolie, c'est là que se trouve la magie de la plume d'Antoine Wauters. Un roman lumineux et envoûtant, l'amour d'un vieil homme pour son pays, ses deux femmes, ses enfants et la poésie qui peut tout apaiser.
En Syrie. Mahmoud plonge dans le lac el-Assad, né de la construction du barrage de Taqba. Entre souvenirs de sa vie, et guerre qui gronde à proximité, ses mots sont des perles de rosée dans un océan d’horreurs.
« Vieillir, c’est devenir l’enfant que plus personne ne voit. »
Difficile de mettre des mots sur les mots d’Antoine Wauters. Juste un ressenti… J’ai reçu ce texte comme un cadeau. Ses mots sont d’amour, et suggèrent l’indicible d’une vie écartelée entre deux femmes qu’il a aimées et perdues, des enfants morts ou partis combattre le régime dictatorial, un passage en prison dont on revient sans en dire un mot, parce que le « vrai mal, c’est l’absence ». Antoine Wauters n’est pas syrien et pourtant il évoque ce pays avec tant de fougue et de passion, mêlant faits réels politiques aux mots du poète Mahmoud, qu’on pourrait le croire…
Ce texte dénonce avec la douceur des mots qui font mal. Quelle émotion !
Emanation du barrage de Taqba construit sur l’Euphrate par décision du président Hafez El Assad (le père de), le lac éponyme est le lieu de mémoire de Mahmoud, vieux poète syrien. Mahmoud entretient un dialogue à une voix avec ceux qu’il a perdus ou qui ne reviendront peut-être pas, Sarah sa femme, ses trois enfants au combat... Immense désespoir, chagrin incommensurable accompagnent les souvenirs submergés.
En vers, la violence est encore plus brutale. Le rythme saccadé dû aux scissions de phrases, aux retours à la ligne marquent les coups et déchirures. A quelques dizaines de pages, s’est invité en moi un besoin de lire à voix haute. Et ainsi, le texte s’est imposé, les images sont venues, l’émotion me submergeait, je voguais tant bien que mal sur le rafiot de Mahmoud.
Inutile de préciser que j’ai beaucoup aimé ce livre extrêmement émouvant. Par ailleurs, les pensées de Mahmoud, ses réflexions sur le temps qui passe, la vieillesse ne s’adaptent-elles pas aux méandres de nos vies ?
Je ne pouvais refermer cet opus sans me plonger dans l’Histoire et notamment sur les péripéties de la construction d’un barrage qui devait être le sauveur de l’économie syrienne…
Un vieil homme rame au bord d’une barque, juste au-dessus de la maison de son enfance, engloutie pour la bonne cause : la construction, en 1973, d’un barrage devant participer au développement économique de la Syrie. On connaît la suite.
Sur son esquif, il se souvient : de ses années de jeunesse, de la perte des siens, de son emprisonnement, de la radicalisation du régime, de la percée de Daech…
Je ne vais pas rejoindre le concert de louanges qui a suivi la publication du dernier roman d’Antoine Wauters. Après deux lectures plutôt introspectives (« Bleu nuit » de Dima Abdallah et « Ton absence n’est que ténèbres » de Jon Kalman Stefansson), « Mahmoud » ne m’a pas happée, contrairement aux deux romans précités.
L’écriture, magnifique, n’est pas en cause. C’est peut-être le profond pessimisme de ce long monologue intérieur qui m’a laissée sur le bord.
J’ai néanmoins bien envie de lire un autre roman de l’auteur belge.
http://papivore.net/litterature-francophone/critique-mahmoud-ou-la-montee-des-eaux-antoine-wauters-verdier/
Encore une fois, le prix du livre Inter m’a incitée à découvrir un superbe roman en vers libre, celui d’Antoine Wauters avec Mahmoud ou la montée des eaux, sur la Syrie actuelle, le chaos dans lequel le pays est plongé, la vieillesse lorsqu’on n’est plus que tout seul, l’écriture qui aide à vivre et tant d’autres choses.
Sur le lac Assad, placé sur l’Euphrate au nord de la Syrie, Mahmoud Elmachi, le vieux poète, efface sa solitude en convoquant les souvenirs de sa femme, Sarah, l’amoureuse de la poésie, et de ses trois enfants, Salim, Brahim et leur fille Nazafé. Comme un retour aux sources, il plonge pour se baigner dans son passé.
A la fois, l’intime le berce et l’enveloppe : Il revoit Leïla, son premier amour, avant que le village de son enfance soit enseveli par le barrage. Ce dernier représente les rêves de grandeur de Hafez El-Assad, père de l’ex-ophtalmologue timide et réservé, Bachar El-Assad, devenu tyran sanguinaire pour la planète.
Ainsi, dans sa barque, seul sur son lac, Mahmoud permet à Antoine Wauters de décliner toute l’histoire de la Syrie, du berceau de l’humanité aux terroristes de Daech, en passant par le totalitarisme du pouvoir actuel. Mahmoud était professeur avant d’être emprisonné et torturé moralement et physiquement.
Immersion dans l’horreur, dans le chagrin et la solitude où les mots sont des armes pour ne pas oublier et sombrer, pour continuer à célébrer la vie dans ce qu’elle a de plus magnifique, comme un tendre amour, une complicité d’échanges, l’enfance de ses enfants, la paix de son pays.
La suite ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2022/06/27/antoine-wauters/
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