Passionné(e) de lecture ? Inscrivez-vous gratuitement ou connectez-vous pour rejoindre la communauté et bénéficier de toutes les fonctionnalités du site !  

L'implacable brutalité du réveil

Couverture du livre « L'implacable brutalité du réveil » de Pascale Kramer aux éditions Mercure De France
Résumé:

"Una tétait en donnant des petits coups avec sa tête. Alissa la sentait à peine. Sur l'ordinateur resté allumé s'égrenait toujours ces mêmes images d'elle et lui, ce monde hypnotisant d'avant le réveil. Una la fixait de ses yeux bleus comme troublés de gelée. Une feuille morte prise dans le... Voir plus

"Una tétait en donnant des petits coups avec sa tête. Alissa la sentait à peine. Sur l'ordinateur resté allumé s'égrenait toujours ces mêmes images d'elle et lui, ce monde hypnotisant d'avant le réveil. Una la fixait de ses yeux bleus comme troublés de gelée. Une feuille morte prise dans le ventilateur de la climatisation grattait le silence. Il semblait que le temps pourrait ne plus bouger pendant des heures, et Alissa ne savait pas qui aller trouver." Una est un bébé de cinq semaines. Ses jeunes parents, Alissa et Richard, viennent d'emménager dans un nouvel appartement, dans un de ces immeubles californiens typiques avec piscine. C'est l'été : la chaleur est étouffante, les climatiseurs tournent à plein régime. Il faut nourrir le bébé, le changer, le coucher. Alissa, à peine remise de l'accouchement, ressent une immense lassitude : ce petit être complètement dépendant d'elle l'émeut, la trouble beaucoup et l'épuise en même temps. Elle a l'impression de se diluer dans l'espace. Peu à peu, elle perd pied inexorablement, malgré la bonne volonté de Richard. Et puis, c'est aussi le moment que choisissent ses parents pour divorcer : les derniers repères d'Alissa volent en éclats.
Pascale Kramer n'édulcore rien de la douleur de ses personnages. Au contraire, elle nous la fait partager au plus intime, avec un sentiment très fort de proximité et d'empathie. Plein de pudeur, son roman exhale une violence sourde d'une efficacité rare.

Donner votre avis

Avis (1)

  • Pascale Kramer nous entraîne dans un appartement dont le clair obscur permanent, et le bruit du ventilateur accentuent le malaise. Immédiatement on a envie d'en savoir davantage sur Alissa. On assiste à son évolution dans la douleur d'avoir perdu son insouciance, et de se retrouver face à des...
    Voir plus

    Pascale Kramer nous entraîne dans un appartement dont le clair obscur permanent, et le bruit du ventilateur accentuent le malaise. Immédiatement on a envie d'en savoir davantage sur Alissa. On assiste à son évolution dans la douleur d'avoir perdu son insouciance, et de se retrouver face à des responsabilités. Certains paragraphes sont sublimes de douceur . Ce n'est pas une ode à la maternité à l'inverse du roman de Marie Darrieuseq. On assiste à une prise de conscience. Le corps se transforme, et Alissa sait désormais qu'elle ne peut plus courir après une silhouette d'adolescente. Dur réveil, dans cet appartement rempli d'odeur de couches, de poubelle pas vidée de lait caillé, de transpiration dans une chaleur étouffante. Elle attend à longueur de journée son mari et se sent incapable de lui avouer son ressenti. Elle joue mal la comédie de la femme comblée par l'allaitement de son bébé.
    Au moment où elle s'enfonce dans la banalité qui berce sa vie désormais, sa mère surgit pour lui annoncer son divorce et son désir d'indépendance. Face à cette mère trop belle il y a la jeune femme engluée dans son quotidien dont les amies ne la dicernent plus en tant que telle, mais l'associe désormais à la mère alourdie par la maternité qui n'épouvre plus de désir. On extrapole sur la fin mais par un tour de magie, Pascale Kramer dévie la trajectoire sur laquelle la souffrance, l'insouciance l'immaturité avaient trouvé une place pépondérante. Ce livre est un bijou d'observation.

    thumb_up J'aime comment Réagir (0)

Donnez votre avis sur ce livre

Pour donner votre avis vous devez vous identifier, ou vous inscrire si vous n'avez pas encore de compte.