Contemporain de Sade qui n'avait pour lui que du mépris (hors le point commun qu'ils avaient de passer la majeure partie de leur temps en prison), le comte de Mirabeau, laid et gros, n'en était pas moins un collectionneur de conquêtes. C'est à tort que certains textes érotiques lui furent attribués. Mais deux oeuvres majeures sont incontestablement de lui : l'Erotika Biblion, que nous ne manquerons pas de republier un jour prochain, et un roman, Le Libertin de qualité, depuis trop longtemps indisponible et enfin réédité par La Musardine. Roman certes, mais dont le héros emprunte au moins à son auteur le puissant tempérament sexuel : il se confesse en avouant sa décision de se prostituer et de ne plus vouloir foutre que pour de l'argent. "Je vais m'afficher étalon juré des femmes sur le retour, et je leur apprendrai à jouer du cul à tant par mois." Bien payé, ce libertin surmontera tous ses dégoûts, côtoyant aussi bien des femmes usées que des dévotes, des aventurières que des laiderons, des lesbiennes et même des moines, dans une succession de scènes violentes et obscènes. La bouffonnerie et la verve du récit font de ce Libertin de qualité le chef-d'oeuvre de Mirabeau.
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