Des conseils de lecture qui sentent la fin de l'été... et la rentrée littéraire !
Lulu est le jeune créateur d'une nouvelle espèce animale : le Piscis détritivore - poisson d'un nouveau genre, pourvu d'un incommensurable système digestif et qui se nourrit exclusivement de détritus. Cet animal nettoie les mers de la pollution humaine et rétablit l'équilibre salutaire. Alors qu'il se prend à rêver au prix qu'il pourrait recevoir pour cette invention révolutionnaire, Lulu retrace l'origine de sa passion pour l'océan.
Enfant singulier et solitaire, élevé par une mère célibataire, maladroite, étouffante, malmené par ses camarades de classe, il trouve refuge sur les bords du littoral.
Tour à tour naturaliste, collectionneur, chercheur de bouteilles, ramasseur de déchets, il fera l'expérience de la nature jusqu'à faire corps avec elle. Petit prince de la mer, il croisera sur son chemin une chercheuse d'or et un collectionneur venu d'un pays lointain. Jusqu'à l'arrivée de Vincent, à qui sa mère va confier l'écriture du secret de l'histoire de son père.
Premier roman poétique, Lulu est un conte pour tous les amoureux de la liberté et du grand Bleu.
Des conseils de lecture qui sentent la fin de l'été... et la rentrée littéraire !
Ce roman nous présente un enfant jugé différent mais qui préfère juste la compagnie de la Nature à celle de ses pairs.
Lulu est élevé par sa mère et a des passions un peu envahissante. Il collectionne tous les petits trésors qu'il trouve sur la plage. Le jour où il découvre une bouteille à la mer avec un message, il se lance dans un projet fou avec ses camarades de classe et sa maitresse, celui d'envoyer eux aussi des messages dans des bouteilles et de voir où cela les emportera. Une aventure qui va lui amener à consolider sa passion et à entretenir une relation avec une personne d'un autre pays.
Un roman touchant car il cultive la différence et met en avant les passions qui ne devraient jamais être laissées de côté. L'écriture poétique et entrainant fait que ce roman se lit d'une traite.
Chez Lulu, il y a du Lucien Ginsburg. Pourtant, cet homme-là vient de créer un poisson extra-ordinaire, le Piscis detritivore. Vous n’en aviez jamais entendu parler ? C’est normal car en fait, soit Lulu n’existe pas, soit vous ne le connaissez pas encore.
Lulu est un gamin solitaire qui vit avec sa mère, qui ne sait pas trop comment être mère mais qui aime son fils à la folie. À l’école, ce n’est pas mieux, car Lulu avec sa veste sur le dos ne ressemble à personne. Il cultive cette singularité en se satisfaisant d’être à l’écart des autres gamins.
Lulu, ce qu’il aime c’est être seul sur la plage. Là, sa mère lui laisse une certaine latitude sans être sans arrêt à le surveiller, alors il peut bouger, rêver, chercher des trésors enfouis dans le sable ou déposés par les vagues. Là il devient lui-même, ce petit collectionneur d’objets divers, coquillages, plumes, morceaux de verre polis par les flots, déchets plastiques, ou bouteilles à la mer.
Lulu s’émerveille de l’ordinaire, de la beauté simple de la nature, de la vie marine, coquillages ou simples déchets comme déposés là pour lui. Chaque jour il emporte son butin, rempli sa chambre, et vibre de joie, de bonheur, étudie ce qu’il rapporte et cherche à connaître les noms de chaque coquillage, de chaque petit animal marin, allant même jusqu’à les expliquer aux autres élèves. Et y trouvant une forme de légitimité qui lui donne un bel équilibre.
L’immensité de la mer comme équilibre, évasion, horizon.
L’immensité de la mer comme lien avec le monde, à travers ces bouteilles à la mer qu’il récolte, décrypte, et auxquelles il répond sans relâche.
L’immensité de la mer comme un pont avec ces autres, cet autre aussi fou que lui et qui devient son ami.
