Une plume vive, des héros imparfaits et une jolie critique de notre société
La fragilité des souvenirs, «certains si usés que l'on est obligé de les manier avec grande précaution de peur qu'ils ne se déchirent», est le matériau premier de ce beau roman, dont le sujet principal est le temps. La vie de Georges Guillou n'a pas de ces reliefs notables qui font les destins. Traversée comme toute autre d'épreuves intimes, la mort de la mère, la perte du fils, un divorce, une séparation douloureuse, elle s'est pourtant poursuivie simplement jusqu'à la vieillesse qui maintenant le hante. Petits ou grands malheurs se trouvent ramenés à la même aune ; le temps a fui et M Georges, réfugié solitaire dans un village du Gard, s'interroge avec anxiété : était-ce vraiment une «vie» que ce parcours si prudent et déjà si proche de son terme ? «Quand tout le sable sera passé, je ne retournerai pas mon horloge de verre». De facture claire, dans une langue «faite de petits éclats et de longues tirades», qui semble procéder phrase après phrase au décompte des jours, sans égards particuliers pour la chronologie, ce récit touche par son évidence et sa discrétion : on propose, mais on n'impose rien. Sous ses dehors épurés et dépassionnés se cache une réflexion lucide sur ce qu'il y a d'insupportable dans le temps, sur l'impossibilité de le «retrouver» et sur l'espoir douteux que cette vie, si on était capable de la raconter, pourrait, au final, trouver un sens.
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