Une plume vive, des héros imparfaits et une jolie critique de notre société
Matthias Sindelar fut l'avant-centre génial de la Wunderteam, la grande équipe historique de l'Autriche. Il fut surnommé l'« homme de papier », pour son physique chétif et son art de franchir les murs de défenseurs, là où ne pouvait passer qu'un bout de papier.
La Vienne du début du XXe siècle est la métropole intellectuelle du monde. Sindelar côtoie les cercles ouvriers et les cafés peuplés d'intellectuels. Il joue au football dans un pays qu'écrase la montée des organisations fascistes, les grognements d'une guerre civile à venir et les tensions avec l'Allemagne.
Sa popularité a fait de lui le représentant adulé du football, cet art collectif qui se crée et s'abolit dans l'instant. Il personnifie le jeu et chacun comprend que dorénavant la beauté a une durée : une heure trente, le temps d'un match.
Après l'invasion allemande, pour un match de gala auquel assiste Hitler, Sindelar porte la Wunderteam qui domine la Mannschaft, l'équipe nationale allemande, 2-0. C'est une humiliation et un acte de résistance.
Le 23 janvier 1939, on retrouve son corps inanimé avec celui de sa compagne, juive, apparemment asphyxiés par une cheminée défectueuse.
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