Et puis la vie, sans famille ou sans père, avec ou sans mère, avec des amis, un ami, plus personne. Mais toujours la mer, son immensité, son infini qui rassure, cette liberté qu’on éprouve à la regarder.
https://domiclire.wordpress.com/2023/11/24/lulu-lena-paul-le-garrec/
Ma mère, ma mer et mon père
Léna Paul-Le Garrec a réussi un premier roman très touchant. En nous racontant la passion, puis l'obsession, du petit Lucien pour les objets que la mer laisse sur la plage, elle livre un roman initiatique sensible et poétique.
Du plus loin qu'il s'en souvienne, Lucien a toujours chéri la mer. Il garde cette image de l'Atlantique balayée par les vents, du sable et des rochers, et de cette sensation forte de liberté. Lui qui vit seul avec sa mère trouve dans les embruns et dans les ciels changeants sa raison de vivre. Dès qu'il en a l'occasion, il parcourt la plage à la recherche des trésors livrés par les marées. Sa collection de coquillages va d'abord lui permettre de montrer à ses camarades de classe tout le savoir que sa passion lui permet d'accumuler.
Une passion qui va vite virer à l'obsession, passant ses journées à sonder la plage et à chercher dans les livres comment trier et classer ses trésors: «Je suis submergé d’informations: les coquillages, les plumes d’oiseaux, les bois flottés. Ma tête commence à être aussi envahie que ma chambre. À force de tout mémoriser, je me demande si mon cerveau n’est pas allé se réfugier dans mon cœur.»
Dans le petit carnet qui ne le quitte plus, il consigne la date, l’heure, le lieu et le contenu de toutes ses trouvailles. Et élargit son catalogue avec des pièces en métal qu'il découvre aux côtés d'une vieille dame un peu excentrique et sa drôle de machine jusqu'aux bouteilles.
Ces dernières, lorsqu'elles contiennent un message, vont former un espace à part dans son accumulation d'objets, car elles contiennent un puissant moteur, l'imaginaire. Qui a laissé ce message et dans quel but? Peut-on retrouver leur propriétaire? Et si oui, va-t-il répondre au courrier qu'il leur adresse? En se rendant compte tout à la fois du caractère très aléatoire de ce mode de communication, il va aussi se rendre compte qu'il existe une internationale des bouteilles à la mer et qu'il n'est pas le seul à être passionné. Avec l'hymne de Police dans la tête, il va lancer à son tour les message in a bottle.
Léna Paul-Le Garrec a construit son roman en deux parties que l'on pourrait résumer à une quête de la mer (la mère) à laquelle succéderait une quête du père. Chacune des parties étant accompagnée d'un style et d'une narration qui lui sont propres, marquant ainsi ce moment de bascule quand vient le temps pour Lucien de se demander qui il est. Quand il se rend compte qu'il s'est construit sur un vide: «mes fondations sont creuses, suspendues dans un néant. Nous ne sommes pas seulement notre mémoire, nous sommes aussi nos oublis, les trous de notre mémoire, nos absences, nos comblements, la fiction de ces comblements.»
Il part alors pour de nouvelles aventures. Mais ça, c'est une autre histoire, celle de l'âge d'homme, une fois que l'enfance s'est effacée sur le sable. Pour constater, au bout de ce chemin, qu'«on ne naît pas nu, on hérite d’une mémoire souterraine, on s’emmaillote d’une mythologie.»
https://urlz.fr/mF4l
Ce joli roman s'ouvre sur la présentation du Lulu du titre, un « érudit déjanté à la blouse jamais blanche », créateur du Piscis détritivore, poisson de la taille d'un dauphin à l'énorme système digestif, se nourrissant exclusivement de détritus pour nettoyer les mers de la pollution humaine.
« Je me hisserai sur la dune de mon existence et avec l'assurance d'un scaphandrier, j'exposerai à tous ma quête. Elle n'est pas la résultante d'une succession d'imprévus, elle prend ancrage dans les fatras de mon enfance, dans les tréfonds de ma consolation. »
C'est lui le narrateur adulte qui va nous conter son histoire d'enfant. J'ai apprécié ce pas de côté qui focalise le temps narratif sur l'enfance, sans jamais s'échapper vers l'âge adulte du prologue, excellente façon de montrer à quel point l'essentiel réside dans les premiers âges de la vie. On découvre ainsi la constellation des spécificités qui vont faire de Lulu un être à part, très spécial.
Enfant chétif, solitaire, introverti sans doute surdoué, surprotégé par une mère étouffante, tout le temps inquiète, à qui il se doit de lui « renvoyer les faiblesses qu'elle imagine », Lulu découvre la liberté au contact de la mer, avec une émotion que décrit magnifiquement la plume subtile et sensible de Léna Paul-Le Guarrec.
« Je me souviens de tout. Chaque recoin de sable, chaque bout de rocher, chaque aile d'oiseau. On ne se souvient pas toujours de ses premières fois, elles ne marquent pas toutes. Les premières fois ne pas toujours les meilleures, elles peuvent aussi être les pires, les plus fades, les plus médiocres. Ce dont on se souvient, c'est de la première intensité, de la première fois où submerge l'émoi. Nos sens envahissent notre mémoire, la travestissent. Cette première fois là n'est pas la meilleure. La place va me réserver bien d'autres moments de joie. Ce qui compte ce n'est pas la première fois. Ce sont les suivantes, bien plus tard, après, lorsque arrive l'habitude. C'est l'émotion qui surgit qui est la plus belle, la plus pure, la plus réelle. En dehors des artifices de la passion. Ça commence comme ça. L'hiver, sur la plage. Ça ne peut commencer autrement. »
La mer est quasiment un personnage à part entière, presque le principal d'ailleurs. C'est elle qui forme Lulu et le libère de l'emprise maladive de sa mère. C'est très touchant de voir naître ses passions, ses obsessions, ses collections. Chaque trouvaille ( coquillages, bois flottés, plumes, bouteilles à la mer ) lui donne envie de « sourire dans (son) cerveau ».
La première partie centrée sur l'enfance, la mer et la mère m'a totalement convaincue. Moins la deuxième, celle de l'adolescence, de la quête d'identité et du père, un peu plus explicative alors que la première était ( plus ) dans l'épure et le mystère, maitrisant les ellipses qui permettent de lire entre les lignes. Disons que dans la deuxième partie, j'ai moins lu entre les lignes. Malgré cette réserve, la tendresse, la poésie et la subtilité de ce roman initiatique m'ont touchée.
Lulu – Léna Paul Le Garrec
Un petit bijou…
« Je suis le créateur du Piscis Detritivore. Poisson d’un nouveau genre. A la constitution robuste, de la taille et de la forme d’un dauphin, pourvu d’une incommensurable système digestif, il se nourrit exclusivement de détritus. Il nettoie les mers de la pollution humaine, il rétablit l’équilibre salutaire. »
préambule p8
« Ce qui compte ce n’est pas la première fois. Ce sont les suivantes, bien plus tard, après, lorsque arrive l’habitude. C’est l’émotion qui surgit alors qui est la plus belle, la plus pure, la plus réelle. En dehors des artifices de la passion ».
p13
« (…) Je suis amoureux de la mer.
Je suis déconnecté des gens mais pas du vivant,
Déconnecté des êtres, connecté au monde. »
p139
Je serai tentée de l’appeler « Lulu le Grand », « Lulu le Magnifique » ou encore « Lulu le Bienheureux ».
Lulu est dans son monde, retiré parce que surprotégé par sa mère de tous les dangers extérieurs.
Mais elle lui accorde néanmoins de se rendre sur la plage quasi quotidiennement… où il va commencer une collection extraordinaire de coquillages, de plumes, de bois flotté et de choses de plus en plus abracadabrantes et de moins en moins vivantes. Tout ce que la mer rejette !
Lulu nous rappelle que nous sommes de passage et que nous devons revenir à plus d’humilité.
Lulu ne sait rien de ses origines, ne se connait pas de père.
Il aime l’école mais pas les écoliers qui le malmènent.
Son refuge c’est la nature. Grâce à elle, il apprend à se détacher et fait l’apprentissage de la liberté.
… très joli premier roman, écrit sous la forme d’un conte, empreint de poésie. C’est beau, cela se partage et se relit à l’envi !
Lu dans le cadre des @68 premières fois, merci, un coup de cœur dans cette sélection 2023 !
Lu dans le cadre de la sélection 68premièresfois 2023.
Un très beau texte sur ce Lulu : Il est créateur d'une nouvelle espèce animale : le Piscis détritivore - poisson d'un nouveau genre, pourvu d'un incommensurable système digestif et qui se nourrit exclusivement de détritus. Mais comment lui et venu une telle idée. Il va alors raconter son enfance, sa passion de récolter les déchets et en particulier, ce qu'il trouve sur la plage proche de sa maison.
Le narrateur va alors raconter son enfance, sa relation avec sa mère, mère qui l'élève seule et il ne connaît pas son père, sa solitude, ses relations difficiles avec ses copains de classe. Un enfant solitaire, qui va se créer son monde, son univers. Et son rapport à la nature et en particulier, sur la plage et ce qu'il collecte et collectionne. Il sera même en relation avec un homme qui a envoyé une bouteille à la mer !
Un texte très sensible, très poétique. Un conte qui nous entraîne avec ce jeune garçon, sur les plages, avec de belles rencontres (avec cette grand mère qui elle aussi récupère sur les plages ou son institutrice qui va lui permettre d'expliquer sa collection et cette belle sortie avec sa classe et la recherche de bouteilles à la mer). Quelques références à Gainsbourg : Il s'appelle Lulu, comme Lucien Ginsburg, dit Serge Gainsbourg. Car sa mère a une passion pour ce chanteur.
Un joli premier roman avec un personnage attachant.
Devenu grand, Lulu se penche sur l’enfant qu’il fut, qui contemplait le monde avec lucidité mais sans cynisme et se posait mille questions : qui était son père et pourquoi était-il parti ? Pourrait-il ouvrir son cabinet de curiosités ? Sa mère allait-elle enfin le laisser tranquillement accumuler coquillages et autres bois flottés tirés de l’océan ?..
L’écriture fine et sensible entre dans la tête de ce petit garçon attachant et solitaire, moqué par ses camarades mais plus fort qu’il n’y parait et que son imagination et ses collections aident à vivre au quotidien.
L’ombre de Gainsbourg flotte sur ce conte poétique très court et très vite lu (175 pages à peine), qui célèbre la nature, la soif de savoir et le pouvoir des sensations.
Livre lu dans le cadre des 68 premières fois, que je remercie pour cette belle aventure, avec ses premiers livres enthousiasmants (ou pas...) et ses toujours formidables lecteurs/lectrices.
Lulu
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Lulu, de son vrai prénom Lucien, est un enfant solitaire. Surprotégé par sa mère qui l’élève seule, il se sent différent de ses petits camarades. Il n’y a qu’à la plage qu’il a l’impression de revivre, au grand air, face à l’immensité de l’océan. Et la mer le lui rend bien, lui faisant des cadeaux à chacune de ses promenades : coquillages, plumes, ou simples morceaux de plastiques, autant de trésors qu’il amasse dans sa chambre, tenant un registre précis et détaillé de chacune de ses récoltes, au grand dam de se mère et en dépit des moqueries de ses camarades de classe. Une singularité qui guidera sa trajectoire de vie, et l’aidera à ouvrir ses horizons.
Lulu, c’est un livre tout doux, très délicat et enveloppant. Un roman aux allures de conte qui recèle plusieurs niveaux de lecture. Livre sur l’enfance, roman d’apprentissage, quête d’identité ou éveil écologique, il est un peu tout à la fois, mais c’est surtout son écriture qui m’a séduite. Pas facile d’écrire un livre à hauteur d’enfant, mais Léna Paul Le Garrec y réussit merveilleusement. Elle retranscrit avec autant de réussite la candeur de Lulu, que la bienveillance protectrice mais maladroite des adultes qui l’entourent, avec une poésie touchante, une tendresse bouleversante qui signe la marque d’une auteur à suivre. Une lecture apaisante en tout cas, dont la beauté des mots m’a bercée. Une jolie découverte grâce aux @68premieresfois avec qui je rempile cette année.
« Je récupère ce que la plage refoule, ce que la mer rejette. Qui est malade ? La mer ou moi ? »
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